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Tiéman Hubert Coulibaly président de l’UDD et de l’ARP : “Un gouvernement d’union nationale est nécessaire aujourd’hui au Mali” “Notre regroupement ARP aura son candidat en 2023”
Publié le samedi 16 mai 2020  |  Aujourd`hui
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature entre les Nations Unies et le gouvernement du Mali de l`accord conjoint d`appui à la transition au Mali.
Bamako, le 11 mars 2013 dans la salle de conférence du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale. Le ministre Tiéman Hubert Coulibaly et le représentant résidant des Nations Unies Aurelien Agbenonci au Mali ont procédé à la signature du document.
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La participation de l’Union pour la démocratie et le développement (Udd) et du regroupement Alliance pour la République et le progrès (Arp) au dernier scrutin législatif, le maintien ou non de Boubou à la Primature, la formation du nouveau gouvernement, l’élection de Timbiné au Perchoir, la présidentielle de 2023…sont, entre autres, les sujets sur lesquels nous sommes entretenus avec l’ancien ministre de la Défense, des Affaires étrangères et aussi de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, non loin président du parti Udd et du regroupement politique Arp.
Aujourd’hui Mali : Aux dernières élections législatives, l’Udd passe de 1 à 4 députés. Quelle appréciation en faites-vous ?

Tiéman Hubert Coulibaly : Forcément, c’est une appréciation positive. Mais je ne peux pas dire que ma satisfaction est totale pour la simple raison qu’au regard des résultats que nous avons comptabilisés, notre parti aurait pu ou aurait dû avoir plus de députés. De notre point de vue, l’Udd aurait dû compter 7 députés au lieu de 4 car nous réaffirmons que nous avons gagné l’élection à Mopti tout comme à Tenenkou, mais la Cour constitutionnelle a tranché en notre défaveur, donc il n’y a plus de recours possible et nous tirons les leçons de ce qui s’est passé à notre propre niveau.

Nous sommes obligés aussi de tirer ces leçons au niveau national. Nous avons fini avec l’élection de 2020, il ya en aura d’autres, même si nous ressentons un peu d’amertume et de regret par rapport à ce qui s’est passé. Mais nous disons que l’exercice démocratique consiste à tirer les leçons et à faire en sorte que certaines causes qui conduisent à des phénomènes désagréables peuvent être combattues au moyen d’actions légales sur le plan politique et législatif pour que notre pratique de la démocratie présente de meilleurs visages, d’élection en élection.

le président, vous affirmez que votre parti a gagné les élections législatives à Ténenkou et à Mopti. Quels sont les éléments de preuves à votre disposition et qui vous permettent de parler avec une telle certitude ?
Nous avons beaucoup d’éléments à cet effet. Par exemple, pour la circonscription électorale de Mopti, notre liste a gagné dans 90% des quartiers de la commune urbaine de Mopti. Cela est un fait qui ne s’est jamais produit au cours de l’histoire des élections législatives de notre dans cette circonscription électorale, à savoir Mopti. Au surplus, à Koubaye, à Ouromodi, à Soye, Dialloubé il n’y a pas eu d’élections dans ces localités, mais des résultats ont été fabriqués pour ces zones et comptabilisés.

Beaucoup d’éléments attestent la véracité de mes propos. Mais malgré toutes les actions que nous avons menées au niveau administratif et sur le plan judiciaire, ce qui s’est passé au premier tour a été répété au second tour. Au passage, vous savez qu’après le premier tour, le Procureur du Tribunal de Grande instance de Mopti s’est saisi de cette affaire de bourrage d’urnes. Il a administré une condamnation sévère de trois ans d’emprisonnement ferme à l’endroit de prévenus coupables de cette subtilisation d’urnes lors du premier tour.

Au second tour, les mêmes acteurs ont utilisé les mêmes moyens pour inventer des voix au bénéfice de la liste adverse. Donc je persiste qu’à Mopti nous avons gagné les élections.

Quant à Tenenkou, au second tour, notre liste est arrivée en tête avec 96 voix d’avance, il a fallu que l’administration, en complicité avec nos adversaires, aille inventer des voix dans la commune de Sougoulbé et la commune de Dia, précisément dans les villages de Tenema et Dioboye.

Dans ces deux villages aussi, il n’ya pas eu de vote, mais malgré tout 500 voix ont été fabriquées dans ces deux localités et ont même entrainé des quiproquos sur des documents qui ont été constatés lors de la centralisation des résultats.

Puis, en revenant sur le cas de Mopti, je vous demande simplement de mettre la main sur le rapport de la Ceni sur le cercle de Mopti qui établit aussi exactement ce que je vous ai dit. Donc c’est clair que dans ces deux circonscriptions nous avons gagné les élections, mais je répète encore une fois de plus, je suis un républicain, je respecte les institutions de mon pays. En aucune manière je ne peux agir dans l’objectif de les affaiblir ou de les décrédibiliser. Au contraire, je travaillerai à faire en sorte que leur propre action renforce leur crédibilité car quand on ne croit plus aux institutions, cela crée une situation à déstabiliser le pays.

Mon positionnement est de faire en sorte que nous devions nous battre pour réformer ce système parce qu’en tant que tel il est devenu nocif pour la République. Nous ne pouvons pas continuer à regarder ce genre de pratiques s’opérer et penser que nous allons pouvoir pacifier le pays. Donc dans les semaines et les mois à venir, dans notre action au sein de la majorité présidentielle, nous allons être porteur de projet de reforme du mode de scrutin.

A cet égard, qu’est-ce que vous proposez donc ?

Je propose que le mode de scrutin pour l’élection des députés soit la proportionnel. Cela éviterait beaucoup d’arrangements qui ne font pas honneur à personne et ce mode de scrutin permettrait d’assurer cet élément important de la pratique démocratique qu’est l’idéal de représentativité.

Pour certains, la démocratie est vivace si tout le monde participe or ce n’est pas seulement un objectif de participation, mais plutôt un idéal de représentativité. Il faut que ceux qui sont élus soient représentatifs du peuple. Il faut que ceux qui donnent le mandat se reconnaissent en ceux qui l’exercent. Si tel n’est pas le cas, nous naviguerons de malentendu à malentendu. Donc nous allons inscrire ces réformes dans nos objectifs. Aussi, il faut que les juristes de notre pays se penchent sur le traitement du contentieux électoral. Deuxièmement, en tant qu’ancien ministre de l’Administration territoriale, je le dis, nous devons aussi nous interroger sur le rôle de l’Administration dans la gestion des opérations électorales. En tout cas, l’agence permanente des élections qui a été prévue depuis plusieurs années pourrait être utile. Je pense qu’il ya ce triple regard à jeter non seulement sur le mode de scrutin, mais aussi sur le rôle de l’Administration et la prise en charge du contentieux électoral.

Sur un tout plan, est-ce que la moisson a été bonne pour le regroupement que vous présidez ?

Oui, deux partis membres de l’Arp sont présents à l’Assemblée nationale avec 14 députés. Il s’agit du Mpm qui a eu 10 députés et de l’UDD qui en a eu 4.

Et depuis quelques jours nous enregistrons des manifestations de sympathie et intentions d’adhésion. Aussi, je pense qu’à l’Assemblée nationale, en plus des députés génétiquement Arp (Udd-Mpm) d’autres formations vont nous rejoindre pour siéger au sein de notre groupe.

Aujourd’hui, nous sommes rassurés pour dire que notre groupe parlementaire pourrait compter plus de 20 députés.

Actualité oblige ! Quelle appréciation faites-vous de l’élection de Moussa Timbiné au perchoir ?

Je félicite le président Timbiné pour son élection. Il faut dire qu’il a été plébiscité à l’Hémicycle. Elu non seulement par les députés de la majorité présidentielle qui ont voté pour lui, ce qui est normal, mais aussi il a bénéficié des voix de l’opposition. C’est très bien, mais cela a aussi un sens. C’est aussi un message.

Il faut désormais savoir décrypter ce message. Le président de l’Assemblée doit devoir travailler à équilibrer les relations entre les différents groupes politiques qui vont siéger à l’Assemblée nationale.

Il va devoir donner une réponse à ce vote massif exprimé pour lui en exerçant sa présidence dans une grande sagesse, en préservant les équilibres. Mais aussi et surtout en travaillant de manière à ce que les textes qui vont passer et qui concerneront les réformes institutionnelles, les réformes politiques, des questions territoriales, soient traitées avec équidistance. Parce que quand vous êtes élus de cette manière là, cela veut dire que beaucoup ont placé en vous un espoir, si minime soit-il. Il conviendrait que le président Timbiné travaille dans cet état d’esprit. Je l’ai appelé au téléphone pour le féliciter, je lui ai aussi adressé une lettre officielle dans laquelle j’ai évoqué ce point de vue. Monsieur Timbiné a eu beaucoup de chances et je souhaite que cette chance l’accompagne durant le temps qu’il exercera cette présidence.

Donc il pourra compter sur votre accompagnement ?

Bien sûr ! Il peut compter sur l’Arp. Nous sommes un regroupement de la majorité présidentielle. Je l’ai dit à plusieurs reprises dans vos colonnes, même si certains ont toujours insisté à nous faire passer pour autre chose. Nous sommes un regroupement de la majorité qui a son identité. Nous travaillerons de manière à apporter une contribution positive à l’action du gouvernement. Nous sommes aussi signataire de l’accord politique de gouvernance. Depuis le début du mandat d’Ibrahim Boubacar Kéïta, nous l’avons accompagné de manière loyale et l’Arp compte aujourd’hui des partis qui étaient opposés au président lors de son premier mandat, mais qui aujourd’hui ont décidé de l’accompagner dans l’objectif de la stabilisation du pays.

Tieman Hubert est-t-il prêt à faire son entrée au gouvernement s’il est sollicité ?

Vous savez, moi j’ai eu beaucoup de chance car j’ai eu le privilège de servir à un très haut niveau. D’abord le président Dioncounda Traoré m’a fait confiance, puis le président IBK. De très, très hautes missions m’ont été confiées, j’ai essayé de les accomplir du mieux que je pouvais. Je suis un homme politique, chef de regroupement politique. Me mettre en mission pour mon groupe politique, mais aussi en mission pour le Mali quand le Mali le souhaite, on ne peut refuser. Mais je ne suis pas dans une course au fauteuil.

L’Arp compte beaucoup de cadres tout comme l’Udd et si les plus hautes autorités sollicitent l’Arp, nous répondrons présent. Maintenant qui et qui iront au gouvernement pour ces missions, çà on verra bien. Sinon, personnellement, je ne suis pas obsédé par mon propre sort.

Aujourd’hui, je suis plutôt préoccupé par le sort du pays, notamment comment faire en sorte que la prochaine équipe gouvernementale puisse répondre aux attentes des Maliens et de régler les problèmes car les problèmes que nous avons sont nombreux. Il faut à cet effet mettre un gouvernement sur place qui puisse aider le président de la République à atteindre ses objectifs.

Un gouvernement animé par des cadres créatifs, audacieux, qui se mettront en mission exclusive du Mali. Je pense que pour le prochain gouvernement, le président de la République doit penser à un gouvernement d’union nationale. Cela permettrait de mettre les compétences de tous bords au travail, de pouvoir compter sur tout le monde, mais à condition que chacun joue le jeu de manière loyale. Je pense que cela aidera son Premier ministre.

Votre point de vue par rapport au maintien ou non du Premier ministre Boubou Cissé ?

Je pense Boubou Cissé fait bien son travail, il fait du mieux qu’il peut car la situation n’est pas facile. Nous avons servi au gouvernement ensemble, il a été ministre des Mines, il a été ministre de l’Economie, je l’ai toujours vu faire son travail avec une grande abnégation, une grande compétence. Maintenant, il ya des problèmes immédiats qu’il va falloir régler avec l’aide de la nouvelle Assemblée nationale. Il s’agit des questions de réformes territoriales, des réformes sociales, il y a aussi le problème des enseignants. Tout ça dans un contexte de raréfaction des ressources internes. Il convient aujourd’hui d’engager une double réflexion sur le plan économique et financier, mais aussi sur le plan social de manière à régler ces problèmes-là. Je crois que l’idée d’un gouvernement d’union nationale de 25 à 30 membres pourrait aider à la résolution de ces problèmes. Cependant, que Boubou Cissé reste ou pas, le choix relève du président IBK.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président IBK ?

Nous avons des rapports normaux. Je suis chef d’une coalition de la mouvance qui le soutient. De mon point de vue, nos rapports sont bons.

2023, c’est dans moins de 3 ans. Est-ce que votre parti ou votre regroupement va présenter un candidat ?

Il est certain que l’Arp aura un candidat, mais à la question de savoir qui sera le candidat. On verra bien.

Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition est porté disparu depuis près de deux mois. Pour avoir servi à de hautes fonctions, selon vous est ce qu’il existe des éléments rassurants quant à son éventuel retour ?

Je prie Dieu tous les jours pour son retour en bonne santé. L’enlèvement de Soumaïla Cissé est une grande tristesse. D’ailleurs, Soumaïla nous manque et nous vivons douloureusement sa captivité.

Dans ce contexte, il faut tout faire, pour que ceux qui l’ont enlevé se mettent dans les dispositions de le libérer, quel que soit le prix. Je voudrais dire que ces affaires-là ne se règlent pas sur la place publique. Elles se règlent dans la grande discrétion.

Votre mot de la fin ?

Je vous remercie pour l’opportunité que vous me donnez aujourd’hui. Notre pays est saisi d’une grande mauvaise humeur qui traverse Sikasso, Kayes, Bamako, la pandémie à Covid19, les suites des élections législatives, cette bavure policière à Kayes qui sera punie, mais qui crée une situation d’angoisse. Donc plus que jamais, nous devons travailler à l’unité, à la cohérence. Il ne faut pas se saisir de ces situations-là pour penser que les institutions sont fragilisées et conduire des actions malveillantes.

Il faut au contraire cultiver l’espoir pour dire que les temps sont durs et nous devons serrer la ceinture, nous devons faire en sorte que les gens de bonne foi se retrouvent pour proposer au Pays des solutions qui peuvent lui apporter le meilleur. Il faut travailler avec bonne foi car ce pays-là est le nôtre, personne ne pourra chasser un Malien dans son pays, mais il faut permettre à chaque Malien de vivre dans son pays de manière à ce qu’il puisse être heureux. L’Arp travaillera de bonne foi pour apporter, tant que cela est possible, nos propositions de solutions afin d’aider ceux qui ont les commandes à pouvoir faire face à ses difficultés-là.

Réalisé par El Hadj A.B.

HAIDARA et Kassoum THERA
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