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Crise postélectorale: IBK pourra-t-il rassembler les Maliens ?
Publié le jeudi 6 septembre 2018  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie d`Investiture du président de la république
Bamako, le 4 septembre 2018 Le président réélu du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été investi à Bamako pour un second mandat au palais de la culture
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S’il est impossible d’imaginer l’avenir immédiat du pays sans le président Keïta, il est évident que les milliers de Maliens qui mettent en cause sa légitimité doivent être autant prioritaires que les groupes armés signataires pour la stabilité du pays. Le contentieux électoral en cours et l’absence du contrôle de l’Etat sur une large partie du territoire national soulignent l’urgence d’un sursaut national dont le ton doit être donné par IBK.

La violence qui met aujourd’hui le Pays Dogon sens dessous-dessus était inimaginable en 2016. Pourtant, les prémisses de cette descente aux enfers étaient là avant cette date, mais bien trop lointaines pour inquiéter les observateurs. Les conflits intercommunautaires à Dioura et dans de nombreuses localités du Macina entre éleveurs Bambara et pasteurs Peulh avaient déjà pourri l’atmosphère locale.
Le chef terroriste Amadou Koufa signait ainsi son retour «militaire» qui était d’ailleurs effectif dans la région de Mopti depuis plus de deux ans. Les tueurs froids qui ne revendiquaient pas leurs forfaits ont d’abord terrorisé les civils dont des jeunes et des leaders communautaires et religieux ainsi que les représentants de l’administration.
La réponse des forces de défense et de sécurité fait des frustrés parmi la population locale. Et la confusion avait atteint le Pays Dogon. En octobre 2016, l’assassinat du chasseur Théodor Somboro entre Djinadjo et Ségué, dans le cercle de Bankass, révèle la profondeur du mal qui n’allait pas tarder à déclencher l’horreur. Pour la première fois, un conflit intercommunautaire aura fait des dizaines de villages brûlés et un nombre inconnu de victimes en vies humaines.
IBK et son camp semblent dépassés par cette guerre civile à laquelle s’ajoute un processus électoral contesté. Le pays est en pleine crise postélectorale, un problème que le pouvoir tente de minimiser. Comme les conflits intercommunautaires, la frustration électorale pourrait être mise à profit par les djihadistes qui sautent sur les moindres failles de gouvernance.
Il appartient à IBK de reprendre la main en recadrant les auteurs des excès qui ont caractérisé l’après second tour de la présidentielle. Les enlèvements et autres violences supposées être commises par ses proches ne font que renforcer les opposants. Pire, ils sont sur le point d’attiser la haine ethnique et religieuse en provoquant par le caractère arbitraire des arrestations.
Reprendre la main, c’est aussi se résoudre à faire un virage dans la gouvernance. Parce qu’il est le détenteur du pouvoir aux yeux des partenaires du Mali, IBK doit avoir le courage de partager le pouvoir. Comment pourra-t-il gouverner le pays en ayant sur le dos les syndicats, les partis politiques, les groupes armés et même les religieux ?
Pour juguler la crise multiforme du Mali et relever le pays, le président Keïta doit céder une partie de son pouvoir à toutes ces forces vives de la nation. Le Mali n’est plus un Etat normal, avec le basculement du pays dans l’arbitraire qui s’est repandu du nord au sud en passant par le centre.
Soumaila T. Diarra



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