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Dr Moussa Sanogo DGA de l’hôpital Gabriel Touré : «Prendre tous les patients en charge avant même de les identifier»
Publié le mardi 20 aout 2013  |  Maliba Info




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Dr Moussa Sanogo est pharmacien de formation. Spécialisé en gestion hospitalière et consultant en santé, il est titulaire d’un doctorat en santé publique. Dr Sanogo a travaillé dans le privé avant d’être chef de département au laboratoire national de la santé. Cet homme qui a également laissé ses empruntes au ministère de la santé, est aujourd’hui Directeur Général Adjoint de l’hôpital Gabriel Touré. C’est lui que nous avons rencontré pour en savoir davantage sur le fonctionnement actuel du centre hospitalier Gabriel Touré. Interview !
Maliba-Info : Avant l’installation de la nouvelle équipe dont vous faites partie, il existait beaucoup de difficultés au sein de l’Hôpital Gabriel Touré. Doit-on dire aujourd’hui que ces difficultés sont de mauvais souvenirs ?
Dr Moussa Sanogo : Sachez d’abord qu’il s’agit d’un hôpital qui a connu beaucoup de problèmes par son passé. Et, convenez avec moi, on ne peut pas changer toutes ces difficultés d’un seul revers de la main. De toute façon, nous en sommes conscients et nous nous attelons à trouver des solutions à ces problèmes, à les prendre en charge et à faire de cet hôpital ce que nous attendons de l’hôpital Gabriel Touré.
A quel niveau se situait le gros de ces difficultés ?
Bien dit ! Les difficultés étaient à plusieurs niveaux. Il y avait d’abord une des premières difficultés qui était du côté organisationnel. D’abord, nous avons travaillé de sorte que les différents services techniques du département puissent évoluer dans un climat de complémentarité enfin qu’il y ait une coordination dans la prise en charge des patients. Puis, il y a la question concernant l’accessibilité aux soins.
Parlant des soins, il fallait faire de manière que tous les malades qui ont besoins des soins puissent les avoir dans les meilleures conditions possibles. Ce faisant, il nous fallait suffisamment de moyens, tant sur le plan matériel que financier. Mais au-delà de toutes ces difficultés, je le répète, il y avait le climat social qui posait un énorme problème : je parle du rapport entre les différents personnels, mais aussi de celui entre le personnel et l’administration. Donc, à priori, il fallait établir un climat de confiance entre le personnel et l’administration afin de garder un climat apaisé au sein du département.
Vous avec beaucoup insisté sur les problèmes financiers. Entretemps, que disaient les prestataires ?
Oui, il faut le reconnaitre ! Le centre Gabriel Touré est un hôpital qui a suffisamment amorcé de dettes par le passé. Quand nous venions aux affaires en janvier dernier, l’hôpital était endetté à plus de 92 millions FCFA Banque. Et du coté des fournisseurs, le centre Gabriel Touré devait une dette d’environ 1,5 milliards de FCFA. A notre arrivée, nous avons d’abord souhaité appeler ces différents partenaires, les rassurer et les ramener à collaborer avec nous car bon nombre d’entre eux avaient longtemps arrêté de travailler avec l’hôpital. D’où cette crise au sein de l’établissement. Il fallait leur dire qu’on est engagé sur la voie du changement, leur demander d’être patients et de donner une chance à l’hôpital de rembourser ses dettes. C’est seulement en travaillant qu’on pourra les rembourser, cela n’est pas à rappeler.
La nouvelle équipe va-t-elle devoir tout faire toute seule ?
Certainement pas ! Raison pour laquelle nous avons rapproché le ministère pour qu’il nous vienne en appui par rapport aux dettes fournisseurs. En ce qui concerne les 92 millions FCFA Banque, ici à l’hôpital, nous avons pris certains nombres de dispositions pour que le niveau des recettes puisse être augmenté, qu’il y ait plus de transparence dans la gestion et qu’on puisse limiter au mieux les payements parallèles qui se passent au sein de l’hôpital constituant des fuites importantes de ressources.
Les choses commencent donc à bouger ?
On peut le dire ! Aujourd’hui il y a une augmentation de recettes de 52% pour les deux premiers trimestres que nous venons de passer, c’est-à-dire de janvier en juin-juillet. Et on était même à 73 % au niveau de la pharmacie pour le 1er trimestre. Tout va mieux au niveau de la radiologie et au niveau du laboratoire malgré des difficultés d’approvisionnement en réactif auxquelles nous avons pu trouver des solutions adéquates.
Quelles sont les priorités de l’heure ?
Nous avons des projets en vu pour rendre agréable l’hospitalisation, refaire les salles d’hospitalisation tout en insistant sur l’hygiène et l’assainissement. Nous allons faire en sorte que l’hôpital soit très-très propre. Ce faisant, nous pensons à la sécurisation des déchets biomédicaux à savoir les seringues, les aiguilles et surtout les déchets anatomiques et pathologiques ; qu’ils soient tous sécuriser jusqu’au lieu de traitement final. Nous avons beaucoup de chantiers à réaliser pour que ce département puisse jouer son rôle d’hôpital de référence. Pour permettre plus de visibilité dans la cour, nous avons élagué les arbres de l’intérieur. Et nous envisageons aussi libérer l’extérieur, car le premier contact d’un hôpital c’est d’abord ce que l’on voit.
Récemment il y a eu des mouvements de grève au centre Hospitalier Gabriel Touré. Qu’en dites-vous ?
C’est vrai, il y a eu des mouvements de grève parce que les travailleurs avaient des arriérés de ristournes, donc des éléments de motivations. Chaque trimestre l’hôpital doit au personnel 30% des recettes de surveillance comme suffrage d’encouragement. Mais depuis quelques mois, il y a eu des difficultés dans le payement. Bien entendu, des difficultés qui trouvent leur origine dans la gestion antérieure où il y a eu des accumulées. Il y avait même des petits bouts de 2011, voire de 2012. Et pour nous, cette lutte était légitime. C’était des gens qu’il fallait mettre dans leur droit.
Ils l’ont été?
Absolument ! Nous avons travaillé, bien que ce ne fût pas de notre gestion, nous avons tout fait pour les remettre dans leurs droits. A travers les démarches que nous avons effectuées auprès de la hiérarchie, il y a eu un appui exceptionnel de plus de 100 millions FCFA pour qu’on puisse éponger toutes ses dettes. Et aujourd’hui, tous les travailleurs sont intégralement payés. Ils n’ont absolument rien avec l’hôpital. Les derniers payements ont eu lieu la veille de fête de Ramadan. Et nous avons travaillé ici jusqu’à 3 h du matin pour payer les travailleurs afin de leur permettre de faire la fête avec leur sous.
La nouvelle équipe est jugée d « trop exigeante ». Que répondez-vous ?
Cet aspect est humain, car le changement n’est jamais présent. Quand on veut changer, il faut toujours s’attendre à des réactions. Ce sont des intérêts qui sont en jeu. Les intérêts sont parfois menacés par le processus de changement. Mais il y a aussi la mauvaise interprétation, le sens que l’on donne à ce changement. C’est un changement que nous avons apprécié et que la population, dans son ensemble, apprécié aussi.
Le changement, vous dites ?
Oui, maintenant à l’Hôpital Gabriel Touré, il y a un suivi dans tout ce qui se passe, de la qualité du service donné aux compétences professionnelles. En gros, nous voulons implanter un certain nombre de rigueur. Et, convenez avec moi, cela ne va pas sans des mécontentements. De toute façon l’on doit comprendre que l’objectif visé est que l’hôpital puisse donner des soins à la satisfaction générale des populations. Imaginez, chaque année cet établissement reçoit près de 5 milliards de FCFA du budget, donc du contribuable malien. Obligatoirement ce contribuable doit être investi au compte du peuple.
Donc vous vous conformez directement à la loi ?
Exactement ! Et c’est tout ce qu’il faut retenir. Notre base de fonctionnement est la loi. A titre d’exemple : aujourd’hui, au niveau des urgences, tous les patients sont immédiatement pris en charge avant d’être identifiés comme le préconise la loi. Tel qui n’était pas le cas auparavant. Et pourtant c’est ce que disent les textes médicaux. Le patient venu d’urgence doit être pris en charge par le service de soin avant l’intervention de sa famille. Mais, même ce geste fait aussi couler des salives.
Et à propos du syndicat ?
Avec le syndicat, nous avons récemment élaboré un plan de communication définissant ainsi un cadre d’échanges. C’était le premier jeudi de chaque mois qu’on se voyait. Au niveau de l’admiration, nous avons souhaité revoir cette périodicité, puis nous avons remis la rencontre à chaque deux semaine. Par ailleurs, il est possible de rencontrer le Directeur et son adjoint si le cas se présente. On est ouverts à tout le monde, car la communication est un de nos chantiers fondamentaux. Tout ceci, parce que nous voulons simplement jouer la carte de la transparence.
Un message à l’endroit du personnel et des usagers de l’hôpital?
Que l‘on revienne à un climat apaisé, que chacun mette un peu de l’eau dans son vin, qu’on puisse veiller sur la spécificité de l’hôpital. C’est un lieu où les gens viennent chercher espoir et ça ne doit pas être bouillant ici ! Nous devons tous être patients. Que le personnel comprenne aussi que le changement arrive toujours avec le temps. Malgré les difficultés, nous devons mettre l’intérêt de l’hôpital en avant.

Propos recueillis par Djibi

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