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Tensions à Kidal entre pro et anti armée malienne
Publié le mercredi 10 juillet 2013  |  France 24


© AFP par DR
Crise malienne : Tensions entre partisans et opposants à la présence de l’armée malienne
Mardi 09 juillet 2013. Kidal.


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Depuis l’entrée de l’armée malienne vendredi 5 juillet à Kidal, dans le Nord-Mali, la cohabitation entre les habitants pour et contre la présence des soldats est difficile. Des tensions qui se cristallisent autour d’un camp militaire situé à l’ouest de la ville : à l’extérieur, des défenseurs de l’Azawad manifestent contre la présence de l’armée. Tandis qu’à l’intérieur, une centaine de civils pro-armée ont trouvé refuge par peur d’être pris pour cible.

L’accord de paix de Ouagadougou signé le 18 juin entre l’État malien et les représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) prévoyait un cantonnement des groupes touaregs armés ainsi qu’un redéploiement en parallèle des forces armées maliennes et de membres de l'administration en vue de la tenue du scrutin présidentiel du 29 juillet.

Pourtant, l’arrivée d’un contingent de 200 militaires a provoqué un regain de tensions entre des indépendantistes du MNLA et des civils venus célébrer l’arrivée des soldats maliens. Ces derniers ont dû trouver refuge dans le camp 1, où les militaires maliens sont pour le moment postés en attendant que les combattants touaregs soient tous cantonnés dans un autre camp et désarmés.

Dans un communiqué, l'armée malienne a accusé lundi les rebelles du MNLA à Kidal de "grave violation" de l'accord de Ouagadougou et affirmé que trois militaires de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), dont un Français, avaient été blessés par des jets de pierre de manifestants pro-Azawad alors qu’ils sécurisaient les abords du camp.

Cela faisait près d’un an et demi que l’armée malienne n’était pas entrée dans Kidal. Prise par les combattants indépendantistes touaregs du MNLA et les djihadistes d’Ansar Dine en mars 2012, puis occupée par ces derniers pendant neuf mois, la ville a été reconquise en janvier 2013 par le MNLA qui, entre temps, s’est rangé aux côtés des soldats français pour chasser ses anciens alliés du nord du Mali.
"Les chefs touaregs nous calment en disant que l’armée est là pour faire ‘de la figuration’, mais nous restons très sceptiques"
Ibrahim Ag Souleymane est touareg. Il participe aux manifestations pro-Azawad.


Nous sommes en colère parce qu’on a le sentiment que les accords de Ouagadougou n’ont pas été respectés par l’armée malienne : les forces rentrant dans Kidal devaient être un mélange homogène de soldats originaires du sud et du nord du Mali et surtout pas des partisans de Gamou [ un colonel farouche opposant au MNLA qui avait feint de rejoindre le mouvement en mars 2012 avant de rejoindre ses hommes au Niger ; qualifié de 'traître à la cause touareg', il est suspecté d’exactions par les représentants du MNLA ]. On pense que s’ils sont là, c’est parce que l’armée malienne ne connaît pas le terrain, et qu’ils ont besoin des hommes de Gamou, au cas où il y aurait opposition avec des membres du MNLA [selon RFI, entre 20 et 30 miliciens du contingent de Gamou font partie du détachement des 200 soldats maliens, une information non confirmée par l'armée malienne].

Depuis dimanche, nos chefs ont convoqué les jeunes pro-Azawad pour expliquer qu’il faut éviter les débordements, ne plus lancer de pierres ou affronter les partisans des militaires. Ils attendent l’issue des discussions avec le président de la Commission dialogue et réconciliation [chargée d’animer des conférences-débats pour l’unité de l’État malien] qui est depuis mardi à Kidal. Ils ont tenu à nous rassurer en nous disant que l’armée malienne était là sous la contrainte internationale, seulement pour 'faire de la figuration', si je reprends leurs mots.

Mais les gens sont très sceptiques. Certains ont encore brûlé des pneus ce matin [mardi]. Il y a des jeunes et des vieilles femmes qui ont planté leur tente devant le camp. Ils crient 'Oui à l’Azawad, non au Mali !' et manifestent pacifiquement tous les jours. Ils ont très peur que l’armée malienne commence à patrouiller dans la ville car ils craignent de possibles exactions envers les 'peaux claires' comme ça a été le cas dans d’autres régions du Mali [Human Rights Watch a recensé une douzaine d’exactions commises par l’armée malienne à l’encontre de membres de la communauté touareg à Mopti].
"Les pro-Azawad nous provoquent, nous disent de sortir sinon il nous arrivera malheur"
Sidi Ag Albaka est touareg. Il a participé aux manifestations de soutien à l’armée malienne et a trouvé refuge dans le camp après les affrontements avec les manifestants pro-Azawad.


Ça fait depuis vendredi soir que je suis dans le camp [comme plus d’une centaine d’autres civils]. Ici, il y a une quarantaine de blessés qui sont soignés par les militaires. De là où je suis, je peux voir les manifestants dehors : ils nous provoquent, brûlent des drapeaux maliens, nous insultent et disent qu’ils vont 'rentrer dans le bâtiment et nous égorger un par un'. Certains d’entre nous reçoivent même des appels de menaces sur leur téléphone. Les pro-Azawad nous mettent la pression, disent qu’il faut qu’on sorte pour rejoindre leur cause sinon il nous arrivera malheur.

On a des directives très claires, qui s’appliquent aux civils comme au militaire dans le camp, de ne pas provoquer ceux qui sont à l’extérieur. Mais pour nous, on n’a jamais provoqué ! Vendredi, lorsque l’armée est arrivée, la plupart d’entre nous venaient accueillir un frère, un mari, une connaissance.

Kidal a été oubliée sur tous les plans pendant trop longtemps. Depuis qu’ils contrôlent la ville, les membres du MNLA nous ont imposé leur vision des choses, ils arrêtaient les personnes suspectées d’être des espions et harcelaient ceux qui ne soutenaient pas leur cause. Tout ce qu’on souhaite maintenant, c’est que les élections aient lieu normalement ici à Kidal, et qu’on ait le sentiment de redevenir malien [un candidat à l’élection, Tiébilé Dramé, a demandé le report de l’élection car les listes électorales des 13 communes de la région de Kidal ne seraient pas encore établies à trois semaines du scrutin].

observers.fra

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