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« Le Mali est notre patrimoine le plus cher, personne n’a intérêt à l’embraser » dixit le Général Salif Traoré à propos de la présidentielle du 29 Juillet
Publié le mardi 17 juillet 2018  |  Azalaï-Express
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© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mercredi 30 septembre 2015
Bamako, le 30 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a présidé le conseil des ministres du mercredi a Koulouba. Photo: Colonel Salif Traoré
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La carte sécuritaire du pays, l’amélioration des conditions de vie et de travail des forces de sécurité et le défi sécuritaire lié à la présidentielle du 29 juillet, tels sont les sujets abordés par le Général de division Salif Traoré, ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile dans une interview exclusive accordée à votre journal. Il a conscience des enjeux de ce rendez-vous démocratique très attendu qu’est la présidentielle du 29 juillet et affirme avoir pris des dispositions sécuritaires en conséquence. In rappelle par ailleurs que le Mali est un patrimoine commun que personne n’a intérêt à embraser. Lisez plutôt !

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dresser la carte sécuritaire du Mali ?

Général Salif Traoré : Je voudrais d’abord vous remercier pour votre intérêt pour ce sujet capital pour notre pays et vous dire que la situation sécuritaire de notre pays, à l’image de celle de la bande sahélo-saharienne, est plutôt instable, plus instable dans le centre (une partie de la région de Ségou et la région de Mopti) où nous avons beaucoup de phénomènes d’insécurité que nous combattons tous les jours. Dans le grand nord, c’est plutôt le calme avec la mise en œuvre de l’accord. Même si les FAMa ne sont pas redéployées dans tous les coins et recoins, nous constatons quand même que le grand nord est plus ou moins calme. En ce qui concerne la partie ouest, sud et est du pays, le phénomène existe.

Notre pays traverse actuellement une crise sécuritaire sans précédant et votre département est naturellement le plus sollicité en la matière. Qu’avez-vous fait concrètement pour endiguer le fléau depuis votre arrivée à la tête du département de la Sécurité ?

Vous savez, à notre arrivée, nous avons demandé et obtenu pour qu’on puisse voter une loi de programmation pour la sécurité. C’était pour la première fois que ce département bénéficie d’un tel dispositif. Cette loi de programmation va de 2017 à 2021, donc nous avons une première année de mise en œuvre qui continue et concerne essentiellement la police nationale, la protection civile, les services centraux rattachés au ministère de la Sécurité comme l’Office central des Stupéfiants, l’inspection, la DRH, la DFM, mais aussi la Gendarmerie et la Garde Nationale. Il s’agissait, sur cinq ans, de prévoir les besoins prioritaires et en terme d’effectifs de ressources humaines, donc de recrutement-formation. En termes d’infrastructures, réaliser des infrastructures de base et des infrastructures collectives à travers le pays. Ce qui traduit aussi le maillage territorial, la présence des unités et également en terme d’équipements, parce qu’une fois qu’on a des hommes en nombre et en qualité, qu’on a les infrastructures, il faut les moyens de locomotion mais en terme également d’armement et de munitions. La loi prévoit cela en mettant les priorités et en mettant le budget afférant. Ce qui fait que le ministère de l’Economie et des Finances, dans la loi des finances, inscrit un budget évolutif chaque année. Ce qui nous permet, lors des arbitrages budgétaires, de ne pas nous en faire parce qu’on sait à l’avance que cette loi a été votée ainsi.

Je pense que dès la première année, vous avez pu voir que nous avons fait face au problème d’habillement et de moyens de locomotion. Il y a encore beaucoup de défis surtout à l’intérieur du pays, mais c’est ça l’essence même de la loi. Après Bamako, on a pris les capitales régionales et maintenant on va à l’intérieur, continuer à équiper progressivement, à réhabiliter, à recruter et à former. Vous avez vu que c’est dans ce cadre que nous avons recruté l’année dernière 2200 hommes. Nous sommes en train de multiplier les effectifs des forces de sécurité intérieure. Ce qui va nous permettre de faire un meilleur maillage du territoire et avoir plus de présence auprès de la population.

Peut-on en savoir sur les acquis de votre département en faveur des forces de sécurité en termes d’amélioration des conditions de vie et de travail ?

Je pense que quand on est arrivé également, il y avait des dossiers qui étaient bloqués en terme de primes, en terme de salaire au niveau de la police et au niveau de la protection civile que le gouvernement a réglé rapidement ; ce qui fait qu’aujourd’hui les policiers et les sapeurs-pompiers de façon générale ont un traitement assez acceptable, comparé à ce qu’ils percevaient dans le temps. Nous avons également institué des primes d’indemnité au niveau de l’Office central des stupéfiants. Il fallait les mettre à l’abri de certaines tentations dans le cadre de leurs missions. Vous avez constaté également que les conditions de travail ont été améliorées par-ci par-là avec l’acquisition des moyens, avec la réhabilitation des bureaux et des logements. Donc tout cela est fait pour que nos forces soient dans les meilleures conditions, et que les tentations puissent être réduites. Mais cela ne pourra jamais se faire sans la participation active de la police et surtout de vous les médias parce qu’on a tout de suite tendance à dénoncer la corruption d’un agent en oubliant le corrupteur alors que la loi punit les deux. Donc quand on veut conscientiser, sensibiliser, éduquer, nous devons interpeller des deux côtés. Nous cherchons d’abord à améliorer les conditions pour éviter toute tentation et nous veillons aussi à sanctionner une fois que quelqu’un est pris en flagrant délit.

Nous nous acheminons vers le premier tour de l’élection présidentielle, prévu le 29 de ce mois ; alors, à quelques jours de ce scrutin, tous les regards sont tournés vers vous et vos hommes. Quels sont les assurances que vous pouvez nous donner pour un scrutin présidentiel bien sécurisé, bien apaisé ?

Les assurances c’est que nous avons pris toutes les dispositions à notre niveau pour que ça se passe bien. Il y a plusieurs mois déjà nous avons mis en œuvre au niveau des gouverneurs des régions, les comités de sécurité qui sont là-bas pour que chaque gouverneur nous envoie les besoins dans le cadre de la sécurisation de l’élection présidentielle. Nous avons mis en place une commission nationale pour la sécurisation de l’élection présidentielle qui est présidée par moi-même qui comprend tous les autres départements ministériels impliqués dans le processus électoral, plus les partenaires.

Quelle est votre plus grande satisfaction depuis que vous êtes à la tête de ce département ?

La plus grande satisfaction, c’est quand vous journalistes, vous discutez avec les porteurs d’uniformes, mais qu’eux reconnaissent qu’il y a des efforts, ils ne vous diront pas que tout est bien mais ils vous diront qu’ils voient que leurs autorités politiques font des efforts pour améliorer leurs conditions. Je pense que quand on a des collaborateurs qui disent ça, c’est assez satisfaisant. Aujourd’hui, dans cette situation, nous faisons notre devoir mais nous faisons ce que nous pouvons. Ma satisfaction aurait été totale si on pouvait, dans la semaine, dans le mois et dans le trimestre, compter sur les bouts des doigts les incidents qui ont eu lieu à travers tout le territoire. Nous sommes obligés aujourd’hui de gérer des incidents qui arrivent par-ci par-là et certains qui peuvent être évités uniquement avec la collaboration de la population. Si on comprend que l’insécurité n’arrange personne. Il y a des motifs de satisfaction parce que moi en tant que ministre, ce que nous avons demandé et qui était dans l’ordre du possible, qui était soutenable par le budget nous l’avons obtenu pour les forces. C’est pourquoi des milliers de véhicules ont été achetés, des véhicules blindés, moyens lourds, des véhicules anti-émeute sont achetés et vont être livrés dans les prochains jours. Donc beaucoup a été fait. La plupart des agents aujourd’hui ont des armes individuelles ou collectives, tout ça c’est autant d’efforts que les forces de sécurité intérieure n’avaient pas à leurs profits et ça c’est un motif de satisfaction. Je ne suis pas du tout un ministre frustré au sein du gouvernement qui demande les moyens qui n’en a pas mais encore une fois c’est aussi en fonction de la disponibilité au niveau du budget d’Etat puisque tout ce que nous avons fait l’a été sur budget d’Etat.

Un dernier appel ?

Je lance un appel à tous, pour dire que ce Mali nous appartient à tous. Ce n’est pas pour quelqu’un en particulier, ce n’est pas parce que quelqu’un cherche à être numéro un que le Mali lui appartient plus qu’un autre. Donc il faut vraiment que nous fassions attention surtout ceux-là qui, dès maintenant, s’amusent à faire peur aux autres et à dire sur les réseaux sociaux que tel ne peut pas gagner si ce n’est pas la fraude ou que si tel gagne on va casser le pays, nous sommes prêts à mourir. Je pense que ce n’est vraiment pas le type de discours qu’il faut en ce moment. Si les Maliens disaient : « nous sommes prêts à mourir pour combattre le terrorisme », je peux comprendre, ça on peut comprendre cela, mais au moment où notre pays est victime d’attaques terroristes récurrentes que des Maliens soient là à dire qu’ils sont prêts à mourir si leur candidat ne passe pas, ce n’est pas du tout le type de langage qui convient à notre pays en ce moment, on ne fera que le jeu des terroristes. Donc j’en appelle à tout le monde, non seulement ça fait plaisir aux terroristes d’entendre ce genre de discours ; au centre vous avez tous vu, ils s’amusent vraiment à mettre les communautés dos à dos. Si à Bamako, au lieu de fêter la démocratie nous donnons encore une occasion à ces terroristes de venir nous diviser plus pour nous causer du tort, ce sera vraiment dommage.

Propos recueillis par Harber MAIGA et transcrits par Bréhima TRAORE
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