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Géneral de Brigade Souleymane Yacouba Sidibé : “L’honnêteté dans la relation amicale était pour lui un dogme”
Publié le lundi 23 novembre 2020  |  L’aube
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Au nom de la 4ème Promotion “Général Abdoulaye Soumaré” de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA) le Général de Brigade Souleymane Yacouba Sidibé dit Bebel a eu un vibrant hommage au Général Amadou Toumani Touré, lors de ses obsèques nationales. Voici l’integralité de son discours.
Bissimilahi rahamani rahim. Gloire à Allah, LeTout-Puissant, Le Tout Miséricordieux, Seigneur de la terre et des cieux. Si on s’accorde volontiers à reconnaître qu’un Président de la République, ancien ou en exercice, appartient à la nation entière une et indivisible, il n’en demeure pas moins vrai que son affiliation à des cercles tels la cellule familiale, le groupe ethnique ou confessionnel, la promotion, demeure aussi une réalité.Le témoignage que je porte ici à la mémoire de l’ancien Président du Mali, le Général d’armée Amadou Toumani Touré, s’inscrit dans la logique de ce postulat ou de cet axiome, comme il plaira à chacun de l’entendre. Mon témoignage est le message que la Promotion Général Abdoulaye Soumaré, 4e promotion de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA), me charge d’adresser à la famille, aux nombreux parents, amis et sympathisants de notre regretté compagnon d’armes.

“Un devoir rempli laisse toujours dans l’âme un sentiment qui ressemble au remord, celui de n’avoir pas assez fait.”, disait Goethe. Tel est celui qui m’anime aujourd’hui alors que je m’apprête à évoquer le film de 50 années d’une amitié indéfectible qui naquit en 1969 lorsque les 30 jeunes adolescents que nous étions franchirent pour la première fois le portail de la prestigieuse école de formation militaire implantée à l’époque au camp Soundiata de Kati.

Par quel bout commencer le récit post mortem d’un compagnonnage, d’un cheminement côte à côte à travers le voyage de la vie, ce parcours initiatique au cours duquel nous avions eu une complicité sans faille dans le partage des moments heureux et des épreuves les plus endurantes au fil de l’apprentissage du métier de soldat, puis de futur officier, à travers ces exercices de combat dans les collines et autres mouvements de terrain des environs de Kati et Koulikoro, et plus tard de notre engagement réel sur les théâtres d’opérations dans des conflits armés locaux ou même ayant opposé notre cher pays à des pays tiers ?

Ces souvenirs qui font aussi sourire, disais-je tantôt, notamment les séances de close-combat au cours desquelles notre cher compagnon, aujourd’hui disparu, ne trouvait point de partenaire à cause du sérieux qu’il mettait dans l’exécution des prises.

Parce qu’il était ainsi l’élève-Officier Amadou Toumani Touré. Parce qu’il ne savait pas tricher, parce qu’il se dépensait sans compter, qu’il s’impliquait à fond dans tout ce qu’il entreprenait. Avec un tel trait de caractère, ce volontarisme spontané, l’Officier qu’il devint plus tard ne pouvait que susciter l’admiration et engranger les succès dans sa brillante carrière militaire, qui ferait rêver plus d’un, au regard de son ascension jusqu’au sommet de la hiérarchie.

En lui, la rigueur militaire cohabitait harmonieusement avec une sensibilité à fleur de peau, la générosité du cœur et l’amour du prochain. Il avait la passion de l’amitié. L’honnêteté dans la relation amicale était pour lui un dogme, qui l’emportait sur tout autre.

Quelle promotion, civile ou militaire, ne serait pas fière de compter dans ses rangs un homme d’exception qui s’est vu confier par la communauté internationale autant de missions au-delà de ses frontières nationales, qui a obtenu une pléthore de prix, de distinctions honorifiques et même si tel n’était le souhait de personne…qui est pleuré par tout un peuple, de Diboli à Herèmakono, et de Zégoua à Tin Zaouatine ?

Dans ces moments empreints d’une infinie tristesse, notre compassion va en premier lieu à Lobbo, son admirable épouse et à ses enfants Fanta, Mabo et Lobbo. Qu’elles trouvent ici l’assurance de notre soutien total dans l’épreuve que l’implacable destinée de l’homme nous impose tôt ou tard, celle d’un combat où la mort triomphe toujours de la vie, nous rappelant que la vie n’ est qu’un rêve, et la mort le réveil.

Reposez en paix, Monsieur le Président !

Vos camarades de la 4e Promotion de l’Emia ne vous oublieront jamais, mon Général.

Nous te confions au Tout-Puissant, mon cher ATT, sobriquet que je suis fier de t’avoir donné par un jour de grande inspiration, et qui ne t’a plus jamais quitté.
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