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L’Inter de Bamako N° 425 du

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Moussa Traoré à la céremonie ‘’investiture d’Ibk : La réconciliation nationale a besoin d’une bonne pédagogie
Publié le mercredi 11 septembre 2013  |  L’Inter de Bamako


© Autre presse par DR
Mali: Le général Moussa Traoré


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Nous avons été surpris par les propos de notre président Ibrahim Boubacar KEITA, fraîchement plébiscité à 77,62% par le peuple malien, le 11 août 2013, lors de sa prestation de serment au Centre international de conférence de Bamako (CICB) quand il qualifie l’ancien président Moussa Traoré de «grand républicain» (ancien putschiste de 1968). Peut-être que nous ne connaissons pas la signification du mot «républicain». Qu’est-ce que le président IBK veut dire ici ?

Pour moi, un républicain est un homme respectueux des textes fondamentaux de son pays. Un républicain doit respecter son serment. Le Lieutenant Moussa Traoré, en novembre 1968 a violé son serment d’officier et a, ensuite violé son serment pris devant le peuple malien après son coup d’Etat dans cette déclaration qui suit : «Le Comité militaire de libération nationale (CMLN) a donné le serment solennel du retour de l’armée dans les casernes dès que les conditions d’une véritable démocratie seront remplies».


Cette déclaration a été précédée de celle dans laquelle, le CMLN dit qu’il est là tout juste pour six mois et pour redresser l’économie malienne frappée par le marasme économique et la gabegie.
Quand il a voulu confisquer le pouvoir et le légitimer , il créa l’UDPM (Union démocratique du peuple malien), qui a vu le jour grâce à la bénédiction de ses «rats de salon : civils et militaires» qui l’entouraient, Moussa avait dit qu’il n’avait jamais affirmé que les militaires ne feront pas faire la politique ; les militaires maliens sont «des citoyens en uniforme».La suite ? Arrestation de ses compagnons de 1968.


C’est dans un régime d’exception que le Lieutenant Moussa Traoré a créé le centre pénitencier de Taoudénit, où plusieurs prisonniers politiques civils et militaires, des prisonniers de droit commun ont perdu la vie. C’est dans ce même régime d’exception qu’il a mis à la retraite les officiers supérieurs du Mali, qu’il a fait arrêter ses compagnons de novembre 1968, en février 1978. Ils seront jugés au cours d’un procès qui n’a pas respecté les normes : transfert du procès dit «bande des trois» à Tombouctou, mort de l’avocat français Me Jacques Chevrier. En transférant le procès à Tombouctou, il y’avait des choses cachées au peuple malien.
Moussa Traoré est loin d’être un républicain. C’est lui qui a fait arrêter les bâtisseurs de l’indépendance du Mali dont il est fier pendant plusieurs années sans même les présenter devant une juridiction, à plus forte raison les juger. La dégradation du tissu social du Mali, de l’école malienne, de l’armée malienne sont entre autre le lot de désolation des conséquences du coup d’Etat de 1968. C’est sous Moussa Traoré que le Mali est tombé si bas avec son corollaire de maux qui ont gangrené notre société. Les fonctionnaires maliens n’étaient-ils pas à trois ou quatre mois sans salaires ? Où était donc le républicain Moussa Traoré ?


Les enseignants en savent mieux que quiconque. C’est pourquoi ceux qui avaient le transport pour fuir les affres du Mali, ce sont retrouvés dans les pays voisins. Le président Moussa Traoré avait promis «une couronne d’enfer» sur la tête des Bamakois qui demandaient multipartisme.
Aujourd’hui, il est le premier bénéficiaire de cette démocratie. Ensuite, le président Moussa Traoré a été jugé et condamné à mort. Il a été gracié par le président Alpha Oumar Konaré en 2002. Nous n’avons jusqu’ici jamais entendu, une amnistie accordée à Moussa Traoré.
Comment a-t-il pu se présenter en tant que condamné à mort au CICB à l’investiture d’un président élu avec toute la transparence ? Jouit-il du droit d’ancien président avec tous les avantages ?


S’il y’a des choses arrangées par les pouvoirs anciens, il faut qu’on dise la vérité au peuple malien. «Lorsqu’une zone d’ombre échappe au regard du peuple, il n’y a pas de République» (François Mitterrand).


Le 22 septembre 2010, lors de la fête du cinquantenaire de notre indépendance, le président ATT avait tenté de l’inviter à la tribune d’honneur, le peuple malien a protesté. A l’époque, le papier circulait sous le manteau pour protester contre cette présence de l’ancien président ?


ATT a fini par remettre son idée aux calendes grecques son projet en reculant devant le peuple malien. Ensuite, selon une journaliste qui a interviewé Moussa Traoré, il n’avait aucun regret.
En 1980, il n’a pas pris au sérieux la mort de notre camarade de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), M. Abdoul Karim Camara dit Cabral. Il avait qualifié cet assassinat «d’un incident». Moussa Traoré a oublié les responsables de l’US-RDA morts en prison. Un a été torturé, on lui a refusé des soins médicaux. Le second est mort en prison. Sa famille n’a pu entrer en possession de son corps pour les funérailles. Pourtant, ce sont eux qui avaient dirigé le peuple malien à la victoire le 22 septembre 1960 dont tout vrai malien doit être fier.


Le président Dioncounda n’a pas gagné son pari, dans la mesure où le gouvernorat de Kidal reste occupé par Bilal Ag Chérif et son staff du honteux MNLA et cela avec la bénédiction et la complicité de leurs amis français : l’opération Serval.


Les politiciens français sont pleins de paradoxes. Ils imposent aux gens à accepter ce qu’ils n’acceptent pas. Jamais, dans l’histoire de la France, un groupe rebelle aux lois et principes français n’a été accepté à plus forte raison, occupé un bâtiment public. Le professeur Dioncounda a passé le témoin au président IBK et le gouverneur de Kidal est logé dans une cabane. Quelle honte pour notre Etat, dirigé par le président de transition ?


Moussa Traoré, dans une déclaration devant les autorités coutumières et les religieux de Bamako en 1980, après la manifestation des élèves et étudiants du Mali devant les délégations africaines du sommet des Etats riverains du Sahara, manifestation réprimée dans le sang, a dit ceci : «que si cela s’était passé douze (12) ans avant cela, tout le monde sait qu’elle sera réprimée dans le sang». 1980-1968= 12 ans. Moussa veut dire que c’est le président Modibo Kéita qui est le dictateur. L’occupation du gouvernorat de Kidal par le MNLA, cela ne se sera jamais passé le 22 septembre 1960 au 18 novembre 1968.


L’histoire du Mali retiendra que même si Dioncounda Traoré il avait entamé la libération du Mali occupé par les forces étrangères, il est parti sans que le pays soit totalement libéré. Il doit comprendre qu’il a une part de responsabilité active et morale dans cette occupation car il a été le président de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) qui a porté ATT au pouvoir en 2007 sur fond de fraudes.


Le gouvernorat de Kidal est un symbole de la République du Mali et il ne doit pas être occupé par un groupe rebelle alors que l’armée est dans la même ville. Une réconciliation nationale se fait avec patience et avec une grande pédagogie.


Lors du procès de la bande des trois Kissima Doukara en octobre 1978, l’avocat de la République avait rappelé à l’époque le nombre d’enfants ayant leurs pères arrêtés par Kissima. Ils étaient cent (100) enfants. L’avocat général de la république avait qualifié ces enfants «d’orphélins».
La réconciliation nationale doit se faire entre Moussa Traoré et ces enfants et d’autres victimes du peuple malien. La réconciliation Ibrahim Boubacar Kéita (IBK)- Amadou Toumani Touré (ATT)- Alpha Oumar Konaré, c’est leur affaire. Le président IBK est un grand musulman et il doit avoir en mémoire cette histoire passée dans l’histoire islamique.


Voici l’histoire : Lors d’une guerre sainte de l’islam, Hindou (raa), épouse d’Abu Sofiane (raa) avait eu son frère tué.et ce dernier fait partie des infidèles. Hindou trouvait que Hamza (raa) qui était l’oncle du prophète Mohamed (bénédictions et salutations sur lui) qui est le coupable. Hindou avait promis à son esclave noir Wah-Chiiyi ibn Harb, s’il arrivait à tuer Hamza, il sera affranchi. Hamza sera tué lors d’une bataille et WAh-Chiiyi ibn Harb avait eu sa promesse d’affranchissement.


Après, Wah-Chiiyi est venu se convertir à l’islam. Le prophète Mohamed (paix et bénédiction sur lui) a accepté sa conversion à l’islam et il l’a conseillé de ne pas être fréquent sous ses yeux.
Nous rappelons au président IBK que l’ancien président Moussa Traoré doit être moins fréquent sous les yeux des gens qui ont des griefs contre lui. La réconciliation nationale est une nécessité et tous les maliens doivent se réconcilier. Mais, le chemin vers la réconciliation doit passer par une bonne pédagogie et sans précipitation.


Nous pensons, par rapport au problème du nord, l’ancien premier ministre du Mali Mr Mohamed Ag Hamani a dit l’essentiel lors d’une rencontre la semaine dernière à Koulikoro.
Le Procureur général du Mali près de la Cour Suprême du Mali, M. Mahamadou Bouaré, a pris en compte toutes les préoccupations et toutes les aspirations du peuple malien dans son discours au CICB. Ce qu’il a dit, si le président IBK le met en pratique, est largement suffisant. Pour cela, les concertations nationales doivent être organisées et tout doit être discuté entre les maliens sans tabous.


Le président n’a pas droit aux fautes graves car il ne doit jamais oublier les conditions de son plébiscite. Il ne doit pas oublier aussi que «le peuple est lâche et versatile», avait dit le parnassien français Leconte de Lisle.


L’ancien président Moussa Traoré, applaudi au Centre international de conférence de Bamako (CICB), va dans ce sens. Le président IBK ne doit pas se précipiter. Il doit commencer par le vrai changement avec une rupture dialectique de l’ancien ordre. Les Maliens ont besoin du nouveau, c’est-à-dire de nouvelles têtes. Il doit comprendre que réellement, il y’a 23 ans qu’il n’y a pas une école véritable au Mali. Il doit profondément lutter contre le salaire de la trahison. Il doit contrôler les avoirs des agents de l’Etat du Mali. Comment avec le même salaire, certains ont des problèmes de survie alors que d’autres se sont bougrement enrichis ?


Le président IBK doit faire une véritable rupture de gestion des affaires publiques. Quand on dresse des rapports de contrôle contre les agents fautifs, ils doivent répondre devant la justice. Il ne doit pas utiliser ces rapports sur fonds de chantages politiques comme ces prédécesseurs. Nous citons ici, Monsieur Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré.
Nous vous racontons une petite histoire : Lors des problèmes survenus en janvier 1978 entre Moussa Traoré et ses compagnons de 1968, après avoir fini de prier, son ami le Colonel Joseph Mara l’avait demandé s’il a fait des bénédictions pour lui dans sa prière ? Moussa Traoré n’a rien trouvé que de jeter devant son ami Mara, les photocopies d’un chèque qu’il avait reçu d’un de ses amis et les papiers d’achat d’un véhicule.


Voici un chantage au près de son ami Mara pour le pousser vers son côté et avoir la majorité au sein du Comité militaire pour la libération nationale (CMLN). Les rapports de la CASCA et du Végal ne doivent plus dormir dans les tiroirs.


Nous vous rappelons une autre anecdote : Lors du premier rapport du Végal qui parlait d’un manque à gagner de 103 milliards de francs Cfa, ce rapport épinglait les amis d’ATT.
L’ancien ministre, porte-parole du gouvernement de transition de 1991-1992, M. Sada Diarra, avait dit dans son journal «La Nouvelle Roue» que «le président ATT a dit à ses amis épinglés, d’avoir l’esprit tranquille, d’aller dormir et quand il sera temps, il viendra les réveiller». Le président ATT a dit qu’il «n’humiliera aucun père de famille». Mais, il oublie qu’un voleur est un voleur. Ceux qui n’ont pas volé aussi sont des pères de familles.
Le Mali n’avait pas besoin d’un coup d’Etat le 19 novembre 1968 et «le coup d’Etat du Lieutenant Moussa Traoré n’avait pas sa raison» (déclaration du professeur Alpha Oumar Konaré dans le «Nouvel Observateur» vers les années 1980, lors d’un passage en France).
Nous disons que le MNLA, n’a aucune raison de déclencher les hostilités contre le peuple malien en janvier 2012. Il faut dépasser le concept nord du Mali et sud du Mali. Le problème malien est un problème de justice. S’il y’a une véritable justice dans notre pays, on ne parlera plus de nord et de sud.


Le président IBK doit ordonner dès maintenant la libération des locaux du gouvernorat de Kidal par le MNLA et sans conditions. Quand on est républicain, on doit faire respecter la République. Il n’y a rien à négocier et M. Blaise Compaoré n’a plus l’estime des Maliens… On ne peut pas être juge et arbitre.


Le même Bilal Ag Chérif qui avait tenu au respect et dans une misère totale les populations de Gao, a été retrouvé à Doro (à 80 km de Gao) lors de la bataille Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) – Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui occupe les locaux du gouvernorat de Kidal.

Pour la réconciliation nationale, toutes les victimes du coup d’Etat de 1968 à la rébellion des années 1990 et celle de 2012, civils et militaires ont droit à une compensation et après nous tournons la page.


Nous souhaitons bonne chance à notre président élu, à son équipe qu’il va mettre en place et à notre pays.

Yacouba Aliou, Bamako

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