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Après la mort d’une vingtaine de jeunes par Forsat : Qu’espérons-nous désormais d’IBK ?
Publié le lundi 13 juillet 2020  |  Le Combat
Rassemblement
© aBamako.com par momo
Rassemblement de la CMAS et certains partis politiques à Bamako
Bamako, le 05 Juin 2020, la Coordination des Mouvements et Associations de Soutien à Mahmoud Dicko (CMAS) et ses alliés ont organisé un grand rassemblement à la place de l`indépendance.
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Sidy Doumbia, Téké Sylla, Mamadou Bah… et encore d’autres, sont tous des jeunes que leurs parents voudraient voir devenir des hommes. 17 jeunes ont été tués et plus de 70 blessés, dont un mort à l’intérieur même de la mosquée, en plus d’une dizaine de blessés, tel a été le bilan dans l’affrontement entre les agents de Forsat (Force spéciale antiterroriste) et les partisans de Dicko devant l’édifice de Culte de l’Iman Dicko à Badalabougou samedi 11 juillet 2020. Hier dimanche, triste journée, une cérémonie religieuse a été organisée dans ladite mosquée pour quatre jeunes qui ont perdu la vie avant de les inhumer au cimetière de Sabalibougou. Les autres morts ont été emportés par leurs assassins juste après les avoir tués et leurs corps n’ont toujours pas été rendus aux proches.




En effet, vers les environs de 13 heures, des agents de cette force se sont dirigés vers la maison de l’Iman Dicko pour certainement l’appréhender. Son gardien a vite compris et de suite a fait des tirs de sommation pour alerter les fidèles et partisans de ce dernier. Dans la foulée, la rue a été noire de monde. Les jeunes venus de tous les coins de la capitale se sont mis en position de bouclier humain pour protéger leur Iman. Quelques heures plus tard, le renfort guerrier arrive sur le lieu avec deux Berdems et un blindé rempli d’hommes coagulés. À peine dans la rue, ils commencent par jeté des gaz lacrymogène. Mais c’est de méconnaitre la détermination de ces jeunes à poursuivre leur barricade. Alors, les tirs pleuvent plus de 2 heures non-stop. Et le comble, c’est que cet acte terroriste touche un lieu de culte qui a tout donné à IBK.

Cette crainte qui hâte chacun de nous en tant que parent d’accompagner un jour son fils à la mairie ou à la mosquée pour le marier, lui trouver une bonne femme, des vertus solides et tout simplement du bonheur est malheureusement impossible aux parents des jeunes tués par des balles réelles. Ce jour en quittant Papa et maman pour aller revendiquer le droit d’avoir une meilleure vie, ils n’ont jamais pensé un instant que celui-là même qui doit veiller sur leur sécurité, leur président pouvait envoyer des hommes pour les massacrer.

Badalabougou est un vieux quartier de Bamako donc très peuplé. Mais en aucun moment, les criminelles au solde du pouvoir n’ont hésité à tirer à balle réelle durant des heures pour terroriser les habitants de ce secteur. Plus grave, l’édifice religieux criblé de balles s’est soldé à l’intérieur même, d’un mort et plusieurs blessés. On se demande finalement qui sont les VRAIS terroristes. Durant toute la nuit, la peur au ventre, les paisibles citoyens n’ont pas fermé l’œil s’attendant à de nouvelles attaques.

Pour rappel, la mosquée de Badalabougou était en 2013 le Q.G d’IBK lors des élections présidentielles où sans exception tous les fidèles musulmans ont voté pour lui, un secret de polichinelle. L’iman Dicko même l’a avoué lors du meeting du 19 juin. Et le comble de l’ironie, aujourd’hui, ce même lieu est devenu la cible de ce même IBK. Un carnage inouï comme si l’adversaire n’était autre qu’Amadou Kouffa. Malédiction ou pas, en tout cas, c’est troublant et donne matière à réflexion !

Inutile aujourd’hui de dire que IBK n’aime pas son peuple, vu le peu d’estime porté aux Maliens, sauf dans le cas particulier où il les approche avec de fausses promesses pour avoir leurs voix aux élections. Toutefois, aucune saveur ne justifie à un président d’ordonner à des forces spécialisées dans le terrorisme de tirer à balle réelle sur des manifestants à main nue.
Tuer des jeunes pour protéger les biens publics prouve que la vie d’un Malien n’a aucune valeur pour le « Mandé massa ». Nous mettons bien l’accent sur « le Malien » puisqu’on l’a vu verser des larmes aux obsèques du sénégalais, feu président du Haut conseil des collectivités territoriales, Ousmane Tanor Diengle ou à la mort des journalistes français G. Dupont et C. Verlondes et encore…

Samedi dernier, la violence de cette attaque a fait tomber le voile de la face cachée d’IBK et nous a dévoilé un autre visage de cet homme différent de celui qui à tout bout de champ pleure. Nous étions face à une vengeance à la hauteur ou plus de ce que IBK pense subir comme affront. Dans l’obscurité, ces étincelles provenant des tirs exprimaient la rage qui faisait extravaguer ses commanditaires. Et dire qu’IBK n’est pas fou de pouvoir, nous en doutons fort ! Entre casseurs et assassins, le choix est vite fait.

Par ailleurs, nous estimons qu’après son discours du samedi soir, une fois de plus, il continue de jouer à son jeu favori, qui est la manipulation. Comment après avoir tué des Maliens, IBK peut sortir pour nous parler d’apaisement et de concession ? Une stratégie autant perverse que sournoise qui fait froid au dos. Cela nous inquiète au plus haut niveau de savoir que nous sommes gouvernés par un dirigeant aussi froid que manipulateur.

Aussi, étrangement, IBK annonce toujours ses propositions à travers ses différentes adresses à la nation, comme pour dire que c’est vous qui m’intéressez et pas ceux-là qui sont demandeurs. Une technique apparente à celle de la manipulation pure et simple.
Cette fois-ci de manière factuelle, dans son discours, il fait croire devant son peuple que sa proposition d’abroger la Cour constitutionnelle est convenable. Encore une incompréhension puisque la présidente de la Cour constitutionnelle a été formelle : « la Cour ne peut pas se dérober de l’application de la loi. Quoi qu’il advienne, il faut que la loi soit appliquée par la cour constitutionnelle, sinon c’est remettre l’existence même de l’État en cause… ». De ce fait, Manassa dit tout le contraire de ce que IBK propose comme offre. Qui croire alors ?
Dans un tweet, l’ex-ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaila Konaté s’exprime ainsi : «le président rajoute l’illégalité à l’illégalité. Jamais Décret de nomination des membres de la Cour constitutionnelle n’a été abrogé. Ultime sacrilège que le sort des juges constitutionnels réglé / l’exécutif. L’acte du président excède ses pouvoirs, viole la loi, une forfaiture ».
D’ailleurs, présentement la crise malienne n’est pas uniquement sociopolitique, mais une crise profonde de confiance demeure. Le peuple ne croit plus à la parole de son président.
Supposons qu’il soit de bonne foi. Un autre piège se prépare à l’Horizon, étant donné que le président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, celui-là même qui a été mal élu et qui est décrié de partout doit choisir trois membres de la nouvelle Cour constitutionnelle. Or ce dernier aux yeux des Maliens n’est pas représentatif. Une incohérence qui par la suite pourrait bloquer le processus. Allons-nous encore vers un gros mensonge d’État ?
Quant au fait de ne pas prendre dans son gouvernement d’union nationale les casseurs, nous pensons qu’il y a problème puisque Mohamoud Dicko avait déjà rejeté cette offre et pour l’instant ces casseurs dont il parle veulent autre chose que d’être dans un quelconque gouvernement.
Quoiqu’il advienne, quelqu’un va répondre un jour aux meurtres commis lors de la manifestation du M5.

Neimatou Naillé Coulibaly

LE COMBAT
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