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COVID-19 en Afrique : l’urgence du long terme et de la solidarité internationale !
Publié le lundi 30 mars 2020  |  L’aube
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Quoiqu’il en soit et quoi qu’il en coûte, il est essentiel de mettre en place dès aujourd’hui une collaboration internationale d’urgence pour aider les pays qui n’ont pas de systèmes de soins suffisants à endiguer la propagation du COVID-19.
«Il est maintenant clair que par manque de vision et par carriérisme, tous nos responsables politiques se sont adaptés à un ordre financier criminel et ont contribué à créer la situation où nous sommes. C’est cet ordre qu’il faut abolir ». (Jacques Cheminade)

Oui, les morts inutiles d’aujourd’hui sont bel et bien la conséquence des erreurs d’hier. Des erreurs qui sont devenues des crimes, dans un monde totalement soumis à la finance ; et ce, depuis le 15 juillet 1971 (rupture des accords de Bretton Woods), ainsi que depuis le « consensus de Washington ».

Dans le court terme, redisons-le : il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour limiter la pandémie de coronavirus : port des masques, confinement maximum, distanciation sociale, gestes barrières, etc. – en étant plus responsables que nous ne le sommes à ce jour en France.

Cependant l’heure est venue d’aller plus loin : en pensant et en agissant autrement à l’échelle du monde, et en se projetant à nouveau sur le long terme. Il est impératif de développer des services publics efficaces – tant en temps normaux que pour les périodes de crise (avoir des stocks pour ne pas réagir quand il est trop tard par exemple) – et d’organiser, plus largement, des économies permettant de tendre vers une autosuffisance alimentaire et sanitaire, pour tous et partout.

L’Afrique en particulier, livrée aux politiques des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale et leurs complices) ne sera pas en mesure d’éviter des milliers de morts, malgré le courage de ses soignants et de ses peuples. Les quelques cas déjà signalés sur le continent, notamment dans des pays figurant parmi les plus pauvres de la planète, ainsi que la perspective du prochain hiver austral (créant les conditions d’un futur effet boomerang chez nous à l’automne – avec la possibilité d’une mutation du virus), doivent tous nous alerter dès maintenant.

Sur France Info Afrique, le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, a déjà tiré la sonnette d’alarme : face à la menace du coronavirus, qu’il a qualifiée « d’ennemi de l’humanité », « les pays africains pourraient être frappés par une catastrophe sanitaire sans précédent » a-t-il déclaré, ajoutant : « L’Afrique doit se réveiller. Elle doit se préparer au pire dès aujourd’hui ».

Rappelons qu’un autre fléau est déjà en cours en Afrique australe, menaçant des millions et des millions de personnes de famine : l’invasion de criquets pèlerins, décimant les récoltes et gagnant les territoires arabiques et au-delà. La mobilisation d’urgence est donc plus qu’une nécessité.

L’expérience chinoise qui doit inspirer l’Afrique !

Alors que l’Europe et les Etats-Unis sont en proie à leurs propres fantômes (les politiques d’austérité, ayant accompagné depuis des décennies les folles croyances dans les « bienfaits » du libéralisme et du monétarisme), tout le monde s’entend à reconnaître que le peuple chinois a fait preuve d’une réactivité exemplaire – dès que la mesure de l’importance de l’épidémie a été prise.

Et pourtant, le succès de la Chine face à cette pandémie est le résultat de sa coopération scientifique de long terme avec les autres – ceux-là mêmes qui peinent à faire face au virus aujourd’hui : la France notamment, ainsi que les Etats-Unis – malgré les nombreuses dissensions que l’on connaît…

Une rapide rétrospective s’impose donc, rapportée le 5 février dernier par Jennifer Bouey. Ce récit avait été préparé pour une audition sur le COVID-19, menée aux Etats-Unis au sous-comité de l’Asie du Comité des Affaires étrangères de la Chambre.

Une rétrospective que nous voulons exemplaire pour le monde entier, et en particulier pour l’Afrique.

Parce qu’en 2003, le virus du SRAS prenait la Chine – qui n’avait ni centre national de lutte contre la maladie, ni système national de notification des cas – par surprise, les autorités du pays ont déployé tous les moyens politiques, financiers et humains pour changer la donne. Sans hésiter, ils ont bouleversé leurs politiques de santé publiqueen un temps record. Ainsi, en 20 ans, la Chine a connu des avancées spectaculaires ; et ce, notamment grâce à sa collaboration avec les organisations sanitaires américaines. Les Centers for Disease Control (CDC) américains et le Centre national chinois de lutte contre la grippe (CNIC), ont ainsi pu établir une expertise technique en Chine pour faire face à la grippe aviaire H5N1.
Et en 2009, soit cinq ans plus tard, alors que la grippe porcine H1N1 frappait le Mexique et les Etats-Unis, les autorités américaines et chinoises partageaient des informations et des technologies pour lutter contre le virus – au point que la Chine devenait le premier pays à produire en masse un vaccin contre le H1N1 ! Le CNIC a commencé à tester plus de 20 000 virus grippaux par an et à former d’autres pays à la lutte contre la grippe. En 2013, la collaboration sino-américaine s’est révélée essentielle en Chine, touchée par l’épidémie de grippe aviaire hautement mortelle H7N9 (avec un taux de mortalité de 30 %).
En 2014, c’est lors de l’éclosion de l’épidémie d’Ebola, encore plus mortelle, que ce travail en commun a joué un rôle décisif – des équipes médicales américaines et chinoises s’étant mises à collaborer sur le terrain en Afrique.
En 2015, elles ont tenu un symposium sino-américain sur Ebola et sur la recherche et la sécurité sanitaires mondiales, organisé par le National Institutes of Health des Etats-Unis (NIH).
Malheureusement, la géopolitique a repris le dessus récemment, et le personnel du NIH et du CDC basé à Beijing a été réduit. Puis les États-Unis ont fermé leur bureau de la National Science Foundation à Beijing…

Quoiqu’il en soit et quoi qu’il en coûte, il est essentiel de mettre en place dès aujourd’hui une collaboration internationale d’urgence pour aider les pays qui n’ont pas de systèmes de soins suffisants à endiguer la propagation du COVID-19.

Dans l’immédiat, seuls les pays les moins submergés devront être les plus actifs, comme aujourd’hui la Chine, mais aussi la Russie, ou encore Cuba (connue depuis longtemps pour son système de santé performant et sa tradition de coopération sanitaire).

L’Institut Pasteur en France doit s’affirmer dans cette démarche, notamment à l’égard de l’Afrique. Or si le dévouement des chercheurs et des experts est bien là, reconnu par la Chine elle-même, c’est la volonté politique des autorités françaises qui est absente. Notre combat vise à la faire naître.

Oui, se préparer au pire. Mais aussi et surtout, ici et maintenant, sortir d’un ordre financier criminel, afin que soit possible de bâtir des systèmes de santé publiques dignes du XXIe siècle.

La France devra jouer un rôle de médiateur, d’inspirateur et de catalyseur pour que les principaux chefs d’Etat du monde – Chine, Russie, Etats-Unis et Inde –, se réunissent et mettent en œuvre une politique de mobilisation sanitaire à l’échelle du monde.

Seul un nouvel ordre économique et monétaire international pourra en être le fondement, respectant la souveraineté de chaque Etat, dans une mobilisation générale pour servir la cause de l’humanité.

Sébastien Périmony

Paris, 23 mars 2020
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