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L’Inter de Bamako N° 424 du

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Pour un mali nouveau : Que faire maintenant ?
Publié le lundi 26 aout 2013  |  L’Inter de Bamako




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Pour répondre à cette épineuse interrogation, il convient, non pas de faire une page d’histoire de notre peuple, mais de rappeler globalement que la situation socio- économique et politique du Mali, qui a précédé la chute du régime de Amadou Toumani Touré (ATT), était délétère et cela sur tous les plans.


L’économie
Ainsi, dans le domaine économique, le pouvoir d’achat des citoyens devenait de plus en plus faible au regard de la flambée des prix des denrées de première nécessité. Cette situation de détresse économique généralisée avait fini par plonger l’écrasante majorité de notre population dans le dénuement complet et donc dans un état de désespoir indescriptible.


A la fin du règne d’ATT, rares étaient les Maliens qui croyaient désormais en un avenir meilleur. Cela était si observable que la débrouillardise a fini par s’installer chez nous comme moyen de s’octroyer la pitance du jour, poussant ainsi les citoyens à vivre au jour le jour sans le moindre espoir d’un lendemain meilleur. Les consommateurs étaient laissés à la merci des marchants à tel point que les prix prenaient des envolées sans le moindre rapport avec le gain du citoyen lambda.


Quant aux fonctionnaires, ils vivaient dans l’incertitude la plus totale à chaque fin de mois parce qu’au regard du volume du salaire et regardant le coût de la vie, ils se résolvent à colmater les dispenses tout en priant pour que la famille ne tombe pas malade. Aussi et enfin concernant les salariés maliens, ils sont spoliés par les systèmes bancaires.


Pire, pour avoir la maigre pitance de salaire, il fallait (et il faut toujours) passer toute la journée dans des rangs interminables à la banque. Cette triste réalité oblige les travailleurs à chômer la journée pour avoir droit à leur maigre salaire. Tout compte fait, de plus en plus, à compter de la gestion calamiteuse du général Bazin, les travailleurs maliens, victimes de la duperie des responsables syndicalistes irresponsables voient leur espoir se transformer, hélas, en un désespoir permanent fataliste, toute chose qui a fini par convaincre les citoyens que ce monde est fait pour la classe des nantis «élus» de Dieu.


La religion leur permet ainsi de se consoler dans leur désespoir quotidien quand bien même ils ne veulent pas de cette misère humiliante. C’est bien en cela que Engels a dit que «la religion est d’une part l’expression de la détresse réelle et d’autre par la protestation contre cette déstresse». On peut simplement dire que la misère qui accablait notre peuple sous Moussa a fini par l’écraser avec la gestion antidémocratique de Alpha et insouciante d’ATT.


La santé
Dans le domaine de la santé, il n’est plus un secret pour personne que nos hôpitaux et centres de santé de référence sont devenus des mouroirs pour les damnés du Mali. Cela est d’autant exact que tout malade qui n’a pas les moyens est appelé à rejoindre l’au-delà, tout sauf bénéficier des premiers soins gratuits comme le prévoit la loi malienne.


Le constat reste amer : les citoyens maliens sont laissés pour compte. La solution qui s’impose à eux est de s’accrocher aux médicaments traditionnels et aux pharmacies ambulantes communément appelées «pharmacies par terre». Cela devient incontournable dès lors que les citoyens dans leur écrasante majorité n’ont pas accès aux pharmacies modernes faute de moyens financiers. Ces pharmacies, il faut le dire, vendent leurs médicaments à des prix exorbitants sans le moindre souci de chercher à sauver des vies humaines.


Les cliniques privées reçoivent tous les patients nantis avec comme fausse note que nos médecins abandonnent leurs postes dans les hôpitaux publics pour aller se faire de l’argent dans ces cliniques. Et pourtant, l’Etat continue à verser à ses médecins doublement employés leurs salaires sans retenue aucune quand bien même le service n’est pas bien accompli. Pour tout dire, le pauvre n’a pas raison de tomber malade sous peine de rejoindre les ancêtres, grands-parents, etc. Dans nos hôpitaux et centres de santé, c’est chacun pour soi et le diable pour tous.



La société
Sur le plan social, le sens de l’humain a pratiquement cédé le pas à la fripouille relationnelle :
- Les familles se disloquent, se font des querelles de clocher. Comme pour dire que la parenté est de plus en plus jetée dans les méandres de l’histoire de l’humanité.


- Les fraternités, les mariages, les amitiés ne se fondent aujourd’hui que sur un fond de pouvoir d’achat, de rapport financier. Il est de plus en plus risquant de rendre visite à un parent sans avoir en poche le transport retour au risque d’y attendre beaucoup longtemps (parce que l’argent se fait chaque jour plus rare pour la majorité des chefs de famille).


En clair, chez nous au Mali, le social disparait chaque jour davantage et cela du fait de l’individualisme outrageux. Au plan social, la démocratie d’Alpha et l’ATT-cratie ont réalisé de façon ignoble la mort dans l’âme.


L’éducation
Quant à l’école, il faut dire que la situation est catastrophique comme l’a témoigné le classement du Mali par l’UNESCO en 2005 en «matière d’éducation pour tous», 176ème sur 177 pays. Les vrais problèmes de l’école malienne sont entre autres : le manque de salles de classe, de professeurs qualifiés, de matériels didactiques fiables, les mauvaises conditions de travail des enseignants promus à la débrouillardise produisant ainsi un enseignement au rabais.


Dans un système éducatif où les nominations font fi des compétences et des expériences remarquées, il y a de quoi se désagréger inexorablement. Le concours des directeurs des centres d’animation, pédagogique (DCAP) de 2003, organisé sur fond de magouille et d’esprit revanchard, a vu la quasi totalité des compétences et des expériences mises à la porte aux dépens de l’école malienne. Le concours des proviseurs et le Bac 2005 à Sikasso ont fini par désillusionner même ceux qui croyaient encore en ATT et en son régime.


Pire, encore dans les orientations au lycée, les responsables de l’éducation préfèrent mieux ravitailler en élèves leurs écoles privées et celles de leurs copains aux dépens de l’école publique qui seule reçoit les enfants des parents pauvres, privatisant ainsi notre école dans les faits.

Enfin, les orientations des enfants admis au diplôme d’études fondamentales (DEF) constituent une aberration totale, sachant que dans les coins de brousse, les enfants vont à l’école à l’âge de 08, 09 et même 10 ans. On imagine qu’un tel enfant ne redouble pas de la première à la 9ème année, admis au DEF, il ne peut prétendre à l’orientation. Il se voit ainsi à la charge de ses parents. Quelle injustice !


La sécurité
Au plan sécuritaire, il faut dire que le fiasco a été total d’abord avec la Flamme de la paix colmatée par Alpha Oumar Konaré avec sa fameuse idéologie qui dit que «la démocratie n’a pas besoin des armes mais du matériel agricole». Ce fiasco a été consommé par la signature par ATT de ce qu’il convient d’appeler «Accords d’Alger» du 04 juillet 2006. Désormais, à l’absence de nos soldats, le Nord a été transformé en poudrière inestimable. Les événements de 2012 en disent long.


Toujours au plan sécuritaire, le banditisme a atteint des proportions inquiétantes à tel point que de plus en plus les citoyens ayant perdu toute confiance en notre justice, préfèrent rééditer la loi de «l’article 320» qui consistait à payer un litre d’essence à 320 FCFA en vue de brûler les malheureux cambrioleurs.


Aujourd’hui, cette loi revient dans les pratiques quotidiennes de citoyens. Cela prouve à suffisance le degré supérieur de l’exaspération des masses populaires maliennes.


La politique
Au plan politique, le «coquinage» et le copinage ont fini par discréditer totalement une classe politique décrédibilisée par le fait que l’affairisme, le clientélisme, l’achat des consciences sont devenus son mode vie et d’expression consacrée. Au Mali, de nos jours, la politique est perçue comme le moyen frauduleux par lequel la réussite est instantanée.


En clair, la classe politique malienne s’est rendue détestable dans son ensemble. Trop de partis politiques pour spolier nos populations au nom de cette fallacieuse démocratie que fut celle du Mali. Ce qu’il faut donc constater aujourd’hui, c’est que la démocratie a besoin d’une refonte totale et radicale.
Pour ce faire, il faut :


Au plan politique que le président élu comprenne à sa juste mesure l’espoir que le peuple a placé en lui. Comme pour dire que cette confiance est placée non pas en son parti mais en sa personne du fait de sa rigueur connue de tous et du fait que jusque là, il n’est pas l’homme qui trahit sa mission.


Pour ne pas décevoir cette confiance que notre peuple place en lui, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) doit éviter de tomber dans l’e cercle vicieux des courtisans et des charognards qui ont toujours dévoré ce peuple dont la dignité et l’honneur ont pris un sérieux coup.


Lorsque ATT a dit qu’il ne veut humilier personne, il a donné la voie à tous les délinquants pour tout oser et tout faire au nom de la démocratie. La suite n’échappe à personne : tous les collaborateurs se sont mouillé la barbe et toutes ses collaboratrices leurs seins, faisant ainsi du consensus un moyen d’instaurer à l’échelle nationale l’impunité pour tous ceux qui ont les proches bien placés.


IBK doit donc éviter de s’entourer des faucons connus de tous. Il se doit de prendre des hommes et des femmes dont la probité morale n’a jamais été mise en question ici au Mali. N’en déplaise aux vautours de la scène politique nationale, le Mali regorge de cadres intègres, compétents restés dans l’anonymat parce qu’ayant refusé de se souiller avec cette gestion apatride des affaires par des hommes pourris qui insultent la démocratie.



Ce que doit faire IBK
Le choix judicieux des hommes pour gérer le Mali sera capital dans la fondation de ce Mali nouveau pour lequel le peuple a massivement porté sa confiance et son choix sur l’homme de parole d’honneur. Il doit pour ce faire se poser la question de savoir qui est qui, qui dit quoi et qui a fait quoi dans ce pays au nom du pluralisme démocratique. Ce choix des hommes, s’il est judicieusement fait pourrait doter notre pays de cadres propices pour amorcer le changement tant attendu pour nos masses laborieuses. Il faut donc désormais l’homme qu’il faut à la place qu’il faut (pas comme le refrain que le régime de Moussa Traoré a longtemps entretenu dans notre pays !).


L’impunité et la fraude doivent être combattues d’une main de fer, même si bien de gens qui soutiennent aujourd’hui IBK n’en seront pas de ce goût. Comme pour dire que ce président, sil veut bien faire, doit s’atteler à récompenser les mérites et sanctionner les fautes. C’est cela, de notre point de vue, aimer le Mali et respecter les citoyens qui l’ont élu.


Les déprédateurs du tissu économique national n’ont droit à aucune protection si IBK veut bien fonder le Mali nouveau. Il doit se rendre à l’évidence que les applaudissements sont les propres des fossoyeurs du pouvoir. Cela est d’autant exact qu’un adage de chez nous disait : «Si tes «amis» ne te disent pas la vérité, il vaut mieux payer tes ennemis pour le faire».


Il ne doit pas s’offusquer des critiques car pour nous le «bon chef» est celui qui sait écouter tout le monde et qui parle peu.


Il doit être un «tas d’ordures» s’il veut servir le peuple car ceux là qui ne veulent pas de lui aux affaires ne peuvent le laisser tranquille. Ainsi, il saura faire le discernement entre les critiques sincères, constructives et celles qui visent à saper la belle victoire du peuple malien exprimée dans son élection, mais sans jamais se compromettre et prêter le flanc à ceux qui ont perdu le pouvoir et qui voient une page de notre histoire se tourner. Il ne peut et ne doit prétendre construire l’avenir des Maliens à leur place, mais doit faire en sorte qu’ils soient capables par eux-mêmes de se fonder cet avenir.


Pour ce faire, il doit enfin mettre les Maliens au travail pour changer le schéma jusque là à la mode au Mali. : «Ceux qui travaillent n’ont rien et ceux qui ne font rien regorgent de tous les biens.» Il n’y a plus de temps à perdre !


Pour une école nouvelle, il faut une revalorisation de la fonction des enseignants en vue d’appeler ceux-ci au travail de reconstruction de notre pays qui passe par la restructuration de la personnalité humaine pour que nos enfants soient demain fiers d’être les enfants du Mali.


Aussi, l’enseignement privé était autorisé chez nous pour endiguer la problématique de la pléthore des effectifs dans les salles de classes et du coup rendre compétitif notre système éducatif. Mais force est de constater que c’est dans ces écoles privées qu’on observe toutes les contrefaçons entre autres : le recrutement de personnel à bon marché même s’il n’a pas vocation d’enseigner, le ramassage de toutes sortes d’élèves pour bourrer les salles de classe de chômeurs n’obéissant ni à la discipline ni au principe d’assiduité, toute chose qui discrédite le privé et donc l’école malienne et cela sous l’œil complice des promoteurs d’écoles qui se soucient plus de fortunes que de la qualité de la formation de nos enfants.


Au plan sécuritaire, IBK doit s’atteler à remilitariser le nord du Mali par la construction et l’équipement des camps militaires répondant au besoin de sécurité du territoire national. Pour ce faire, il doit éviter de s’enfermer dans la coopération militaire avec les seuls pays européens capitalistes. Sinon, l’intégrité du Mali peut prendre des coups sérieux. Il ne faudrait pas que les seuls militaires français (sous le chapeau de l’ONU) soient les seuls coopérants car l’épervier ne fera jamais rien pour le bonheur des poussins de la basse- cour.


Aussi et enfin, il importe de revoir tout le système sanitaire dans notre pays si nous devons être fiers de notre service de santé. Ainsi, il sera utile à revaloriser la médecine traditionnelle car toutes les plantes sont là pour soigner nos maladies (sans bien entendu minimiser la place et le rôle de la médecine moderne).


Si le Mali est géré avec esprit de justice et d’équité, les Maliens peuvent tout réussir ensemble. Comme pour dire que le président ne peut rien réussir à lui seul mais doit donner le bon exemple de rigueur et d’impartialité pour tous les citoyens.
Que Dieu aide notre peuple laborieux à relever les défis du changement !


Fodé KEITA

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