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Boua Ni Sogoma
Publié le samedi 15 decembre 2018  |  Aujourd`hui
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Bonjour, Koro Président et que la paix de Dieu Miséricordieux couvre l’entièreté de notre pays et de tous nos voisins qui peinent, hélas, comme nous à assurer à leurs populations cette quiétude dont elles ont besoin pour reprendre le chemin des champs, des ateliers, des écoles, etc. !

La nouvelle de la mort d’Hamadou Koufa a été annoncée par la Force Barkhane et les FAMa sur RFI et les réseaux sociaux.

L’on y croit ou l’on n’y croit pas. C’est comme la mort du président Ahmed Sékou Touré pour les Guinéens.



L’homme Koufa est mort certainement et sans trop de doute. Il est mort pour ses convictions et il a tué et fait tuer de nombreux innocents. Il a fait de nombreuses victimes collatérales à cause de cette même conviction. Qu’Allah SWT les accueille tous dans son Infinie Miséricorde. Cette mort qui reste une victoire non pas seulement pour vous Kôrô Président, mais pour toutes ces populations dogon, bamanan, bozo, somono, mossi et même peul qui ont souffert, il faut le dire, le martyre, la peur, l’angoisse, la désolation du fait d’un seul “homme de Dieu” et qui, au nom de l’islam a tué beaucoup d’autres hommes comme lui, souvent musulmans comme lui, souvent Peuls comme lui, pour la seule raison qu’ils n’ont pas la même perception de la foi, l’islam du même et unique Dieu.

Le centre de notre pays qui couvre ce vaste espace géographique qui va au-delà de Mopti jusqu’à Markala n’a point connu de répit. Les champs ont été abandonnés par leurs exploitants de peur de se faire tuer par les jihadistes, les écoles d’obédience française ont été fermées. Il était interdit de rouler à moto surtout en “Sanili” et les femmes se voilent la tête de peur des châtiments que la charia pourrait leur infliger en cas de non-port du voile.

Il était interdit de faire et d’écouter de la musique autre que celle qui exalte les louanges de Dieu et du Prophète Mohamed (PSL).

Notre pays était en train

de s’islamiser décidément

Toutes nos femmes du Centre du pays portant le “tchador”, ce couvre-chef qui s’est installé dans les habitudes vestimentaires de nos femmes et de nos filles et la tendance se démocratise de plus en plus.

Si “feu” Hamadou Koufa a eu ce courage de combattre son propre pays à visage découvert même au nom de l’islam, de nombreux Koufa restent encore tapis dans l’ombre parmi les intellectuels et cadres du pays, parmi ceux-là qui ont occupé de très hautes fonctions dans les instances politiques et administratives du Mali. Ils sont connus de tous et se pavanent parmi nous l’air innocent alors qu’ils restent les cerveaux, les commanditaires et les bailleurs de fonds de la branche du jihadiste Koufa.



Le serpent est décapité donc, mais il reste tous ceux qui l’ont nourri, qui l’ont protégé, qui l’ont formé et qui ont cultivé son venin en dehors même de Iyad, son mentor, son maître spirituel.

Souhaitons donc que l’élimination d’Hamadou Koufa soit le début du retour de la paix non pas seulement au centre de notre pays mais au Mali tout entier. Car ce qui se passe au nord est au-dessus de vous-mêmes. De conflits intergroupes armés, à la position exacte de Kidal dans le giron national, au protectionnisme français sur cette région de notre pays sous le prétexte fallacieux de la volonté de l’armée malienne à éliminer les minorités blanches du Nord-Mali, aux trafics de tous genres et de toutes choses, il faut encore que les 2/3 de notre territoire resteront encore longtemps sous le contrôle “d’autres” nations réunies en consortium au sein d’une Organisation dite des Nations unies.

Il y a eu depuis 1963, la première rébellion touarègue au Mali

Et de façon cyclique, les Touaregs se sont rebellés contre le pouvoir central de Bamako : 1963, 1990, 2012. Mais le Mali ne s’est jamais arrêté d’exister.

Et depuis 2012, l’Etat malien est absent de cette région et ces “nouveaux rebelles” ont embrasé le Niger, le Mali, le Burkina et par extrapolation le Nigeria, le Cameroun et au-delà le Soudan.

Ils ont réussi à créer l’amalgame entre les revendications séparatistes d’un côté et les guerres de religion de l’autre. L’effet reste après tout le même : déstabiliser les zones où ils veulent imposer leur pouvoir : le pouvoir de la force ou celui de la religion.

Il n’y a plus de répit pour les populations des zones d’implantation des “rebelles” de ces pays. Tous les jours des attentats, contre les militaires, les civils, des véhicules qui sautent sur des mines artisanales ou autres avec le lot de morts et de blessés, des enlèvements de filles, et de personnalités, des incendies sur les bâtiments publics ou les symboles de l’Etat, etc.

Et malgré la présence des forces onusiennes dans certains de nos pays, la spirale de violence continue tous les jours et n’est pas prête de s’arrêter. Que faire donc pour sortir de cette situation d’instabilité quotidienne ? L’accord de paix pour le Mali ne peut en être la solution miracle, car il contient lui-même les germes d’un séparatisme qui ne dit pas son nom.

Le peuple touareg, qui fait moins du 1/5 de la population de notre pays, ne peut occuper à lui seul et pour lui seul, toute cette partie de notre territoire national.

Et si l’accord est appliqué en l’état, ce sont toutes les régions du Nord qui, par le jeu du fédéralisme que le texte leur octroie, peuvent se mettre ensemble dans un grand ensemble politico-administratif pour former un Etat, un autre Etat dans la République et cela en toute légalité, en toute légitimité et de façon irréversible. Le Mali sera alors amputé des 2/3 de son territoire national.

Kôrô Président sur tout un autre plan, on vous accuse d’avoir violé la Constitution par la prolongation du mandat des députés.

Les pourfendeurs de cette décision avec y compris l’opposition, même si dans le fond ils ont raison, tout le monde s’accorde tout au moins à reconnaître que les élections législatives ne pouvaient se tenir à date à cause notamment des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de certaines dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger et aussi et surtout des problèmes liés au nouveau découpage administratif.

Vous ou du moins vos services de communication à mon avis ont manqué de pédagogie. Comme le Premier ministre l’a fait pour le découpage administratif, l’on aurait dû convier tout le peuple à se prononcer sur la prolongation ou non du mandat des députés. La décision ainsi prise aurait eu force de loi parce qu’elle exprimerait la volonté du peuple qui n’aurait pu être attaquée ou contestée.

Parce qu’il faut, en ce moment de l’histoire de notre pays, éviter de rajouter à tous ces troubles qui le… déjà.

Nous venions de sortir d’une élection présidentielle difficile et très controversée et les institutions issues de cette élection ne sont toujours pas reconnues par l’opposition.Il y a eu aussi de nombreux mouvements sociaux qui ont paralysé le pays pendant de longs mois. Il y a eu des grèves et il y en aura toujours, tant que le Mali ne sera pas ce paradis où il fera bon vivre pour tout le monde, où l’or et le pétrole couleront à flots, où tout sera parfait. Ce qui est une gageure.



Et tous les jours, on échafaudera de nouveaux plans de déstabilisation contre vous jusqu’au soir du dernier jour de votre mandat comme ce fut le cas d’Amadou Toumani Touré.

Comme on le dit en bamanan : je ne t’aime pas, il n’y a pas de solution à cela.

Vous devrez désormais comprendre que même s’il n’y a que 2 % de notre population qui ne vous a pas accordés leur suffrage, vous serez contesté par cette frange. Ainsi va la vie Kôrô et il ne peut en être autrement. Mais tenez-bon il y a ceux qui ne vous aiment pas certes, mais il y a aussi tous ces Maliens qui vous aiment et qui vous soutiennent.

Les Maliens sont très pressés de voir vos promesses de campagne se réaliser. Leurs attentes sont grandes, mais pas démesurées. Elles sont à la dimension de l’homme que vous êtes et du pays que nous sommes.

Je sais que vous ferez ce que vous avez dit aux Maliens. Il suffit, je pense que vous sortiez de ce “dandysme” qui caractérise tous les grands hommes pour prendre langue avec votre peuple à chaque fois que la situation du pays vous l’exige.

Ne vous contentez pas de ce que vos services de renseignements vous disent, allez à l’information “informelle” souvent pour connaître les réalités du pays. Faites en sorte qu’il y ait plusieurs “Kurukanfuga” dans ce pays.

Allez de temps en temps rendre visite aux familles fondatrices de Bamako, aux leaders religieux même si certains d’entre eux ne vous portent pas dans leur cœur pour des raisons que le citoyen lambda connait désormais.

Allez ou invitez, comme vous avez coutume de le faire, les représentants des forces vives du pays à partager un dîner avec vous. Appelez de temps en temps “l’homme de la rue” pour “causer” avec lui. Il pourrait vous dire des vérités qu’aucun de vos plus proches collaborateurs n’oserait vous confier.

Soyez le “Toundourou”,

soyez aussi le fou et l’aveugle.

Ne soyez pas simplement le sourd-muet. Kôrô Président il y a, par les temps qui courent une accalmie dans notre pays, sur le plan des contestations politiciennes.

Tout le monde, en cette fin d’année s’essouffle et chacun se prépare à rebondir dans la nouvelle année avec force détermination à réaliser ses objectifs.



L’année 2019, si Allah SWT nous donne la chance d’y accéder et de la vivre en pleine santé, sera celle de grands changements pour vous et pour votre gouvernement. Elle marquera le départ de nombreuses et grandes réformes que vous avez cogitées pour notre pays au plan institutionnel, structurel, politique et économique.

Vous avez eu cinq ans pour comprendre le pouvoir et la gestion du pouvoir. Cinq ans pendant lesquels vous avez parcouru le pays, le monde pour appeler au chevet du Mali, qui revenait de très loin, la communauté internationale.

Par orgueil vous avez refusé de solliciter cette même communauté internationale pour financer l’élection présidentielle, une première dans l’ère démocratique de notre pays. Et malgré la presque vacuité des caisses, l’Etat marche et les salaires sont faits. Une prouesse qui ne doit pas vous faire perdre de vue la souffrance du plus grand nombre de vos concitoyens.

Faites en sorte qu’en 2019 les caisses et les poches soient remplies et qu’il y ait plus d’emplois pour les jeunes/même si déjà des milliers d’emplois sont en voie de création par l’Apej et les autres programmes.

N’ayez de cesse à soutenir votre Premier ministre que certaines nations veulent sacrifier sur l’autel de la délation, du mensonge. Elles veulent vous braquer l’un contre l’autre. N’ayez cure de tous ces montages grossiers contre ce pauvre Premier ministre qui a la même passion que vous pour le Mali.

C’est pourquoi, vous deux, n’êtes pas les bien-aimés de ceux qui ne veulent que leur propre et seul intérêt. Faites en sorte Kôrô qu’il n’y ait plus d’autre Hamadou Koufa et que le Nord se stabilise et que Kidal reste au Mali et du Mali.

Faites en sorte Kôrô Président que les populations de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka ne soient plus obligées de se faire escorter pour rallier le reste du pays, et qu’avec les moyens dont disposent la Force Barkhane notamment les “drones” et autres matériels ou machines de renseignement, l’on puisse voir et détecter les bandits coupeurs de route et les terroristes poseurs de bombes, pour les éliminer et pour faciliter le déplacement de nos parents sur nos routes.



Ramenez, Kôrô, le prix des céréales à la hauteur de la bourse des plus pauvres. Car lorsque le ventre est vide tout le reste est superfétatoire. C’est pourquoi le plus grand nombre de vos compatriotes dit que ça ne va pas et ça ne va pas du tout. Donnez-leur à manger, à boire et les moyens de se soigner sans qu’ils aient besoin d’aller au Maroc, en Tunisie pour les plus pauvres s’ils en ont les moyens et ailleurs pour les plus nantis.

Le prix à payer sera lourd pour vous. Acceptez les compromis s’il le faut mais pas de compromissions.

Car vous avez déjà convaincu de votre bonne foi à unifier le pays malgré tout certains n’hésitent pas à raconter que vous avez promis aux rebelles de consacrer la partition du pays si vous êtes élu le président.

Ils diront tout de vous et vous accuseront de tout. Mais ce qu’ils ignorent c’est que vous, vous ne briguerez pas un troisième mandat et vous ferez tout pour sortir par la grand-porte, toutes choses qui ne vous permettront pas de commettre certaines erreurs ou du moins certaines fautes.

Soyez rassuré que ce sont des ragots que j’ai entendus et que je me dois de vous rapporter, pour votre propre gouverne.

Ce qui n’en est pas un, c’est cette volonté de la France de restituer aux pays africains les biens culturels qu’elle leur a pris ou de force ou du fait de nos antiquaires véreux. C’est une partie de nous-mêmes qui se trouve exposée dans les musées européens. Et à présent que cette Europe est disposée à nous rendre cette portion de notre patrimoine, instruisez à qui de droit d’en formuler immédiatement et sans délai, la demande.

Il y a aussi cet oubli coupable qui nous pourchassera encore longtemps. Il s’agit du “mépris” de tous nos présidents à l’endroit d’un homme, d’un artiste, maître de kora et qui, de par sa prestance, son doigté et son intelligence a donné à l’Ensemble instrumental national, cette aura et cette notoriété, qui l’ont fait connaître à travers le monde. Il s’agit du maestro feu Sidiki Diabaté, le père de non moins célèbre et joueur de kora Toumani Diabaté et le grand-père du phénoménal et célébrissime Sidiki Diabaté. Le nom cette légende aurait pu, je pense, être donné au moins à l’Institut national des arts par exemple. Il reste, hélas, l’oublié de la nation !

Enfin Kôrô Président je vous livre aussi mon dernier “Boua Ni Sogoma” pour l’année 2018 conformément à ma promesse de vous dédier un article par mois et puisque ma prochaine publication est pour la première semaine de janvier 2019 je voudrais vous souhaiter ainsi qu’à votre gouvernement, à votre famille, la santé nécessaire pour poursuivre l’œuvre que vous avez entamée, le bonheur que vous recherchez pour vous même et pour votre peuple – la paix des cœurs et des esprits pour qu’ensemble nous puissions nous consacrer avec sérénité aux préoccupations de développement et de bien-être pour nous tous.

Que 2019 soit pour vous le départ d’un mandat fécond qui vous fasse passer de votre programme d’urgence présidentielle au programme d’urgence nationale. Car tout urge et tout est primordial pour vous et pour le Mali.

Qu’Allah SWT vous donne la force et les moyens nécessaires de réaliser le rêve le plus cher que vous nourrissez en votre for intérieur pour vous-même, pour les vôtres et pour notre peuple.

Qu’Allah bénisse le Mali !!!

Par Mamoutou Kéïta

Producteur de spectacle

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