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Le scrutin du 28 juillet ne sera ni transparent ni juste. Mais il est demandé aux candidats de l’accepter pour les beaux yeux de la patrie. Y consentiront-ils ?
Publié le lundi 15 juillet 2013  |  Le Procès Verbal


© aBamako.com par A S
Election présidentielle 2013: rencontre du chef de l`Etat par interim avec les candidats.
Bamako, le 09 juillet 2013 à Koulouba. Le président Dioncounda Traoré a rencontré les 28 candidats en course pour la présidentielle du 28 juillet.


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Le scrutin du 28 juillet ne se passera pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le président de la Transition n’en doute pas. Il a convoqué, la semaine dernière à Koulouba, les candidats pour le leur dire de vive voix et entre deux yeux. Aux 10 candidats (sur 28) qui ont daigné interrompre leur campagne pour aller l’écouter là-haut, Dioncounda Traoré a clairement dit ce que je résume comme suit: « Il n’y a pas d’élection parfaite dans l’univers; la nôtre se fait sous la dictée de la communauté internationale car nous n’avons été capables ni de nous libérer des jihadistes armés ni de financer le processus électoral. Nous n’avons pas non plus les moyens de prendre seuls en charge notre avenir. Nous vivons sous utelle étrangère. Donc, celui qui doit gagner va gagner; les autres sont priés, pour l’amour d’Allah et du Mali, de ne pas ruer dans les brancards ! ».


Ce que Dioncounda Traoré dit là est d’une infinie sagesse mais un candidat battu, qui voit s’éloigner le festin et les boissons fraîches du palais, entend-il la voix de la sagesse? Ventre affamé n’ayant point d’oreilles, les propos du président ont toutes chances de tomber dans des oreilles de sourds. En tout cas, qu’il soit sourd, affamé ou muet, tout candidat, avant même d’être candidat, a entendu le président français, François Hollande, répéter que la présidentielle malienne se tiendrait en juillet 2013 et que là-dessus, il se montrerait « intraitable ». Reprenant le micro à Hollande, le président ivoirien de la CEDEAO, Alassane Dramane Ouattara, a martélé que le respect du calendrier établi – juillet 2013 – est absolument nécessaire. Dans la foulée, MackySall, le chef de l’Etat sénégalais, a assuré urbi et orbi que le monde entier s’effondrerait si le Mali ne votait pas en juillet. Quand on lui a demandé si un vote pouvait se tenir avec des listes et des cartes électorales affreusement bidonnées, le premier des Wolofs a répondu que le Mali revenait de trop loin pour se préoccuper de ces détails de luxe. Laurent Fabius, le ministre français des affaires étrangères, partage le même avis; selon lui, quels que soient la qualité et le niveau de distribution des cartes Nina, le scrutin aura lieu et le Mali devra se contenter du président qui aura raflé la majorité des votes effectifs. Aucune de ces hautes autorités ne conteste l’organisation défectueuse du scrutin mais toutes estiment qu’il vaut mieux avancer le nez dans guidons, sans se poser des questions. Après tout, laissent-elles entendre, le Mali n’a jamais été la Norvège et nous avons bien toléré, par le passé, des dictateurs fieffés. En clair, si le « Vieux Commando » a inventé le consensus de la marmite, pardon !, le consensus politique, nous nous apprêtons à vivre, après lui, un scrutin bâclé par consensus.


Sans être Nostradamus, l’antique devin, on peut prédire beaucoup plus de naufragés que de survivants. Le bâteau électoral malien prend, en effet, eau toutes parts sur une mer démontée et sous un ciel secoué de tonnerres. Le président de la CENI, Mamadou Diamountani, pour se dédouaner à l’avance du flop électoral qui se profile à l’horizon, commence à claironner que son institution ne peut remplir sa mission dans des délais si courts. Il rate une bonne occasion de se taire car ce n’est pas au moment où l’ennemi se trouve à nos portes qu’il faut apprendre à tirer. Le même Diamounténé n’assurait-il pas à la télé, quelques jours après la chute du « Vieux Commando », que 2 petits mois suffiraient à la CENI pour jouer tout son rôle? Et pourquoi 12 mois plus tard n’est-il toujours pas prêt ? Révolté que l’illustre personnage souffle ainsi le chaud et le froid, le colonel-ministre de l’Administration Territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, a expliqué que la CENI, chargée d’une simple mission de supervision, n’organise pas le scrutin qui, a juré l’officier, se tiendra bel et bien dans les délais prévus. Je m’attendais à voir le sieur Diamounténé démissionner sur-le-champ mais il n’en fit rien. Du coup, il perd toute possibilité de justification après le vote.


Pourquoi donc cette précipitation générale à organiser vaille que vaille le scrutin en juillet ? Les raisons sont multiples. La France, qui a botté le train aux jihadistes du nord-Mali, en a marre de supporter le fardeau d’une guerre qui lui coûte un million d’euros – 650 millions de FCFA- par jour alors que son économie bat de l’aile. L’ONU, qui a décidé de prendre le relais de la valeureuse France, est une démocrate très sourcilleuse: elle ne veut pas traiter avec « un régime issu du putsch » du 22 mars. Par cette diplomatique expression, l’ONU vise non seulement l’ex-junte militaire mais aussi le président et le gouvernement de Transition, autorités qui n’auraient pas pris le pouvoir sans le putsch et qui, d’ailleurs, ne refusent pas grand-chose au capitaine Sanogo. A l’instar des Américains, les autres bailleurs de fonds veulent voir la tête du nouveau président malien avant de desserrer les cordons de la bourse. Enfin, tout ce beau monde juge inutile d’aider notre pays tant qu’il n’aura pas fait la paix avec les rebelles touaregs; or lesdits rebelles, se sachant couvés par les puissances occidentales, refusent de négocier avec un régime de Transition appelé, à bref délai, à débarrasser le plancher…


Bref, on revient à ce que Dioncounda Traoré a déclaré aux candidats : un président sera « élu » à travers un scrutin bidon; mais prière de ne pas le contester ! Problème : certains candidats se croient déjà élus; quand ils apprendront leur défaite, il risquent fort de piquer un infarctus du myocarde.D’autres candidats sont trop âgés pour se permettre de rater le coche encore une fois : il leur faudra alors attendre 2024, fin du second mandat du futur président, pour prendre leur revanche; or Allah n’a signé avec personne, candidat ou non, un contrat de survie à durée indéterminée sur la terre ! Certains autres candidats en ont assez de tirer le diable par la queue depuis l’avènement de cette foutue démocratie; s’ils n’étaient pas élus cette fois-ci, ils pourraient bien crever de faim avant 2024. Quelques candidats ont dû s’endetter auprès des parents, amis et et connaissances pour payer les 10 millions de caution et acheter la signature des 10 députés réquis pour le parrainage; qui va rembourser ce pactole en cas de défaite ? En somme, il y a trop d’intérêts personnels liés au scrutin de juillet. Les incantations et les prières ne permettront pas, à mon humble avis, de calmer les passions des vaincus.


Si l’on veut vraiment que l’élection soit « apaisée », je suggère que les députés votent tout de suite, en session extraordinaire, un fonds dit d’« apaisement électoral ». Constitué de 0,2% du budget d’Etat 2014, il servira à indemniser les candidats battus au scrutin du 28 juillet. Les plus vieux, qui n’ont plus de chances de se rattraper dans l’avenir, auront une part plus importante que les plus jeunes. Les plus populaires auront une meilleure part que ceux qui sont venus, en réalité, amuser la galerie. Mais tous les vaincus émargeront au fonds. Bien entendu, pour en bénéficier, tout candidat battu doit éviter toute protestation publique et, surtout, toute contestation de rue. Le candidat battu qui décide de s’exiler immédiatement, et sans bruit, à Dakar gagnera une prime spéciale qui lui sera remise, dès son arrivée à l’aéroport de Dakar Yoff, par le « Vieux Commando » en personne. Vous trouvez ce fonds d’apaisement électoral injustifié ? Eh bien, l’est-il plus que la caisse noire du chef de l’Etat, les indemnités des anciens présidents ou l’aide publique annuelle à des partis politiques dont les militants tiendraient dans une boutique ? Je ne le crois pas. Et puis, je vous le garantis, le fonds d’apaisement a d’autant plus de chances d’atteindre son objectif que les candidats craignent comme la peste le bâton des policiers et que les militants auront déjà épuisé les sacs de mil et de riz gagnés pendant la campagne électorale.

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