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Imam Mahmoud Dicko : «Ce n’est pas un problème de partage de gouvernance…»
Publié le mardi 28 juillet 2020  |  Le Tjikan
L`imam
© Autre presse par DR
L`imam malien Mahmoud Dicko lors du lancement de son mouvement politique la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le 7 septembre 2019 à Bamako.
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Après l’échec des deux premières médiations de la Cedeao dans la crise sociopolitique au Mali, en juin et juillet, la nouvelle mission de haut niveau, composée de cinq chefs d’Etat, a encore échoué. Pour cause, selon l’imam Dicko : ils ont voulu entériner leurs propositions antérieures, sans un débat de fond.

«Le président, ce n’est pas la Cedeao qui l’a élu. C’est nous qui l’avons élu», a indiqué Dicko, qui a manifesté sa non-satisfaction de la façon dont la rencontre s’est tenue entre lui et les 5 chefs d’Etat venus pour la médiation.

A en croire l’imam Dicko, il s’attendait d’abord, de la part des hôtes, à une forte condamnation sur l’utilisation des armes à feu par les forces de maintien d’ordre sur les manifestants, occasionnant la mort par balle de plusieurs citoyens. Au lieu que ceux-ci viennent fixer des lignes rouges.

«Dans le protocole de la Cedeao, il est dit que le peuple doit exiger de leurs dirigeants la bonne gouvernance et la démocratie. J’ai beaucoup de respect pour l’organisation, je mesure aussi qu’à chaque fois que le Mali est en difficulté, ils se déplacent pour être à notre chevet ; je ne peux pas ignorer cela. Je demande qu’ils aillent en profondeur dans leur recherche de la paix, à chercher des solutions qui ne sont pas superficielles», a-t-il souhaité.

En effet, un sommet extraordinaire a été convoqué hier lundi 27 juillet par les chefs d’Etat de la Cedeao, afin de se prononcer sérieusement sur la situation. Aussi, une trêve de 10 jours a été décrétée par le comité stratégique du M5-RFP, le temps de préparer la fête de Tabaski. Ils promettent de retourner dans les rues pour la désobéissance civile le deuxième jour de la fête en cas de non accord.

«Nous sommes d’accord que le président est élu ; il faut le laisser exercer son mandat. Je l’ai dit à tout le monde. Mais que le président aussi accepte que les gens cherchent des solutions pour améliorer la gouvernance d’ici la fin de son mandat», a rappelé l’imam.

«Je croyais en lui avant qu’il ne soit au pouvoir, et quand il est venu au pouvoir, il a fait un mandat. J’ai arrêté de le soutenir, parce que j’ai vu que son bilan n’était pas élogieux et je le lui ai dit», a rappelé l’imam, qui regrette le fait que tout le Mali soit aujourd’hui embrasé.

« Vous voulez qu’on s’asseye et regarder le Mali s’abîmer ? Je suis seulement l’autorité morale de ce mouvement, je ne suis pas l’instigateur, je ne suis pas le mobilisateur comme les gens le disent. Je reste imam», a souligné Dicko.

Témoin et acteur à la fois de l’avènement de la démocratie au Mali, les rôles qu’il a joués dans les associations musulmanes lui ont permis de connaître les hommes politiques du pays. D’après lui, la proposition de la Cedeao n’a pas fait l’objet d’un grand débat. Et comme tout le monde, ils l’ont vu comme ça, à travers un communiqué. Selon lui, les chefs d’Etat sont venus entériner les recommandations antérieures, sans une discussion franche.

«Rien n’a été fait dans l’art des choses ; ce n’était pas un accord. Les chefs d’Etat sont venus, ils ont parlé avec leur homologue malien à en huis-clos là-bas, ils se sont mis d’accord sur quelque chose et ils sont venus nous dire: ‘’ce que la délégation de la Cedeao a dit, c’est comme ça et nous vous appelons au calme, etc.’’. Nous aussi, nous avons dit mais, écoutez, nous sommes un pays souverain, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné», a confié l’imam.

Et d’ajouter: «Nous n’acceptons pas qu’on vienne nous dicter des choses comme ça, sans un débat, sans un rien. Et avec tout le respect qu’on leur doit, on ne peut pas accepter ça. Je suis au regret de parler comme ça, mais c’est comme ça que nous, nous voyons les choses. Ils ont répondu en indiquant qu’ils ne sont pas là pour nous dicter quoi que ce soit, mais que le protocole de la Cedeao dit ceci et cela. Donc, on ne s’était pas compris par la fin».

Dialogue de sourds

Parlant du gouvernement d’union nationale, il dira qu’ils ont émis au président qu’il faut un Premier ministre consensuel. Chose qui leur a été refusée et à la place, on leur a demandé d’amener des représentants qui seront mis dans le gouvernement. Et le Premier ministre reste. «Celui qui est là, il est dans sa gouvernance que les gens sont sortis pour venir tirer sur nos maisons et tuer des enfants innocents. Vous voulez qu’on laisse le même chef conduire un gouvernement de mission pour travailler et redresser la situation du Mali? Qu’on donne seulement quelques responsables ? Mais non!», a regretté Mahmoud Dicko.

Selon lui, le format gouvernemental n’a pas été discuté et c’est cela le drame.

«Nous avons parlé du gouvernement d’union nationale, mais le format que ça doit prendre, nous n’avons pas discuté de cela. Les propositions de 50%, 30% et 20% n’ont pas fait l’objet de débat. C’est seulement des incantations, des intentions qu’on nous a dit. Ils ont fait leur communiqué sans même nous appeler et nous associer à cela. Ce sont des propositions qu’on a apprises comme tout le monde. Le problème n’est pas un problème de partage de gouvernance. C’est d’abord un problème de gouvernance en profondeur», a-t-il déploré.

Aussi, il estime qu’aucun gouvernement ne peut aller en tournée aujourd’hui au Mali. Des choses qui, selon lui, devaient faire l’objet de débat. Au lieu de nommer quelques-uns dans un gouvernement qui, d’après lui, va rester à Bamako faire du surplace.

En attendant donc les conclusions du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la question, rien n’a bougé.

Moussa Sékou Diaby / Le Tjikan
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