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Ibrahim Boubacar Keita, president: IBK-Mandé Massa, Ladji Bourama ou Djo Brin ?
Publié le mardi 20 aout 2013  |  Le Reporter




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Il aura été considéré par certains comme la carte de la France et soutenu comme tel. Il est l’homme des militaires putschistes depuis le coup d’Etat et candidat des Frères musulmans du Mali. Homme politique, président-candidat du parti Rpm, Ibrahim Boubacar Keïta est élu président de la République, avec le soutien d’un certain nombre de partis politiques au 2ème et à travers un effet de mode de ralliements des opportunistes de tous bords au second tour.

Pourtant son élection avec plus de 77% ne donne pas dans sa forme de quel IBK on trouvera à Koulouba et surtout sous quelle appellation populaire et communautaire affective comme nom d’exercice de pouvoir ? Certains pensent bien à IBK-Mandé Massa, d’autres égrènent IBK-Ladji Bourama, pendant que les plus branchés, pour faire nickel, se limiteront à dire IBK-Djio Brin. Mais, quels que soient le type d’IBK à Koulouba et le nom de pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta, le nouveau président du Mali, enchantera ou déchantera. Reste à savoir quel nom d’exercice de pouvoir apportera le salut au Mali nouveau. Décryptage d’un personnage en nécessité de métamorphose.

Le soleil de la présidentielle 2013 au Mali s’éclipse avec une lumière blanche portant un nom : Ibrahim Boubacar Keïta. Le nouveau président du Mali n’est pas à présenter. Tout comme le contexte dans lequel, il a été élu. Un contexte de crise, caractérisé par un désir ardant du peuple pour le changement. Un changement qui varie de sens d’un camp à un autre. Ici, on parle de rupture. Les tenants de ce camp, convaincus que la crise provient de la mauvaise gestion du pays durant ces 20 dernières années démocratiques, ne jugeraient dans cette élection que la mise à l’écart des démocrates sincères, convaincus et consensuels qui ont régné tout ce temps. Là, on croyait dur comme fer que le Mali, au sortir de cette crise, pouvait bien se conjuguer le changement dans la continuité. Si IBK ne peut incarner totalement la rupture, il peut au moins porter un changement. Un changement transitoire pour amorcer la rupture.

En effet, le nouveau locataire de Koulouba aura participé à la gestion du pays durant ces 20 ans avec une forme de traversée du désert aux aventures variables. Lesquelles le distinguent, sans pourtant le soustraire, de ceux qui ont pillé le pays. On le sait, de par un tempérament qu’on lui reconnaît volontiers, IBK, à travers sa gestion, aura su par moments se différencier des autres. Il aura surtout marqué les esprits par son sens élevé de l’Etat. L’homme aura affiché une détermination pour montrer que quand il s’agit du Mali, lui, IBK ne se réserve pas. On citera volontiers, sous ce chapitre, l’audace des décisions de la fermeture de l’école pour une année blanche ; le difficile acte d’emprisonnement des leaders de l’opposition d’alors, de ses compagnons politiques et enfin, la déterminante dénonciation de l’accord d’Alger. Pour chaque acte, l’homme s’est presque senti seul. Des actes qui, à un moment donné, ont fini à renforcer son profil d’homme d’Etat, pétri de l’amour pour sa Patrie.
À partir de là, un autre positionnement politique du président du Rpm, sous-tendu par une autre perception, se dessinait. Mais, celui-ci devait attendre son contexte de visibilité. La crise lui en fournit. Homme politique qu’il est, IBK transforma ces actes en un slogan politique. Lequel, bénéficiant des concours de circonstances, finira par séduire sept Maliens sur 10 électeurs. Mais, le président du Rpm aura aussi vécu une période vide politiquement parlant. Quand ses fidèles ont décidé d’aller voir ailleurs, convaincus que l’ex-Premier ministre ne se retrouvera pas de sitôt, battu deux fois aux élections et réduit presqu’à rien dans une Assemblée nationale où il avait été pourtant le président. Eh oui, le parcours politique récent d’IBK ne peut se conter, sans amertume. L’homme n’était pas donné encore gagnant à une élection au Mali par tous.

Seulement, voilà. À en croire ma grand-mère, un homme destiné à conduire un pays comme président, ne meurt jamais sans accomplir cette mission. IBK est-il parmi cette catégorie d’hommes ? Certainement, oui. Après les tempêtes, le beau temps ! Après les défaites, voici l’ancien président de l’Assemblée nationale élu président, ou plutôt nommé, disent certains. Mais, si IBK, de par son élection, dispose d’une forte légitimité populaire nationale et internationale, bien malin qui pourra dire quel type d’IBK trouvera-t-on à Koulouba. Surtout de quel nom de pouvoir disposera-t-il ? Sera-t-il IBK-Ladji Bourama, IBK-Djo Brin ou IBK-Mandé Massa à Koulouba ? Difficile d’y répondre ?

En effet, l’élection d’IBK, à analyser de près, ressemble à une scène de liesse populaire des enfants de la brousse au clair de la lune. Toutes les chansons y sont entonnées. Ibrahim Boubacar Keïta aura été porté à la Magistrature suprême du pays par un mouvement hétéroclite pour le premier venu. Chacun des contributeurs à sa victoire se considère comme le plus méritant, prêt à brandir la plate-forme pour le retour de l’ascenseur. On dira désormais qu’IBK est élu président par certains, en le considérant comme la carte de la France. Protégé des militaires putschistes depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, ceux-ci, à travers leur exploit dans cette élection, n’ont ménagé aucun effort pour cela. Candidat des frères musulmans du Mali, une partie de la communauté musulmane le considère depuis 2002 comme l’homme de la situation. Ceux-ci, à les entendre, auront contribué à 20% dans sa victoire. Homme politique, président-candidat du parti Rpm, soutenu par un regroupement de partis politiques dès le premier tour, IBK est élu au second tour à travers un effet de mode de ralliements de certains opportunistes.

Le nouveau président de la République peut bien savourer sa victoire, déjà fêtée par lui par ses pleurs à Mahou et chez les siens à Kangaba. On le sait, rien de plus réactif qu’IBK à l’émission de l’intensité de la chaleur humaine. À Mahou donc, une bourgade située dans le cercle de Koutiala, réputée pour ses masques sacrés, IBK en campagne n’a pu retenir ses larmes, quand les populations l’ont accueilli avec les masques du village, en ajoutant que c’est la deuxième sortie desdits manques pour honorer un homme public de cette envergure. Le premier, selon les habitants, fut le président Modibo Keïta et Ibrahim Boubacar Keïta est le second. Ce dernier peut être assuré, il est déjà élu président. Les masques de Mahou ne sortent pas pour saluer n’importe qui. Et IBK n’est pas n’importe qui ! Il ne fallait pas plus pour le faire pleurer.

À Kangaba et encore en campagne, il aura été difficile de faire arrêter les larmes d’IBK. Surtout quand les siens lui ont affirmé qu’il est sur les traces de ses ancêtres, notamment Soundiata Keïta, et à ce titre, il a la mission historique de sauver le Mali avec la promesse ferme qu’il sera à Koulouba. Comprenne qui pourra ! Voici donc IBK élu président de la République. À en croire les mieux introduits, le nouveau président a une préférence parmi les différentes appellations. Mais, il est évident qu’une de ces appellations qui sera retenue comme nom d’exercice du pouvoir, traduira, à n’en pas en douter, le type d’homme d’IBK, comme président de la République du Mali. Jugez en vous-même !

Alors, le nouveau président, appelé IBK-Ladji Bourama indiquera qu’il s’est transformé en Mohamed Morsi du Mali. Pendant que le nom Ibk-Djo Brin s’interprètera par le fait que l’homme est devenu le copain de tous, jouant à la farce, oubliant qu’un président de la République ne peut être copain à tous. Appelé Ibk -Mandé Massa, une fois installé à Koulouba, s’expliquera par le fait que l’homme est resté politique, tant par sa fermeté que ses goûts prononcés pour le pouvoir, comme quand il était aux affaires, où il a fait montre de ses qualités.

Ainsi, point besoin d’être un initié pour comprendre qu’en Ibk-Ladji Bourama, le Mali aura trouvé son Mohamed Morsi. Et le pays s’enflammera. Avec cette appellation du nouveau président, une fois à Koulouba, l’ère de la «cairenisation» du Mali aura sonné. Alors bienvenue à l’extrémiste islamiste. Avec une prétention de 20% de contribution à sa victoire, les frères musulmans du Mali reprendront la lutte pour assainir la société malienne pourrie, selon eux, par la multiplicité des bars restaurants ; l’existence à hue à dia des comportements vestimentaires indécents, entretenue par des émissions télé à supprimer par décret présidentiel. Il est clair que si Ibk-Ladji Bourama-Mohamed Morsi du Mali-deviendra le nom de pouvoir du nouveau président, le Mali sombrera dans l’enfer terrestre, avec sa laïcité mise à rude épreuve. Voilées, nos sœurs resteront à la maison, la promotion féminine pourra alors faire son deuil. Le salut du Mali nouveau ne se trouve vraiment pas sous cette appellation. Mais, il y a bien un espoir de ne pas la voir faire du chemin. Bien qu’ayant effectué le pèlerinage à la Mecque, Ibk, le nouveau président, signe rarement El Hadji Ibrahim Boubacar Keïta. S’il adore être habillé en blanc, il a un penchant pour un islam modéré, pratiqué au Mali depuis la nuit des temps. Espérons, ou prions plutôt qu’on retrouve un Ibk, à cheval sur les principes de la laïcité du Mali, pas aux griffes des frères musulmans du Mali.

Le plus dur pour le Mali, ce sera sans doute le nom de pouvoir d’Ibk- Djo Brin. Le nouveau président, copain à tous, un président de consensus, un Ibk à la soupe du consensus national. La Patrie sera alors en danger des démocrates. De tous ces opportunistes qui se sont ralliés à lui, ayant senti sa victoire. Leur ralliement n’ayant d’autre but que d’avoir une part dans le partage du gâteau national. Avec le nouveau président appelé Ibk-Djo Brin, comme écrit le journal Le Reporter, les leaders du Mnla Sud auront su gagner du terrain. Ceux-là mêmes qui ont pour ambition de mettre ce pays à genoux en se servant de leur intelligence et de par leur position du jour. Le Mali ne finira alors pas de regretter ATT, ce président au Mali, promoteur du consensus. Mais, savoir que le nouveau président a affirmé lors de sa campagne ne pas aimer s’appeler Djo-Brin, alimente l’espoir que ce nom de pouvoir ne sera pas entonné publiquement.

L’appellation Ibk-Mandé Massa, quant à elle, s’enracine dans notre culture. Elle appelle surtout à l’honneur, à la bravoure et à la dignité, propres à tous ces princes qui ont régné sur le royaume Mandé. Ibk-Mandé Massa renvoie surtout à un passé pas très lointain où le même homme était au pouvoir avec ses goûts prononcés pour cette appellation. À cette époque, le titre de Prince de Mandé établi à Sébénincoro, fleurissait dans les médias au bon plaisir du Premier ministre qu’il était. Aussi peut-être l’appellation Ibk-Mandé Massa intègre-t-elle pour celui qui la porte cette sentence mandingue, à savoir que le Mandé tanguera mais le Mandé ne chavira jamais. Le nouveau président, une fois à Koulouba, appelé Ibk-Mandé Massa y pensera certainement, comme souhaité par le peuple Mandé quand il était en campagne à Kangaba, la capitale du Mandé. Il s’attachera à donner un contenu à cette appellation, ou plutôt à traduire en réalité cette expression culturelle pour ne pas décevoir les siens. Cela lui permettra sans doute de donner un sens à son slogan politique, à savoir «Le Mali d’abord». Avec bien sûr ses excès comme tout bon Malinké. Ce qui ne sera pas mal pour le Mali nouveau qui a réellement besoin de certaines de ses convenances sociales pour enclencher et entretenir un processus de réconciliation permettant à chaque Malien d’aimer le Mali et de le prouver à travers ses actes quotidiens de tous les jours. Lui Ibk-Mandé Massa, nouveau président du Mali qui trouve que sa priorité parmi les priorités est de faire en sorte que les Maliens s’écoutent et s’accordent sur l’essentiel, au nom du Mali.

Comme on le voit, Ibk- Ladji Bourama, Ibk-Djo Brin ou Ibk-Mandé Massa, a chacun désormais son Ibk. Mais, quel que soit le nom d’exercice du pouvoir, le nouveau président enchantera ou déchantera. Mais, encore à en croire ma grand-mère, c’est le nom Ibk-Mandé Massa qui porte le salut du Mali. À condition de ne pas en a abuser en ajoutant Ibk-Mandé Massa-Masserelé-kê, s’empresse-t-elle d’ajouter. Prudente et incapable de se taire, cette grand-mère. Mais, si vraiment c’est sous cette appellation que le nouveau président du Mali enchantera ce pays, alors c’est bien-là tout le mal qu’on lui souhaite à l’entame de son installation à Koulouba. Apprenez donc à réciter pour ne pas l’oublier : IBK-Mandé Massa, président de la République du Mali.

Békaye DEMBELE

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