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Jouant sa survie : L’ex-junte se réconcilie avec les 4 principaux candidats
Publié le lundi 15 juillet 2013  |  Le Procès Verbal


© Getty Images
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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L’ex-junte militaire de Kati ne se porte pas au mieux. Le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses hommes, ces derniers temps, voient s’amonceler les périls au-dessus de leur tête. Avec l’opération française Serval, la MISMA (force militaire africaine) et, maintenant, la MINUSMA (force militaire onusienne), les hommes de Kati ont perdu leur contrôle sur les institutions républicaines. Cela explique pourquoi des proches du capitaine Sanogo ont pu atterrir en prison (notamment le policier Siméon Kéita et ses compagnons, détenus à Koulikoro) ou se voir interpellés par la Sécurité d’Etat (Dr Oumar Martiko, par exemple).Cette perte d’influence de l’ex-junte sera encore plus totale quand sera élu un nouveau président de la République. En effet, la MINUSMA a dans ses attributions de protéger les institutions et de n’en référer qu’aux autorités officielles du Mali. En outre, le nouveau président, tirant les leçons du passé, pourrait être tenté de confier une partie de sa sécurité personnelle à des forces étrangères. Surtout, il pourrait avoir la tentation de marginaliser les nombreux officiers issus de l’ex-junte ou ralliés à elle et donner la main aux officiers balayés des affaires depuis le putsch du 22 mars 2012. Sans compter que la Cour Pénale Internationale pourrait, à la faveur de l’avènement d’un nouveau président, vouloir mettre le nez dans certaines affaires sulfureuses des ex-putschistes.


Sentant que leur sécurité et leur confort dépendent étroitement de leur proximité avec le futur président élu, le capitaine Sanogo et ses compagnons ont, dans un premier temps, porté leur choix exclusif sur le candidat IBK. Selon leur logique, IBK est populaire et passe pour un homme de parole; il est, de surcroît, l’un des rares hommes politiques à ne pas avoir subi d’avanies de la part de l’ex-junte; enfin, il a quitté depuis belle lurette le FDR, le front anti-putsch. Il était donc plus facile pour l’ex-junte de traiter avec le chef du RPM qu’avec un autre candidat. Problème : IBK se trouvait en froid avec le président de la Transition, Dioncounda Traoré, dont le RPM contestait le droit de garder ses fonctions au-delà des 40 jours d’intérim constitutionnels. A l’instigation du capitaine Sanogo, IBK et Dioncounda se sont rencontrés et ont scellé une paix des braves. Au point que Tieman Hubert Coulibaly, président de l’UDD, ministre des affaires étrangères et fils spirituel de Dioncounda Traoré, s’est vite rallié à la candidature d’IBK. La victoire électorale d’IBK constituerait sans doute une excellente nouvelle pour l’ex-junte : certes, elle ne continuerait pas à dicter sa loi comme naguère, mais au moins, personne n’irait lui chercher des poux dans la tête.


Cependant, au fur et à mesurer que l’élection du 28 juillet s’approchait, le capitaine Sanogo s’est rendu compte du danger de mettre ses oeufs dans le même panier. Et si, contre toute attente, IBK échouait ? Le capitaine, bouleversé à cette idée, a jugé utile de prendre langue avec les autres grands candidats. Selon nos sources, des rencontres discrètes lui ont permis de se réconcilier avec Modibo Sidibé, Dramane Dembélé et SoumailaCissé. Ces trois candidats, qui figurent, au même titre qu’IBK, parmi les favoris du scrutin présidentiel du 28 juillet, partagent le fait d’avoir été brimés par l’ex-junte du temps de sa splendeur. A titre de rappel, Dramane Dembélé, actuel candidat de l’Adema, a goûté aux torpeurs de la prison de Bamako; SoumailaCissé, candidat de l’URD, a été blessé lors d’une tentative d’arrestation et contraint à une évacuation sanitaire en France; Modibo Sidibé, candidat du parti FARE, a été arrêté à trois reprises au lendemain du putsch du 22 mars.

Les trois candidats en question ont, en tout cas, assuré au capitaine Sanogo qu’ils ne chercheraient jamais à se venger de l’ex-junte, qu’ils ne remettraient pas en cause les avantages acquis par elle sous la Transition (avantages financiers et loi d’amnistie), et qu’au contraire, ils œuvreraient à la réhabilitation de l’armée nationale de manière à lui permettre d’accomplir efficacement ses missions. En retour, le capitaine Sanogo a promis que l’ex-junte ne s’ingérerait pas du tout dans le processus électoral en cours et se soumettra à l’autorité du futur président, quel qu’il soit.


Nos sources précisent que le capitaine Sanogo n’a pas été seul à rencontrer, soit directement, soit per personnes interposées, les trois candidats sus-visés. Des piliers de la junte, tels le lieutenant Amadou Konaré et le sergent-chef Seyba Lamine Diarra, auraient mené des démarches similaires et abouti aux mêmes promesses. Pourquoi ces démarches parallèles, et non groupées, des membres de l’ex-junte ? Est-ce le signe qu’ils ne parlent pas le même langage ? Ou qu’ils veulent s’assurer que les promesses des candidats ne varient pas au gré des interlocuteurs et des rencontres ? On ne sait…


Une source proche d’un candidat estime que « l’ex- junte ne mérite pas qu’on lui jette la pierre car sans son intertention, le mal malien n’aurait pas été diagnostiqué et ATT aurait légué à son successeur une bombe à retardement. ». Un observateur avisé de la vie politique souligne que la réconciliation de la classe politique avec l’ex-junte conditionne la paix au Mali : « Certes, le capitaine Sanogo ne se risquera plus à un nouveau putsch mais il a des alliés et des moyens; à travers eux, il peut entretenir une instabilité permanente; il vaut mieux composer avec lui comme l’a fait Dioncounda Traoré. ». De manière plus immédiate, analysent les mêmes sources, tous les candidats ont intérêt à ne pas susciter l’inimitié de l’ex-junte dans la mesure où l’un de ses membres, le ministre de l’Administration Territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, a la haute main sur l’organisation du scrutin du 28 juillet.
Tiékorobani

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