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Les caisses de l’Etat sont vides et alors !
Publié le mercredi 24 octobre 2018  |  Le Reporter
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© aBamako.com par A S
Signature de convention entre le Mali et la Banque Mondiale
Bamako, le 04 octobre 2018, La signature de l’Accord de financement partiel du Projet d’Interconnexion des Réseaux électriques Guinée-Mali avec le Groupe de la Banque Mondiale a eu lieu dans la salle de conférence du ministère de l’Économie et des finances. Photo: Boubou Cissé
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Depuis l’apparition sur les réseaux sociaux de la note d’information attribuée à la présidence, et faisant cas de l’interruption de la dotation hebdomadaire en carburant, c’est la panique générale. Ça tombe mal à un moment où chacun demande de meilleures conditions de travail ; ça tombe d’autant plus mal à un moment où le peuple décrie le train de vie de l’Etat.

Nous avons aussi remarqué qu’un décret a été pris, récemment, concernant l’application des infractions du code de la route allant des irrégularités techniques du véhicule, des défauts de documents ou d’immatriculation, de port du casque. Est-ce à dire que le gouvernement a décidé de mettre les agents de la circulation à contribution pour renflouer ses caisses ?

Ce ne sont certainement pas les recettes issues de ces contraventions qui vont renflouer les caisses car leur gestion est plus opaque que l’Etat lui- même. Mais par contre, c’est toutes les recettes fiscales et parafiscales issues des désagréments dus au contrôle intempestifs que les usagers voudront éviter. Chacun va courir pour prendre sa vignette, passer sa visite technique, commander une plaque pour sa moto… et bientôt, on leur exigera le permis. Même la douane aura pour son compte car les commerçants vont bien devoir importer des casques pour approvisionner les centaines de milliers de motards. Ce n’est pas si mal trouvé, mais encore une fois c’est le contribuable qui va casquer.

Aussi, nous sommes tous conscients que ces dernières élections, aussi décriées fussent-elles, ont affaissé l’Etat, l’organisation ayant été prise entièrement en charge sur l’argent du contribuable malien. Ça fait cinq ans que ça dure, mais on tient le coup, dans l’honneur et la dignité, pour que la République résiste. Mais je pense qu’il est temps que l’Etat revoie sérieusement son train de vie avec des mesures d’austérité budgétaires courageuses. D’abord, pour arrêter l’hémorragie et ensuite pour rétablir la confiance avec le peuple et tous ceux qui demandent aujourd’hui à avoir leurs augmentations.

Dans l’immédiat, il faut revoir la feuille de route des missions officielles en République du Mali (le nombre, le profil des missionnaires, les niveaux de prise en charge…). Pourquoi un ministre de la République perdrait-il en image en voyageant en classe économique dans un pays pauvre où le contribuable n’en a pas les moyens ? Bien au contraire ! Nous devons consentir à suspendre toutes les dotations de carburant aux cadres des cabinets et de l’administration. Par exemple, un chargé de mission gagne entre 150 000 à 200 000 francs CFA de dotation de carburant par mois. Il faudrait supprimer ces carnets de bons d’essence qui ne font qu’augmenter la dette intérieure. Par contre, la moitié de la contrevaleur pourra être ajoutée comme prime de transport sur le salaire du fonctionnaire.

Eu égard à tous les avantages, le niveau de salaire, les prises en charge (à vie) accordées aux plus hautes institutions de la République (président, président de l’Assemblée nationale, Premier ministre), quelle utilité d’avoir ce qu’on appelle «une caisse noire» ou encore «budget de souveraineté» ? Je n’en vois aucune. Il faut les supprimer et réorienter l’argent du contribuable à bon escient.

À court terme, il faut supprimer le financement des partis politiques qui s’élève à plus de 7 milliards par an. Ces ressources peuvent être réorientées vers l’éducation, à soutenir les écoles communautaires, vers l’accès à l’eau ou à la santé. Un parti responsable avec de vrais militants se prend en charge. À ce que je sache, l’Etat dispose de deux aéronefs dont l’un est d’ailleurs stationné depuis le départ d’ATT en 2012. Il faut le mettre en vente ou sous exploitation commerciale pour dégager des ressources pour renflouer les caisses.

Dans la même lancée, il faut dégraisser le parc automobile de l’Etat qui nous coûte si cher en acquisition, exploitation et en entretien. Commencer par vendre tous les véhicules de l’Etat dont l’amortissement est échu à plus de 80% en permettant aux fonctionnaires de l’Etat d’en être acquéreur. Limiter les véhicules mis à la disposition de cabinets ministériels et autres services rattachés.

À moyen terme, il faut créer un garage du gouvernement (ou garage administratif) qui aura la charge de gérer tous les véhicules de l’Etat. Tous les véhicules de terrain y seront gérés. Par exemple, pour une mission d’un département, le service enverra une demande à la primature pour réquisition véhicule et chauffeur sur la base de l’ordre de mission. À la fin de la mission, le véhicule est mis à la disposition du garage. Cela évite également que les véhicules de l’Etat, en surnombre, ne passent leur temps à des tâches domestiques ou privées aux frais du contribuable.

Voici le genre de proposition que j’entends tous les jours lors de mes échanges avec les Maliens concernant le train de vie de l’Etat tel que perçu par les Maliens sans voix. Dieu bénisse le Mali.

Boubou DOUCOURE

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