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Intervention française au Mali – acte II : le Serval électoral en marche
Publié le vendredi 2 aout 2013  |  L’aube


© AFP par ERIC CABANIS
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Les Maliens, qui s’attendaient à une élection transparente et crédible, ont été surpris de constater une vaste machination électorale (c’est souvent le cas en Afrique) qui n’avait qu’un seul objectif : offrir le fauteuil présidentiel à un candidat, conformément aux directives de la France. Qui, après l’opération Serval (largement appréciée par les Maliens), exécute cette autre opération « le Serval électoral ». Objectif : imposer un président aux Maliens.

Le tripatouillage des résultats est en marche. Et le président désigné de la France en complicité avec l’ex junte, sera bientôt installé à Koulouba contre la volonté du peuple.

La sortie du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, Moussa Sinko Coulibaly, en dit long sur la mascarade servie aux Maliens. Ils sont nombreux nos compatriotes à exprimer leur agacement vis-à-vis du ministre colonel, qui au lieu de donner les résultats chiffrés de l’élection présidentielle, s’est contenté de faire des commentaires sur un candidat. Selon lui, ce candidat dispose d’une « avance confortable sur les autres candidats et on n’aura pas besoin d’un second tour si les mêmes tendances se confirment ». Il ne s’agit ni plus, ni moins que d’une sortie pour conforter les partisans de ce candidat dans leur conviction que leur mentor est largement en tête. Où est donc l’impartialité de l’administration?

Des mandataires nationaux regrettent cette sortie du ministre Sinko, qui a contribué à alimenter les doutes au sujet des résultats du vote en se prononçant sur des tendances portant, selon lui, sur 1/3 des résultats. Les mandataires de plusieurs candidats sont unanimes : la commission n’a même pas dépouillé 15% des résultats. Et le ministre se permet d’annoncer la victoire d’un candidat. Les tendances devraient être suivies de chiffres, région par région ou cercle par cercle. Au lieu de ça, le ministre affiche sa préférence. Histoire de préparer l’opinion à accepter les résultats ? Sans doute.

Au ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, la confusion règne. « Tout est planifié pour verrouiller le système et empêcher les citoyens de comprendre le hold-up programmé », indique des mandataires. La commission de centralisation serait mise à l’écart dans le traitement des informations provenant de l’intérieur du pays. Les résultats lui sont dictés et aucun moyen pour vérifier la véracité des informations. Même scénario au niveau des cercles.

En effet, il est reproché à certains préfets de confisquer les résultats et de refuser leur accès aux mandataires locaux.

Dans notre parution (N° 540 du jeudi 25 juillet 2013), nous titrons ainsi : « Présidentielle du 28 juillet : Un hold-up planifié ? ». Nous dénoncions un réseau qui veut prendre le pays en otage en instaurant le chaos lors de cette présidentielle. Il y avait un montage grotesque pour désigner un candidat, notamment Ibrahim Boubacar Keïta, comme futur président de la République. Nous n’étions pas le seul à avoir dénoncé cette fraude électorale. Le Front du Non à la nouvelle constitution (FNC) avait aussi tiré la sonnette d’alarme, en faisant une contribution intitulée « Mali : Chronique d’une élection pipée ». le FNC met en garde les Maliens : « Que le peuple du Mali se le tienne pour dit : Serval lui sera fatal ! ». Et cite en avance le « tiercé gagnant » de cette élection, notamment « Ibrahim Boubacar Keïta, Président ; Soumeylou Boubeye Maïga, Premier ministre ; et le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef d’état-major occulte de l’armée… ». Il n’a pas encore été démenti dans les faits.

Les incohérences du directeur de l’administration territoriale

Le directeur de l’administration territoriale, Bassidi Coulibaly, a été pratiquement confondu sur les antennes de l’ORTM sur le retard pris dans la publication des résultats. Il avait tout dit sauf ce qui devrait se passer. Il a annoncé sur le plateau du journal de 20h (le lundi) que le département n’avait reçu aucun procès-verbal (PV) et qu’il ne pourrait y avoir d’annonces, même partielles, avant le vendredi 2 Août. Pour justifier cette argumentation, il a évoqué la distance qui séparait Bamako des régions de l’intérieur.

A la surprise générale, le ministre lui-même le contredit (le mardi après-midi) en affirmant que tous les PV sont au niveau du département. Et qu’ils sont au stade des confrontations. Cette contradiction entre le directeur et de son ministre illustre le cafouillage de l’administration.


Idrissa Maïga

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