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L’esclavage au Nord : une réalité historique qui ne s’accommode pas de la démocratie représentative
Publié le mardi 23 juillet 2013  |  L’enquêteur




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La stratification sociale au nord du Mali place les arabes au sommet de la pyramide, les touaregs plus loin après et les sonrhaï loin derrière avant les peulh, les bélla et les sudistes (Bambara, Dogon et autres).

La solidarité (l’apprentissage de la solidarité dans le malheur) de groupe d’opprimés a créé naturellement une affinité de classe chez les noirs de « 2nd degré » (sonrhaï, peulhs, soninké,….) qui n’assument aucune révolte, ni la moindre animosité avec leurs « maîtres » ; ce qui a instauré un semblant de paix et de stabilité selon des règles acceptées et entretenues par toutes les communautés malgré les relents de discrimination et d’injustice qu’elles charrient. Voici les bases précaires (un équilibre instable) sur lesquelles s’appuie la nation malienne depuis des siècles pour construire et entretenir tant bien que mal sa réalité concrète. Les arabes et les touaregs autochtones sont en général des commerçants, les touaregs et les arabes nomades des éleveurs. Les autres pratiquent l’activité que leur choisissent les deux premiers groupes. La modernité s’exprimant dans un contexte environnemental et sécuritaire du sahel de plus en plus hostile, l’activité de délinquance et du crime devient du coup très attrayante, surtout chez les touaregs à la culture hybride qui en fait des adeptes du moindre effort, des oisifs heureux; tandis que les communautés arabes naturellement plus islamisées, deviennent de plus en plus une source fertile très accessible aux recrutements d’adeptes du radicalisme islamique du fait de réelles affinités culturelles et religieuses. Bien malin l’étranger qui chercherait à dénouer cette nasse spontanée qui se renforce de croyances, de pratiques, de contradictions et d’ambitions pudiquement tues et bien cachées par les montagnes de pierres et les ruisseaux de sable du désert.

Une telle organisation sociale défie avec assurance les règles modernes et démocratiques de vie sociale qui donnent une part prépondérante à l’exercice et au respect des droits humains garantis dans le droit international par la déclaration universelle des droits de l’homme. La grande faiblesse de ces principes est que la garantie de leur exercice n’est opératoire, d’une part, que dans un environnement où les revendications de l’opprimé s’expriment de manière audible et libre à travers le jeu démocratique et par la révolte populaire ou bien dans un contexte exceptionnel de prise en charge spontanée et généreuse de l’émancipation de l’esclave par son maître, d’autre part.

Mais un contexte comme celui du Mali où la majorité numérique assume son « infériorité » sociologique et psychologique et même politique vis-à-vis de la minorité dont elle accepte et perpétue la prééminence, la prépondérance et l’ascendance, l’exercice et le respect des droits humains n’ont aucune chance de succès malgré leur inscription dans la législation. Cela d’autant plus que même l’opprimé libéré par l’éducation scolaire, l’instruction, l’expérience, les responsabilités et les faveurs de la loi, court généralement le risque d’être banni et maudit par les siens (ses propres parents) dès qu’il manifeste des signes et des comportements d’émancipation ou de résistance. Ces situations sont bien décrites par le Professeur Cheikh Anta Diop lors de son allocution à la jeunesse du Niger en 1984 en ces termes : « Je crois que le mal que l’occupant nous a fait n’est pas encore guéri, voilà le fond du problème. L’aliénation culturelle finit par être partie intégrante de notre substance, de notre âme et quand on croit s’en être débarrassé on ne l’a pas encore fait complètement.

Souvent le colonisé ressemble un peu, ou l’ex-colonisé lui-même, à cet esclave du XIXème siècle qui, libéré, va jusqu’au pas de la porte et puis revient à la maison, parce qu’il ne sait plus où aller. Il ne sait plus où aller… Depuis le temps qu’il a perdu la liberté, depuis le temps qu’il a appris des réflexes de subordination, depuis le temps qu’il a appris à penser à travers son maître (…) »


Tout cela pour dire que le problème du nord du Mali en général et de Kidal en particulier a ses propres solutions dans les réalités sociologiques du milieu qui s’expriment encore et toujours en toute souveraineté. Ouaga, Paris ou New York ne constituent qu’un piège de fausses solutions qui n’ont de réalité que dans la tête des comploteurs contre le Mali. En réalité le MNLA n’a une existence qu’à travers son QG à Ouaga et son Centre de com à Paris.


Pour dire que les soubresauts qui ont marqué ces derniers jours le climat socio-politique à Kidal, avec l’assassinat de quatre personnes et l’enlèvement de cinq représentants de l’administration territoire du Mali, ne sont que la manifestation perverse de l’accord bâtard de Ouaga.

En tout état de cause, la réalité du terrain fera que demain, le MNLA sera nécessairement combattu socialement et minorisé par les autres membres de la communauté touareg pour leur survie.

Ensuite leurs protecteurs français vont être obligés de les lâcher ou de quitter la zone.


Une fois ce point 0 atteint une nouvelle fois, les maliens du nord qui croient à la nation malienne et qui ne militent pas pour la sécession, en arriveront un jour à gérer légitimement la réalité du pouvoir local. Par le fonctionnement normal de la démocratie représentative, les populations noires autochtones majoritaires accéderont inéluctablement au pouvoir. Tout traitement ou tentative de traitement durable de cette question, devra nécessairement intégrer cette perspective sociologico-historique ou sera voué à un échec lamentable.



ABD

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