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Aïda Hamahady Oualate, présidente fondatrice de JDWS : “Au-delà des sensibilisations, nous plaidons la gratuité des soins pour les fistuleuses”
Publié le mardi 8 septembre 2020  |  Mali Tribune
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Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS) est une organisation qui se bat au quotidien pour rendre leur dignité aux femmes du Sahel, à travers diverses activités. Sa présidente, Mme Aïda Hamahady Oualate, de passage à Bamako, a bien voulu nous expliquer la philosophie de cette ONG. Entretien




Mali-Tribune: Qu’est-ce que Justice and Dignity for the Women of Sahel?

Aïda Hamahady Oualate : JDWS est une ONG de droit américain créée par une ressortissante malienne en collaboration avec des personnes d’origines diverses. Sa mise en place découle d’un constat amer sur les difficiles situations auxquelles sont confrontées à longueur de journée les femmes dans la bande du Sahel et spécifiquement au Mali.

Ces situations résultent d’une part des us et coutumes pratiqués par nos sociétés et d’autre part par une marginalisation de la femme dans la sphère publique. En plus de cela, les femmes sont confrontées à une maltraitance endémique et une violation de leurs droits les plus élémentaires dans la plus grande indifférence de l’opinion.

C’est dans ce contexte que JDWS veut apporter sa participation pour rééquilibrer la balance et combattre les injustices pour que femmes et filles puissent évoluer dans des sociétés qui favorisent leur épanouissement.

Mali-Tribune : Quelles sont les actions menées au Mali ?

A.H. O. : Depuis sa création, il y a de cela un an, l’ONG JDWS tente, avec les moyens de bord, de lutter contre les violences basées sur le genre par le biais d’actions directes comme l’appui à la prise en charge des victimes et aussi par le biais d’actions indirectes telles que des campagnes de sensibilisation, des analyses de situation du phénomène (enquêtes) et enfin des actions de plaidoiries.

En somme, voici le résumé des activités entreprises par l’ONG même si elle compte élargir son champ d’actions dans un futur proche avec la mise en place de centres d’accueil et d’écoute et aussi des activités de renforcement de capacités pour autonomiser la femme.

En juin 2020, l’ONG Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS), a publié une étude sur l’impact de la pandémie de coronavirus sur les violences basées sur le genre (VBG) dans six pays sahéliens dont le Mali. Dans ce document, l’ONG a alerté sur la hausse des violences basées sur le genre dans cette région en pleine crise sanitaire liée au coronavirus. Ainsi, avec l’irruption de la Covid-19, on assiste à une flambée de cas de violences basées sur le genre (VBG) au Sahel, selon une ONG. La situation pourrait s’aggraver à défaut d’une prise en charge adéquate.

Sur 1056 femmes/filles enquêtées, 551 déclarent avoir subi des violences verbales ou physiques durant la crise sanitaire. Ces violences sont de nature diverse. De 40,63 % avant la pandémie à 52,18 %, soit 12 % d’augmentation. La présidente fondatrice de l’organisation non gouvernementale dédiée à la protection des sahéliennes contre les violences, Mme Aïda Hamahady Oualate, constate que face aux VBG, “États et ONG n’arrivent pas à coordonner leurs actions“.

Mali-Tribune: Quels sont vos projets à court terme ?

A. O. : Au-delà, des activités déjà initiées qui entrent dans un plan d’action bien défini, l’ONG JDWS est en train de rechercher des partenariats pour la mise en place de projets qui prendront en compte toutes les activités ci-dessus mentionnées, pour toucher un grand nombre de personnes car la demande est là, puisque le phénomène prend chaque jour des proportions plus inquiétantes.

L’ONG “Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS)/ Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel (JDFS)“ a officiellement été créée dans notre la paye le 6 septembre 2020.

Dans le cadre de la célébration de ce 1er anniversaire au Mali, l’ONG a décidé de donner la parole aux acteurs d’intervention de la prévention et la lutte contre les VBG.

Pour ce faire elle, a réalisé une série d’interviews avec des religieux, les acteurs des forces de l’ordre et de la justice ; les responsables des Centres de santé spécialisés dans la prise en charge des cas de VBG. Elle a aussi interrogé les gardiens de la tradition (griot).

Mali-Tribune: Que faites-vous pour les fistuleuses ?

A.H. O. : Nous sommes au regret de constater que cette maladie est en train de détruire le ménage d’un grand nombre de femmes dans le pays, parce que le sujet est considéré comme tabou ou honteux. C’est une maladie comme toutes les autres qui nécessite seulement une prise en charge spécifique, peut-être, un peu coûteux pour certaines. Donc au-delà des sensibilisations que nous voulons initier dans ce cadre pour une meilleure compréhension de sa nature, fistule, nous voulons plaider pour la gratuité des soins. Mais actuellement, nous participons à la prise en charge des femmes atteintes de fistules par des appuis financiers et des accompagnements psycho-sociaux pour une meilleure réintégration.

Mali-Tribune: Selon vous, comment rendre la dignité aux femmes victimes ?

A.H. O. : Notre société est organisée selon des normes et des lois dont la justice est garante. Donc tout acte contraire à ces normes est puni par la loi. Dans le cadre des violences basées sur le genre, on constate avant tout que c’est une atteinte à la dignité de la femme et une violation de son intégrité physique en tant qu’humain. Donc le minimum qu’on peut faire pour ces victimes, c’est réclamer justice et réparation des dommages qu’elles ont subis de manière symbolique car rien ne pourra effacer le mal qu’elles ont vécu. Par-là, nous espérons que la société qui a tendance à incriminer les victimes, les perçoive comme des victimes abusées dans leur vulnérabilité et leur apporte le soutien nécessaire pour leurs réintégrations psychosociales.

Mali-Tribune: Travaillez-vous avec des institutions de l’Etat au Mali ?

A. H. O. : Ce combat que nous menons est porté par divers acteurs dont l’Etat et la société civile. Pour une meilleure réponse face à ce phénomène, nous collaborons avec tout le monde, institutions sanitaires, forces de l’ordre, chefs religieux et coutumiers, organisations de femmes, ONG et institutions internationales car l’objectif est de permettre l’émergence d’une société paisible où toutes les sensibilités pourront évoluer pleinement et sainement.

Par ma voix et celle de toute l’équipe, nous remercions toutes les personnes engagées avec nous dans ce combat.

Propos recueillis par

Aminata Agali Yattara

Mali Tribune
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