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Affaire du patient « égorgé » au CHU Gabriel Touré Une affaire Me Aïda Niaré bis ?
Publié le lundi 2 mars 2020  |  L’enquêteur
L`atmosphère
© aBamako.com par A S
L`atmosphère dans quelques services publics pendant la grève de l`UNTM
L`atmosphère dans certains services publics durant les deux jours de grève de l`UNTM (21 et 22 Août 2014)
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Le Centre Hospitalier-universitaire Gabriel Touré de Bamako renoue avec ses vieux démons. Un jeune patient souffrant de difficultés respiratoires et qui y avait été admis pour des soins, y trouvera la mort dans des circonstances encore troubles. L’affaire est désormais devant la justice et rappelle tristement celle dite de l’avocate « Aïda Niaré ».
Les faits se sont déroulés dans la matinée du mercredi passé. Sékou Kanouté, fils d’Ibrahima, venait d’être admis au service des urgences du CHU Gabriel Touré pour y recevoir des soins. Il souffrait de difficultés respiratoires sévères. Les chirurgiens se proposent alors de lui pratiquer une intervention chirurgicale complexe appelée techniquement la trachéotomie », consistant à ouvrir la gorge du patient afin de laisser passer l’air. Au cours de l’intervention, le jeune patient laissera la vie sur la table d’opération, la gorge ouverte. L’échec de l’opération aurait pu être qualifié d’erreur médicale si les chirurgiens du Gabriel Touré avaient requis l’aval des parents. Ce qui ne fut nullement le cas et, pour la famille de la victime, il s’agit ni plus ni moins qu’un acte criminel de la part des agents de l’hosto.
Les faits
Le mercredi 26 février 2020, tôt le matin notre rédaction a été saisie par un tiers pour ce qui est désormais appelée « l’affaire du patient égorgé par un agent de santé au CHU Gabriel Touré ». En effet, le mardi 25 février2020, Sékou Kanouté, un jeune de Lafiabougou de 18 ans a été admis à l’hôpital Gabriel Touré pour difficultés respiratoires. Selon son père,Ibrahima Kanouté, son fils souffrait d’asthme sévère. Arrivé à l’hôpital, le jeune hommeest admis aux services des urgences. Comme cela semble devenu habituel dans les établissements hospitaliers publics du Mali, la prise en charge du jeune va être sans cesse remise à plus tard bien qu’admis au service des urgences. Il aura fallu un long moment de concertations et de conciliabules entre la famille du patient et les urgentistes. C’est bien après que les agents décideront de s’occuper du patient, déjà très affaibli. Le père a reçu un bout de note sur lequel on lui demandait d’aller chercher une somme de 60.000 F CFA pour un scanner. Aussitôt, Ibrahim Kanouté se rend à la banque pour effectuer un retrait d’argent. A son retour, il sera terriblement ébranlé par la nouvelle qui va lui être annoncée. Son fils a trouvé la mort pendant que les médecins tentaient de lui faire une trachéotomie. Chose qui n’était nullement à l’ordre du jour. «Ce que je n’ai pas compris, c’est que les médecins ne m’ont pas averti qu’ils allaientpratiquer une ouverture à la gorge de mon enfant. Ils attendent que je tourne le dos pour faire l’intervention en plein air dans un endroit pas trop approprié. Vraiment, j’ai besoin d’explication », se plaint le père, inconsolable.
L’attitude de l’équipe médicale et de la direction de l’hôpital tranche avec l’éthique
En réalité, ni l’hôpital ni la direction de l’hôpital n’avaient informé la famille Kanouté des circonstances de la mort de leur enfant. L’horrible découverte est en réalité faite à la morgue du CSREF de la Commune IV, à Lafiabougou, par un gardien chargé d’y admettre le corps afin de faciliter la préparation des funérailles. Lors du rapatriement du corps, le gardien de la morgue du CSREF de la Commune IV, ayant aperçu du sang au niveau de la gorge du cadavre et refusera l’accès du corps dans la chambre froide. Il exige alors des explications. C’est ainsi que les parents de la victime sauront que la gorge de leur enfant a été ouverte. Mais, par qui ? La brigade de recherche du commissariat du 5ème arrondissement a été saisie en même temps que le procureur du tribunal de grande instance de la Commune IV pour élucider cette affaire. Selon certaines indiscrétions, sur le certificat du décès remis aux parents, la case « cause du décès » n’était pas renseignée et selon les mêmes sources, un autre acte aurait été établi avec la mention« Arrêt Cardiaque Respiratoire » (ACR). Toutes manœuvres qui ont suscité la curiosité des parents et provoqué la suspicion du procureurIssiaka Coulibaly qui a décidé de confisquer le corps du jeune Sékou jusqu’au petit soir du mercredi alors que l’enterrement était prévu le même jour à 10 heures. C’est après moult tractations que le corps a été restitué à sa famille après autopsie. Le hic, à l’hôpital Gabriel Touré l’auteur de cet acte ignoble n’a pas pu être identifié car la solidarité de corps à primé sur la déontologie et le professionnalisme.
Qu’en dit l’hôpital ?
Nous avons rencontré les responsables de l’hôpital pour des besoins de recoupement. Son surveillant général M. Diabaté, n’a pas souhaité se prononcer sur cette étrange affaire. Une autre source du même établissement replace les choses dans leur contexte : « il s’agit d’un patient admis le 25 février pour difficultés respiratoires. Après radiographie effectuée, un obstacle observé dans le thorax ayant occasionné le 26 février une trachéotomie c’est-à-dire ouverture de la gorge pour laisser passer l’air devant l’impossibilité de respirer. Le décès est survenu peu de temps après car aucune sonde n’a pu traverser les voies respiratoires ». Approché par nos soins, le responsable du syndicat des agents de santé de l’hôpital, un standardiste de profession et donc non habilité pour parler d’un tel sujet, nous a donné ce qui peut être considérée comme la version de l’hosto. Il s’agit de Djimé Kanté. Il réfute la thèse de l’égorgement mais évoque plutôt une vaine tentative de sauver la vie d’un asthmatique condamné par le moyen d’une technique chirurgicale légale. « Dans de telles situations de difficultés respiratoires, il faut obligatoirement une large ouverture au niveau de la gorge. Et cela peut se faire n’importe où. Que le patient soit en bloc ou pas, les médecins n’avaient plus aucun choix. Ils l’ont perdu en cherchant à lui sauver la vie. », nuance Djimé Kanté.
Une affaire qui rappelle celle dite de l’avocate « Aïda Niaré » …
Devenu depuis quelques années un véritable mouroir à ciel ouvert, le CHU Gabriel Touré n’en est pas à son premier cas du genre.La tristement célèbre affaire dite de l’avocate feue Aïda Niaréavait fortement secoué le milieu médical en 2007. L’avocate qui aurait, sur conseil d’un marabout avait avalé une noix de cola s’est retrouvée dans le bloc opératoire de l’hôpital où sur la table d’opération les choses se compliquent quand les médecins échouent à lui extraire de la gorge la noix de cola qui s’y trouvait bloquée. Evacuée hors du pays, c’est sans vie que le corps de l’avocate sera ramené au pays. L’affaire a entraîné un arrêt de travail chez les médecins du secteur public pendant quelques jours.
Cette nouvelle affaire de « patient égorgé », qui rappelle bien celle d’Aïda Niaré, ne fera que davantage ternir l’image de cet hôpital qui avait pourtant semblé faire la mue avec la nomination d’un nouveau DG.
Alou Badra DOUMBIA, source L’Enquêteur
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