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Interview de la semaine : Dr Amadou Bah dit tout sur la fièvre typhoïde
Publié le jeudi 1 aout 2019  |  Le challenger
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Notre interview porte sur la fièvre typhoïde, maladie bactérienne connue au Mali. Dr Amadou Bah, en service à la Médecine générale de l’Hôpital de Kati nous en parle des causes, symptômes et indique les traitements de ce qui, selon lui, devrait être un problème de santé publique.

Dr. Bonjour, Docteur Bah si l’on vous demandait de nous parler de la fièvre typhoïde, que diriez-vous?

La fièvre typhoïde devrait être considérée comme un problème de santé publique tant elle est répandue chez nous. C’est d’une maladie bactérienne due à une bactérie qu’on appelle salmonelle. Cette bactérie, une fois entrée dans le sang, crée une salmonellose. Appelée souvent ‘’salmonellose majeure’’, la fièvre typhoïde se caractérise par sa toxicité et attaque le système digestif.

Comment attrape-t-on cette maladie ?

La cause est bactérienne. La bactérie responsable est salmonella-typhi, mais à côté, il y a la fièvre paratyphoïde qui est due aussi au salmonella-paratyphi A, B actuellement il y a C. Ces germes-là sont responsables de cette maladie du siècle car très répandue à travers le monde.

Quels sont les signes qui permettent de se rendre compte qu’on est atteint de cette maladie ?

Pour la symptomatologie, surtout clinique, il y a celle biologique. Mais c’est ce qui est clinique qui est important. Elle se fait souvent en fonction des semaines.

Dans la première, qu’on appelle le premier septénaire, le malade vient vous voir avec la CIVET qui veut dire ‘’Céphale, Insomnie, Vertige, Epistaxis et Température’’. Tout n’est pas souvent ensemble. Qui dit température dit fièvre. Cette fièvre va de 38 à 39°. Le patient peut avoir quelques embarras gastriques… Du point de vue physique, il a un signe appelé la cyclono-mégalie.

Mais à la 2ème semaine, le malade vient avec une forte fièvre, souvent entre 39 et 40°, rebelle à tout traitement usuel, base de paracétamol ou d’aspirine. Ladite fièvre va persister toute la semaine – 39 ou 40. Le malade a aussi des embarras gastriques : diarrhée, constipation, vomissements, douleurs abdominales atroces, ballonnements, gargouillements de la fosse biliaire droite… il entend également des bruits au niveau de l’abdomen et pense que quelque chose y bouge. Il peut s’agir d’une cyclono-mégalie franche.

Au niveau de ses yeux, il y a des taches lenticulaires. On pense a priori à l’angine, mais c’est une fausse angine qu’on appelle l’angine de Diguet. Cette fausse angine.

En plus de ces signes cutanés, le malade peut avoir des signes hémorragiques à type d’hématémèse: l’épistaxis voire dans le pire des cas, une une rectorragie.

A la 3ème semaine, la fièvre est toujours là, mais le cœur peut devenir plus rapide et il faut craindre les complications, notamment au niveau de la bile, où il peut y avoir un blocage. Il peut s’agir d’une péritonite, d’une hémorragie digestive, méléna ou hématémèse, d’un choc endo-toxinite, des toxités cardiaques….Ces problèmes peuvent survenir à tous les niveaux de l’organisme la 3ème semaine.

Voilà un peu l’aspect clinique de la symptomatologie de la fièvre typhoïde.

Du point de vue biologique, ce n’est pas trop, on fait faire l’hémoculture seulement, il faut aller enzymer le sang. Quand le sang est bien enzymé, il pousse dans 15 jours. Comme souvent c’est lent, on donne souvent le sérodiagnostic du Widal qui va montrer des titrages au niveau des O.

Si les O dépassent un seuil très important, il faut donner un traitement et si ce n’est pas le cas, on attend l’hémoculture, on peut donner un traitement présomptif en attendant, mais il faut voir toujours les O avec les H. Si les H sont là, ils peuvent montrer même le diagnostic rétrospectif que vous avez eu à faire la fièvre typhoïde ou que vous êtes en train de la faire.

On constate que certaines personnes attrapent plusieurs fois cette maladie.

N’existe-t-il pas une façon efficace de la traiter afin d’éviter ces rechutes ?

La fièvre typhoïde se traite facilement comme toute autre maladie bactérienne. Mais avant le stade de complication. Si le médecin parvient déjà à trouver des signes cliniques francs, il est autorisé à faire un traitement présomptif. Il ne va pas attendre les résultats de l’hémoculture dans 15 jours car les complications peuvent survenir entre-temps.

Il s’agit de donner des antibiotiques en fonction des malades. Chaque malade étant un cas, le traitement est administré en palier pour éviter le choc endotoxine, c’est-à-dire la libération rapide des toxines qui sont toxiques pour l’organisme.

Avez-vous des conseils à prodiguer à ceux qui veulent se prémunir contre la fièvre typhoïde ?

Comme conseils, il faut être propre. L’homme est le seul vecteur de cette maladie pour sa transmission. C’est une maladie péri-fécale, c’est-à-dire féco-orale. On mange, on défèque. Il importe de se laver les mains avec du savon à la sortie des toilettes, bien tremper les fruits crus dans un peu d’eau de javel, utiliser de l’eau propre, ne pas utiliser l’eau des marigots où les animaux s’abreuvent, éviter les aliments souillés…

Propos recueillis par Moussa Diarra, stagiaire

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