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Célébration de la fête de l’indépendance: Qu’aurait pensé le président Modibo Keita du Mali d’aujourd’hui ?
Publié le mercredi 19 septembre 2018  |  Infosept
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© AFP par Byline
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Qu’aurait pensé le premier président de la République du Mali, s’il revenait à la vie et qu’il constatait de visu ce que le pays est devenu 58 ans après son indépendance ? Une question qui, bien qu’elle puisse paraître bête, mérite bien d’être posée. Car le pays peine à assurer ce qu’il y a de plus basique pour un pays souverain, son intégrité territoriale. Le président Modibo Keita mais aussi tous ses camarades de lutte, auraient bien honte de ce qu’est devenu leur pays, qu’ils voulaient grand et surtout « indépendant ». Les célébrations du 22 septembre se succède, sans même que l’on ne fasse le bilan.

Le Mali des premières heures de l’indépendance était jalouse de sa souveraineté. Si bien que le président Modibo Keita coupa tout lien avec la France, entité colonisatrice. Après la proclamation de l’indépendance, le 20 juin 1960, dès le 10 octobre de la même année, l’armée malienne fut créée. Preuve, s’il en est, que le président Keita attachait une importance toute particulière à l’intégralité territoriale du Mali.

L’armée du pays devint très vite une puissance sous-régionale, et sera, pour de longues années, la fierté de tout Malien. Les valeurs de l’époque étaient patriotisme, sacrifice, honneur et dignité. Le jeune pays était bien pauvre mais ne manquait pas de cran politique en tournant le dos à la France et au bloc de l’ouest pour faire le choix du communisme, en plein guerre froide. Un choix qui peut se justifier par la volonté de Modibo Keita de s’affranchir de la mainmise française sur l’Afrique de l’ouest qui, malgré l’indépendance de ses anciennes colonies, était toujours présente dans la zone.

Mais 58 ans après l’indépendance de la République du Mali, que restent-t-ils de ces valeurs qui fit du Mali, avec la Guinée et le Ghana, le leader d’une Afrique unie, solidaire qui se voulait par-dessus tout indépendante ? « Gone with the wind » comme le dirait le titre d’un film célébrissime.
Aujourd’hui, le Malien est méconnaissable. Il se tape la poitrine, à tout va, d’un passé glorieux, en récitant aveuglement le nom d’héros qui ont fait la notoriété du Mali impérial, sans jamais s’en inspirer. Une attitude qui s’apparente à un sacrilège.

Il ne condamne le vol et autres pratiques frauduleuse que s’il n’a pas sa part du butin. Il préfère être plein aux as dans un Mali qui tangue plutôt que de sacrifier un peu de sa personne pour le bien de la Nation. Excusez ce portrait très peu flatteur du Malien contemporain. Mais, doit-on, dans un pays qui peine à exister, citer le nom de tous ces héros qui ont préférer la mort à la honte ?

Il est évident que le président Modibo Keita aurait eu honte de ce qu’est devenu le Mali. La célébration de l’accession du pays à la souveraineté ne devrait pas se borner un simple défilé militaire. Cela devrait être surtout un moment de mémoire pour les Maliens. Raviver en chacun l’esprit de patriotisme et du don de soi qui était le point commun de nos compatriotes en 1960. Et surtout, se remettre en question, faire son propre autocritique.

Ahmed M. Thiam
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