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Art et Culture

Mme Traoré Mariam Sangaré dite Sista mam, reggae woman malienne : “Peut-être qu’il y a un complot contre le reggae au Mali”
Publié le vendredi 12 juillet 2019  |  Aujourd`hui
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Mme Traore Mariam Sangaré, artistiquement surnommée Sista Mam, est une chanteuse, auteure, compositrice et interprète malienne qui a plusieurs années d’expérience dans le milieu musical. La particularité avec Sista Mam, c’est qu’elle fait du reggae et elle est la première et (probablement) la seule reggaewoman au Mali. Dans l’entretien qui suit, Sista Mam nous parle de sa carrière musicale, les difficultés rencontrées, ses ambitions et surtout elle lance un cri de cœur aux acteurs culturels maliens qui considèrent moins le reggae par rapport aux autres genres musicaux. Aujourd’hui- Mali : Comment vous êtes venue dans la musique ?



Sista Mam : Entre la musique et moi, c’est une question de famille car j’ai été bercée par la musique depuis le berceau parce que mes parents sont vraiment des amoureux de la musique. Mon père, un grand fan de la Salsa et ma mère une Rasta et fan du reggae, on va dire sœur spirituelle de Peter Tosh donc la musique c’est dans la famille.

Vous êtes la première femme à faire du reggae au Mali alors dites-nous pourquoi ce choix musical ?

En tant que défenseuse du droit des femmes, le reggae est la seule musique adéquate pour moi de faire passer mon message parce que le reggae est une bonne musique, il est la voix des sans voix. C’est une musique qui dénonce et revendique. Le reggae est un genre musical qui se bat contre l’injustice sociale, la préservation de nos valeurs culturelles. Il faut que les gens comprennent que le reggae n’est pas une musique de perversion, c’est une musique de conscientisation. Une musique qui défend les droits les plus élémentaires de l’Homme. Le droit à la santé, la sécurité et à un environnement saint.


Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée dans votre carrière ?

Les difficultés sont vraiment nombreuses. Déjà au Mali, on n’a pas de producteurs de musique et pour avoir une musique bien faite il faut faire les louanges d’un tel ou d’une telle et là l’artiste est tout de suite promu. Nous avons des problèmes de distributeurs, l’artiste vend lui-même ses disques et aussi l’artiste est obligé d’enregistrer ses chansons lui-même. Il prend également en charge le studio, les musiciens.

Les promoteurs de musique au Mali ne s’intéressent pas au reggae. On les voit tout le temps décerner des trophées, mais le reggae n’est jamais classé. Pour preuve, le président de la République à lui-même décerné des distinctions honorifiques aux grandes figures de la musique malienne, parmi lesquelles on peut citer Tata Bambo, Ami Koita, mais il n’y avait pas Koko Dembélé. Pourquoi ? Est-ce que Koko n’a pas joué un grand rôle dans l’éveil des consciences au Mali et contribué au développement de ce pays à travers sa musique ? Le reggae est laissé pour compte au Mali. Il faut que cela change.


En 2018-2019, aucun reggae maker n’a été sur un festival au Mali. On se demande pourquoi cette mise à l’écart du reggae. Peut-être qu’on ne sait pas chanter ou peut-être qu’il il y a un complot contre le reggae au Mali. Le reggae est un gros problème de production et de promotion au Mali. Il faut que les promoteurs culturels considèrent le reggae afin de le faire découvrir au citoyen du malien.

Avez-vous déjà des distinctions dans votre carrière ? Si oui laquelle vous a le plus marquée et pourquoi ?

J’ai eu quelques prix dans ma carrière. Le bâton de commandement de la communauté rasta de Côte d’Ivoire m’a été décerné. C’est ce trophée-là qui m’a le plus marquée car très significatif dans la culture rasta de par sa mission de guider le peuple de Jah. En 2015, j’ai fait partie des 20 femmes exceptionnelles au Mali, une sélection faite par l’Ajcad-Mali.

Le 22 avril dernier, la structure “Actuel Média” fut inaugurée dans l’ACI et le studio d’enregistrement porte le nom de l’artiste. J’ai également reçu le prix Empress d’Africa de MOURAG en Guinée Conakry et j’espère recevoir pleins d’autres à l’avenir.

Quels sont vos projets artistiques ?

Notre gros projet artistique, c’est la 15e édition du festival reggae qui se tiendra en février 2020. La commission d’organisation est déjà sur le coup. Mon dernier album Trône de Jah est déjà sur marché et dont nous avons déjà réalisé un premier clip de promotion qui passe déjà sur certaines chaines et on va bientôt choisir une date pour la dédicace de l’album.

Qui est le reggaeman qui vous le plus marquée et pourquoi ?


Le reggaeman que j’aime le plus, c’est Alpha Blondy, mais mes inspirations viennent de pas mal d’artistes comme Bob Marley et Peter Tosh. Ce sont des combattants pour l’émancipation des peuples d’Afrique et d’ailleurs. On ne peut ne pas les aimer et aimer leur musique.

Quelles sont vos ambitions dans votre carrière musicale ?

Je n’ai qu’une seule ambition qui est de devenir une méga-star du reggae et représenter le Mali partout dans le monde.

Quel sera votre mot de la fin ?

Je remercie le journal Aujourd’hui-Mali pour son intérêt pour les artistes. J’invite les Maliens à écouter le reggae et essayer de comprendre la culture des Rastafariennes. Il est vrai, c’est qu’il est nouveau pour certains, mais si on ne va pas à la rencontre de l’inconnu on ne le connaitra jamais. Je les invite à écouter le contenu des chansons reggae et je suis sure qu’ils comprendront qui sont vraiment les Rasta et ce qu’ils veulent pour leur pays et pour le continent.

Réalisé par Youssouf KONE

Source: Aujourd'hui-Mali
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