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Célébration de la fête du Maouloud : L’exploitation de la pauvreté, de l’ignorance et de la naïveté des fidèles ?
Publié le mercredi 21 novembre 2018  |  Le Démocrate
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« Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? » La mort de Dieu, martelée par Nietzsche, ce n’est pas tant un poing levé contre Dieu qu’un constat considéré comme évident : « Dieu est mort !». Sous la plume défiante de Nietzsche, cette phrase est donc plus un constat désespéré qu’une négation de Dieu. Si Nietzsche parle de la « mort de Dieu » c’est parce qu’elle dévoile les vraies forces qui soutiennent le monde. Chaque année le Maouloud (Naissance du Prophète Mouhamad, PSL) est célébré dans notre pays avec faste. Mais à quelles fins ?

Pour la circonstance, les stades ou autres espaces publics dans les quartiers sont remplis de fidèles venant de toutes les couches socioprofessionnelles du pays. Chaque année, les organisateurs de l’événement (Guide spirituels, imams…) reçoivent des mains des pilleurs des deniers publics (leaders politiques, opérateurs économiques, agents de l’administration publique) des « cadeaux » somptueux, en nature comme en espèces. Chaque année des bénédictions sont faites pour le progrès du Mali et pour le bonheur des Maliens. Chaque année, des fidèles parcourent des milliers de kilomètres pour aller échanger des pagnes et parfois même des sommes d’argent contre de l’eau « bénite ». Pour quel effet sur la vie du fidèle ? Chaque année l’État malien perd le contrôle sur une partie des 1 241 238 km2 du territoire national.

Chaque année la population malienne s’appauvrit et au même moment les entrepreneurs chinois, français, canadiens, turcs, sud-africains, marocains… s’enrichissent en exploitant les richesses dont regorge le pays. Chaque année les terres des pauvres paysans sont confisquées par les spéculateurs fonciers en complicité avec les juges et les opérateurs économiques, sans que les Guides spirituels ne réagissent. Chaque année des Maliens meurent dans nos structures de santé par manque de plateaux techniques appropriés et au même moment les Guides spirituels, les politiciens et les opérateurs économiques se font évacuer à coût de millions dans les hôpitaux marocains, tunisiens, français…

Chaque année, les élèves et étudiants maliens n’ont parfois que trois mois de cours dans l’année sur neuf et au même moment les enfants des décideurs retournent au pays avec leurs diplômes obtenus dans des prestigieuses universités de l’Hexagone. Est-ce à dire que le bonheur auquel le fidèle a droit n’existe que dans le paradis céleste ?

« En vérité, Allâh ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les gens le composant ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes » (Sourate Ar Ra’d verset 11). La pauvreté n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un comportement accepté et/ou imposé.

En tout cas, il est temps pour le fidèle malien de comprendre que la célébration du Maouloud ne fera pas de lui un saint, encore moins un homme heureux. Le prophète Mahomet (PSL) n’avait-il pas été lui-même berger et caravanier avant l’apparition de l’Ange Gabriel ?

Sambou Sissoko

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