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Élection présidentielle : Les hommes de Dieu et l’argent de campagne
Publié le vendredi 12 juillet 2013  |  Le Débat


© Autre presse par DR
le groupe islamistes au nord du mali


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Depuis les événements de mars 2012, l’on a du mal à faire le distinguo entre les politiques et les religieux. Certains « leaders musulmans » donnent aujourd’hui raison à leurs détracteurs en roulant plus ou moins ouvertement pour des candidats à la présidentielle du 28 juillet et n’hésitent pas à lancer des menaces à ceux qui n’iront pas dans leur sens. Un risque de conflit religieux aux relents électoraux est patent.
Les leaders islamiques : Chérif de Nioro et Mahmoud Dicko (photo archives)

Les leaders islamiques : Chérif de Nioro et Mahmoud Dicko (photo archives)

La crise de confiance entre politique et peuple a donné des ailes aux organisations de la société civile, notamment les organisations religieuses. Si certaines d’entre elles disent ne pas vouloir mélanger religion et politique, d’autres au contraire mordent à l’appât politique en cette veille d’élections générales, et des confréries religieuses sont devenues des arrières cours des candidats. En tout cas, la politique a totalement envahi le domaine religieux.

En effet, depuis quelques semaines, les « kutuba » (prêche de vendredi) dans nombreuses mosquées sont teintés de consignes électorales pour tel ou tel candidat. Mode opératoire, on profite d’un discours d’apaisement pré, péri et post-électoral pour plaider en faveur de son candidat. La pratique est constatée et dans des mosquées et dans des églises.

Et il va de soi que dans des organisations religieuses, le soutien à un candidat crée des dissensions. C’est le cas de l’Union des jeunes musulmans du Mali (Ujmma) au sein de laquelle les leaders se regardent désormais en chiens de faïence pour n’avoir pas su accorder leurs violons sur le candidat à soutenir. Alors que la tendance à Mohamed Macky Bah, proche du leader d’Ançar Eddine, Ousmane Madane Chérif Haïdara, s’abstient pour l’instant de donner des consignes de vote à leurs partisans, Moussa Boubacar Bah (Ujmna), proche du président HCI, Mahmoud Dicko, dit avoir un candidat à soutenir à la présidentielle prochaine. Ce dernier camp a réactivé le mouvement Sabati-2013, déjà en action dans les mosquées pour l’élection de son « candidat » même si le ministre en charge des Cultes (Dr. Yacouba Traoré) et du président de la Céni, Dr Mamadou Diamoutani, tous deux membres du Haut conseil islamique du Mali, dénoncent cette initiative. Pour l’instant, même si le mouvement n’a pas officiellement dit qui des anciens Premiers ministres, Abdoulaye Souad dit Cheick Modibo et Ibrahim Boubacar Kéita sera désigné comme « candidat » des musulmans, tout porte à croire que l’un de ces deux ténors aura la faveur du président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko. Et cela pour diverses raisons.

Avec le président du RPM, Dicko, dit-on, entretiendrait un lien présumé d’affection particulière. Sans négliger que ses récentes relations avec l’ancien Premier ministre pleins pouvoirs, sont si intenses qu’un soutien électoral pourrait être dans l’ordre normal des choses. En tous les cas, lors d’un meeting le 14 janvier 2013, le président du HCI et le secrétaire général de l’Ujmma, Moussa Boubacar Bah, avaient prévenu que les musulmans auront un rôle déterminant à jouer lors des présentes élections. Récemment, cet engagement politique a été rappelé à travers la réactivation du mouvement politique Sabati.

Mais du côté de Mahamoud Ould Cheick Hamallah Haïdara plus connu sous l’appellation de Chérif de Nioro, on a déjà pris le devant en annonçant des consignes pour un candidat que tous les Maliens connaissent. Il est allé jusqu’à appeler à barrer la route au FDR en remettant 10 millions à un autre mouvement pour cela. Lui qui avait précédemment annoncé qu’un seul soldat de la Cédéao ne foulerait le sol malien est prêt à faire voter toute sa confrérie pour son candidat.

Sur les antennes de certaines radios privées, l’engagement politique de nos religieux est plus violent. Leurs consignes de vote sont empreintes de mise en garde et de menaces. Leurs appels apparaissent plus comme une mise en garde. On menace même de se faire entendre si ce candidat venait à être « dépossédé » de sa victoire à la proclamation des résultats définitifs du scrutin présidentiel.

L’histoire donne finalement raison à ceux qui avaient tiré la sonnette d’alarme sur un risque de confusion de rôles car si « les hommes de Dieu » venaient à troquer leurs costumes de conciliateur social contre ceux de partisans, ils risquent de subir à leur tour le désaveu infligé aux politiciens. Heureusement que certains savent raison garder.
Markatié Daou


Bagadadji Moussa, l’arroseur arrosé
Moussa Traoré dit Bagadadji Moussa est fortement soupçonné d’avoir empoché quelques millions de F CFA d’un grand parti en lice pour la présidentielle. Après avoir empoché le bakchich, Moussa aurait promis aux émissaires du candidat de vendre son image lors de ses sorties médiatiques, ses prêches et ses rencontres. Entre-temps, l’information aurait fuité, et le prêcheur de Bagadadji aurait tenté de se racheter.
Dans les colonnes d’un journal de la place, Moussa Traoré a accusé des prêcheurs qui prennent de l’argent avec les candidats contre campagne électorale dans les mosquées et sur des plateaux télé ou antennes radio. Une volte-face n’a rien d’étonnant pour ceux qui suivent ce prêcheur de Bagadadji habitué à salir ses adversaires sur les antennes des radios.
Drissa Tiéné

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