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Bréhima Mamadou Koné, politologue : «La crise de moralité est née de la remise en cause de l’institution sociale (la famille)»
Publié le mercredi 7 aout 2019  |  Le Reporter
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Le professeur de sociologie politique, Bréhima Mamadou Koné, pense que la chute des valeurs sociales a commencé quand le «moi» est devenu roi. Chacun ne pense qu’à soi-même, de la famille jusqu’à l’Etat, rappelant qu’aucune notion de la chose commune ne résiste au «moi» dévastateur. Le denier public n’est plus un totem, il est aisément pillé pour des fins personnelles sans sanctions administrative et pénale. Nous vous proposons son analyse.

Pour lui, il faudra penser à tout refaire chez le Malien qui a carrément perdu ses repères. La famille d’abord, la rue et l’école ont démissionné. Le groupe social est sacrifié au profit du «moi», s’indigne le politologue. Sauf si on revenait à nos repères, une bonne éducation avec des valeurs morales de probité, respect du bien public, l’amour de son prochain, etc., un bon citoyen ferait un bon dirigeant fort et intègre, estime-t-il.

D’après ses constats, quand on rentre souvent dans certaines familles maliennes, on a l’impression que les parents (père, mère, tante, oncle) ne reconnaissent pas leurs propres enfants et vice-versa. La grande famille, le socle du processus de socialisation dans un grand cercle de parents dont le système de production et de gestion était basé sur le collectivisme et le partage, est en pleine voie de disparition de façon exponentielle au profit de la famille (nucléaire) presque généralisée, à quelques exceptions près.

C’est ainsi que l’universitaire Koné a déduit que la nouvelle donne a favorisé ces termes (moi, ma femme et mes enfants) et dont les deux parents (mère, père) sont les seuls responsables de l’éducation de leurs enfants. Oubliant ainsi que leur absence donne toujours des opportunités aux enfants qui apprennent vite, qui s’intègrent vite et qui s’adaptent vite socialement, d’entreprendre des mauvaises fréquentations avec d’autres enfants qui sont loin d’être des modèles en matière d’éducation.

En effet, «à force de fréquenter de tels lieux de vagabondage et de banditisme en l’absence des deux parents pendant les heures de travail et ou pendant leurs missions, ils vous surprendront certainement avec des comportements inattendus, contraires à notre doctrine sociétale et cela trouverait souvent que c’est trop tard pour récupérer ces enfants pareils», s’inquiète-t-il.

En plus, les conditions salariales des Maliens public-privé ne permettent pas dans la majorité des cas aux travailleurs de subvenir aux nombreux besoins de consommation de leurs familles respectives (location, nourriture, santé, éducation, déplacement, électricité, eau, habillement…). Ce qui fait que certains sont obligés de faire des acrobaties par-ci par-là pour combler le déficit financier. Et généralement, en faisant cette course, les enfants sont laissés pour compte sans suivi en termes de comportement et de fréquentation, ni pour s’informer de leurs résultats scolaires.

Ce faisant, certains de ces enfants sans éducation laissés pour compte sont voués à l’échec et s’adonneraient pour la plupart des cas à l’alcool, à la prostitution, au banditisme, le manque de respect pour les institutions démocratiques et les gouvernants, parce qu’il est difficile de les récupérer et les mettre sur le bon chemin, a-t-il expliqué l’enseignant.

Malheureusement, peu de parents sont encore dans cette transmission de valeurs morales et sociétales à leurs enfants. «Nous assistons à un délabrement de nos cultures qui explique certains comportements sociétaux aujourd’hui. Il faut revisiter nos modèles d’antan d’éducation. Il n’est pas encore tard pour faire ce diagnostic de la société malienne malade dans toutes ses composantes, pour apporter les remèdes», a-t-il interpellé l’ensemble du peuple malien.

Gabriel TIENOU

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