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L’ex-ministre Makan Fily Dabo et les marchés de travaux routiers : Djadja, l’icône était du toc ! Des marchés douteux de 140 milliards de Fcfa
Publié le samedi 22 mai 2021  |  Aujourd`hui
Cérémonie
© aBamako.com par Momo
Cérémonie de lancement de la 16ème édition de la semaine nationale de la sécurité routière
Bamako, Le 16 novembre 2020 Le ministre Makan Fily Dabo a présidé la cérémonie de lancement de la 16ème édition de la semaine nationale de la sécurité routière
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L’ex-ministre en charge des Transports, Makan Fily Dabo, affichait une allure de rigueur qui n’était en fait que du bluff. Nous étions déjà sur les traces de quelques actes qu’il a posés et pour lesquels des diatribes de collaborateurs frustrés nous étaient parvenues. Raison pour laquelle nous n’avons pas été tendres avec lui ces derniers temps. Mais si l’on en juge par le gros scandale financier qui vient de le rattraper, notamment la dénonciation par des syndicats, très au fait de la gouvernance du pays, de marchés de plus de 140 milliards Fcfa qu’il a illicitement attribués, le masque tombe bas !
Issa Synayoko, en tant que le président de la Plateforme des organisations syndicales de lutte contre la corruption et le Coordinateur des comités syndicaux DAF, DRH, CPS et DFM de la Primature et de tous les ministères, a adressé, le mardi 18 mai dernier, une lettre ouverte au Premier ministre Moctar Ouane et à toutes les Autorités de la Transition pour demander l’annulation de marchés de plus de 140 milliards Fcfa illicitement attribués par le ministre en charge des Transports, Makan Fily Dabo.

C’est donc un coup dur pour les Autorités de la Transition que de devoir souffrir de pareilles dénonciations qui replongent le Mali dans une atmosphère de mal gouvernance que l’on croyait en passe d’être révolue avec, justement, la Transition en cours.

Dans sa lettre ouverte, le président de la Plateforme des organisations syndicales de lutte contre la corruption et le Coordinateur des comités syndicaux DAF, DRH, CPS et DFM de la Primature et de tous les ministères invite le Premier ministre de la Transition à s’investir personnellement pour arrêter la procédure de passation de marchés de travaux routiers accordés de manière illicite par le désormais ex-ministre des Transports afin de sauver le Mali et préserver la dignité des plus hautes autorités de la Transition.

Selon toujours M. Synayoko, le montant de ces différents projets leur confère la qualité d’appel d’offres internationales, mais lesdits marchés ont tous été attribués en catimini en violation de la procédure de passation locale et sous régionale. Ces marchés concernent les travaux de la route Kayes- Sandaré (135 Km) pour 85 milliards Fcfa dont le paiement s’étale sur cinq ans ; la route Djoro- Banakoro (45 Km) dont l’attribution du marché a été faite par lettre DGMP N°057 du 12 janvier 2021 pour un montant de plus de 22 milliards Fcfa étalé sur les exercices budgétaires 2021, 2022, et 2023, en plus des travaux de réhabilitation de la route Sévaré-Mopti (10 km de voirie dont 05 km dans la ville de Mopti et de Sévaré et la construction du contournement de l’Aéroport de Mopti) pour un montant de plus 32 milliards Fcfa cofinancé par la Boad et étalé aussi sur trois exercices (2021, 2022, et 2023).

Le dénonciateur de poursuivre que ces trois projets attribués de manière illicite en violation des procédures de passation des marchés publics vont coûter à l’Etat malien plus de 140 milliards de nos francs. “Depuis plus d’une décennie, le département des Transports a assez souffert de la gestion calamiteuse des cadres dépourvus de dignité ou de conscience professionnelle. Pour la nouvelle équipe gouvernementale, prenez tout le temps nécessaire pour l’enquête de moralité des futurs ministres. Nous vous demandons de vous investir pour arrêter les avenants qui rentrent purement dans le cadre de la corruption”, a-t-il martelé. Apparemment, avec ce scandale, le sort du ministre des Transports est déjà ficelé. Il ne doit pas revenir au poste, notamment avec la formation du nouveau gouvernement attendu. Mais en plus, des proches du président de Transition nous révèlent : “Connaissant Bah N’Daou, il ne laissera pas passer cette affaire, surtout que le dénonciateur n’est pas n’importe qui. Par sa position professionnelle et ses responsabilités syndicales, il est très bien informé. En plus, si Issa Sinayoko ose hurler tout haut ce que moult cadres connaissent mais le disent tout bas, c’est parce qu’il espère bien une suite. Ce qui est sûr, connaissant bien le président Bah N’Daou, il y aura cette suite attendue car il va ordonner au Premier ministre de tirer cette affaire au clair. Il n’est pas exclu que la justice soit saisie”. Attendons de voir. Au-delà des dénonciations faites par Issa Sinayoko, se posaient déjà la question de l’opportunité, pour la Transition, de l’engagement de l’Etat sur plusieurs exercices budgétaires. Ce qui, en plus, met en cause le montage financier réalisé pour les différents marchés attribués dans des conditions plus proches de l’opacité que de la transparence. On a l’impression que pendant que les uns se triturent les méninges pour sortir le Mali de la situation difficile dans laquelle il se trouve, d’autres se comportent comme si tout était normal et se préoccupent beaucoup plus de lancer des marchés publics aux montants faramineux.

Pour le marché des travaux de la route Kayes- Sandaré (135 Km) attribué pour 85 milliards Fcfa dont le paiement s’étale sur cinq ans, retenez que dans la Loi de Finances 2021, au titre des projets BSI sur financement intérieur, c’est libellé comme suit : Construction/bitumage route Sandaré : 5 milliards de francs Cfa. Comment est-on passé de 5 à 85 milliards prévus par la Loi de finances ? Des explications s’imposent.

Par ailleurs, pour le marché des travaux de réhabilitation de la route Sévaré-Mopti (10 km de voirie dont 05 km dans la ville de Mopti et de Sévaré et la construction du contournement de l’Aéroport de Mopti) attribué pour un montant de plus 32 milliards Fcfa, la Loi de finances 2021 prévoit seulement 7 milliards de nos francs pour la phase 1 de la réhabilitation de la route Sévaré-Gao.

Avec ces différences énormes dans les chiffres, il y a donc nécessité d’arrêter le processus d’attribution desdits marchés et de passer au crible les dossiers y afférents. Gérer, c’est prévoir et mieux vaut donc prendre les dispositions idoines pour sauver l’argent du contribuable de la boulimie financière de prédateurs, au lieu d’attendre que les caisses soient vidées pour crier au scandale, inutilement, car c’est attendre que le serpent passe pour taper sur ses traces.

Amadou Bamba NIANG
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