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Multipartisme au Mali : Quelle leçon après le 22 mars 2012 ?
Publié le mardi 11 juin 2013  |  Le Prétoire




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La course effrénée aux partis politiques, ces dernières semaines, amène plus d’un observateur de la scène politique nationale à s’interroger si nous avons tiré toutes les leçons de la crise politique et institutionnelle à laquelle nous faisons face. Donc, gare à nous si nous retombons dans les mêmes erreurs que nous avons commises par le passé.

Il n’y a pas de doute, si le nombre des partis politiques, à lui seul, servait de baromètre à l’ancrage démocratique d’un pays, le Mali serait passé champion dans ce domaine, loin devant la France et même des Etats-Unis. En tout cas, les Maliens sont nombreux à avoir ce sentiment, tant les partis politiques pullulent sous nos cieux. A se demander souvent s’il n’y a pas un minimum de règles à respecter en la matière. Pour sûr, le peuple souverain du Mali, fatigué de la pensée du général Moussa Traoré, a versé son sang pour une ouverture politique au début des années 1990. Ainsi, les acteurs de la Conférence nationale de 1992 avaient opté pour le multipartisme et en avaient d’ailleurs fait, au même titre que la forme républicaine et le caractère laïc de l’Etat, l’une des limitations matérielles à la révision de la Constitution du 25 février 1992 (art. 118 al. 4). Si le souci des parties prenantes à cette rencontre hautement historique était de permettre l’expression plurielle des opinions politiques au Mali, il faut convenir que cette volonté à de nos jours été abusée au point que le multipartisme pour lequel des milliers de Maliens ont pourtant laissé la vie dessert plutôt notre démocratie. Certes, nul ne doit et ne peut remettre en cause le rôle catalyseur que les partis politiques jouent dans une démocratie digne de ce nom car ils en sont les principaux animateurs. Mais de là à en créer comme par effet de mode, comme c’est désormais le cas dans notre pays, cela, de notre avis, relève d’une manœuvre politicienne.

Il est difficilement concevable que pour une démocratie de quelques 14 millions d’habitants comme la nôtre, on dénombre plus de cent quarante partis politiques. Le développement de notre pays requiert-il autant de projets de société ? Assurément pas. Si cette pléthore de partis, de l’avis de certains observateurs, témoigne de la vitalité de la démocratie malienne, il n’en demeure pas moins vrai pour beaucoup d’autres qu’elle est tout aussi la preuve du manque de conviction chez nos hommes politiques qui créent les partis pour en faire des fonds de commerce. Pire, l’anarchie à laquelle nous assistons dans la création des partis politiques au Mali contribue à l’émiettement de la scène politique nationale et, de ce fait, la rend difficilement lisible. Mais il y avait à espérer que cette anarchie allait fléchir après les évènements du 22 mars 2012 si nous avions tiré toutes les leçons de la présente crise politique et institutionnelle. Car beaucoup voyaient en ces évènements l’occasion ou jamais d’aller vers des grands rassemblements politiques. Et les regroupements sociopolitiques qui se sont formés après le coup d’Etat, de leur avis, auguraient de cette démarche. Cet espoir que nous étions beaucoup à nourrir s’est malheureusement vite fondu comme du beurre au soleil car, pour rien au monde, nos hommes politiques ne semblent prêts à se défaire de leurs intérêts égoïstes. En tout cas, plus un jour ne se passe désormais sous nos cieux sans qu’on ne nous parle de la création de tel ou tel autre parti politique. A preuve, du 18 au 24 mai dernier (soit en l’espace d’une semaine), nous aurons assisté à la création ou au lancement de cinq nouvelles formations politiques. Il s’agit de l’Asma de Soumeylou B. Maïga, de l’APR d’Oumar I. Touré, du Parti socialiste d’Amadou Goïta, du Prvm/Faso-Ko de Mamadou O. Sidibé, du parti Synouma (Synergie pour un nouveau Mali) de l’honorable Safiatou Taoré. Avant eux, beaucoup d’autres étaient passés par là, à l’instar de l’honorable Konimba Sidibé (Modec), des Amis de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé ( Fare), du Col. Cheick Keita (UDA), entre autres. Et toujours, ils tiennent le même discours : « Réinventer le Mali ».

C’est pourquoi, en attendant que les grandes réformes s’opèrent opérées avec les élections générales, plusieurs observateurs de la scène politique nationale ont le sentiment que nous sommes en train de manquer le rendez-vous avec l’histoire, pour n’avoir pas tiré le maximum de leçons de la crise politique et institutionnelle en cours. Surtout quand on sait qu’il appartiendra à ces mêmes hommes politiques d’initier lesdites réformes.

Si l’édification d’un autre Mali commande que chacun de nous se remette en cause et que nous revoyions notre pratique démocratique, il faut dire que le changement tant prôné n’est pas pour demain. En tout cas, la démocratie, telle que nous la pratiquons en ce moment n’a rien de meilleur à celle qui nous a conduits dans le gouffre, il y a un peu plus d’un an. Or, il importe que nous évitions les erreurs que nous avons commises par le passé car les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les autorités qui seront mises en place à la suite des élections générales à venir aient le courage nécessaire d’opérer des réformes en profondeur afin de faire bannir ces pratiques qui affaiblissent notre système démocratique. Ceci devrait se faire sous notre vigilance et notre contrôle en tant que peuple.

Bakary SOGODOGO

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