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Mali : le MNLA met la pression sur IBK
Publié le mardi 17 septembre 2013  |  L’Observateur Paalga


© AFP par HABIBOU KOUYATE
Le président, Ibrahim Boubacar Keita préside le premier conseil des ministres
Lundi 9 septembre 2013. Koulouba Palace à Bamako. le président IBK a présidé son premier conseil des ministres


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Que s'est-il réellement passé ce 11 septembre 2013 à la frontière malo-mauritanienne, plus exactement à Fooïta près de la localité de Léré ? Les informations éparses recueillies çà et là ont fait état de la mort de 4 villageois et de l'attaque d'un camp militaire par des éléments du MNLA. Il n'en fallait pas plus que ce casus belli pour que l'autorité centrale malienne envoyât des militaires remettre de l'ordre.

Puis survint la polémique entre le MNLA et le pouvoir central, car si la hiérarchie de l'armée parle de bandits qu'elle a matés, les Touaregs évoquent, quant à eux, une agression en bonne et due forme contre eux. Pire, alors que trois ministres de la République étaient en tournée à Kidal, 4 jours plus tard, ils ont été conspués et leurs voitures caillassées, ce qui les a contraints à écourter leur visite. En outre, le MNLA a menacé "d'anéantir l'armée malienne".

A 48 heures de l'investiture du 8e président du Mali, IBK, devant un aréopage de hautes personnalités constitué d'une quarantaine de ses pairs, ces événements gravissimes viennent rappeler que non seulement la paix reste fragile dans l'ex-Soudan français, mais surtout que Kidal demeure pour le Mali comme une arête en travers de la gorge. D'abord, la présence supposée du MNLA à la frontière avec la Mauritanie est insolite, voire suspecte, car selon l'esprit et la lettre de l'accord de Ouaga, c'est à Kidal, et nulle part ailleurs, que ces hommes bleus étaient censés être cantonnés.

Ensuite, la mésaventure des ministres est symptomatique de la réalité qui prévaut à Kidal : cette localité échappe toujours à l'Administration malienne.

Certes, on n'y pratique plus ni les amputations ni les lapidations, mais la hisba, la police islamique, bien que discrète, ne la régente pas moins. Ce qui, de facto, fait de cette localité une enclave touarègue, puisque même le gouverneur est persona non grata dans sa résidence, transformée en QG du MNLA, lequel y contrôle également le siège local de la Radio-télé malienne.

Les escarmouches à Fooïta paraissent des incidents mineurs, de même que les menaces du MNLA "d'anéantir" la Grande Muette malienne.

N'empêche que c'est l'Accord de Ouaga qui est malmené, voire inversé dans le cas d'espèce, car en lieu et place du MNLA qui devait être cantonné, on a l'impression que c'est l'Administration qui est cantonnée à Kidal ! Une aberration dans un Mali un et indivisible.

Il n'est pas superflu de penser qu'il s'agit là d'une forme de pression que le mouvement, fidèle à ses velléités indépendantistes, fait toujours peser sur les épaules du nouveau locataire de Koulouba.

Un poids dont IBK devra impérativement se délester, car il n'a pas comme chantier, la seule situation au Nord.

Ça tombe bien, ce 19 septembre, le libérateur François Hollande, qui a actuellement d'autres chats à fouetter, notamment le casse-tête syrien, de même que le médiateur, Blaise Compaoré, lui aussi empêtré dans ses affaires domestiques avec son dossier Sénat, seront à Bamako.

L'occasion est belle pour que, en marge de cette investiture, on puisse affiner les linéaments de cet accord préliminaire afin que, dans les délais impartis (60 jours après la formation du gouvernement), sa mise en œuvre puisse se poursuivre.

En tout cas, IBK tient, avec le cas Kidal, une occasion de prouver sa stature d'homme d'Etat : trancher le nœud gordien Kidal sans faire perdre la face à l'Etat tout en évitant de remettre les Touaregs sur le sentier de la guerre. Un funambulisme qu'il n'adore pas particulièrement, lui qui a les choses carrées chevillées au corps.


Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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