Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L’aube N° 555 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles


Comment

Politique

Violation des droits de l’homme et abus au Mali : IBK va-t-il couvrir les criminels ?
Publié le vendredi 20 septembre 2013  |  L’aube


© AFP par HABIBOU KOUYATE
Le président, Ibrahim Boubacar Keita préside le premier conseil des ministres
Lundi 9 septembre 2013. Koulouba Palace à Bamako. le président IBK a présidé son premier conseil des ministres


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Dans une récente correspondance, l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, a demandé au président Ibrahim Boubacar Keita, de sanctionner et de poursuivre les auteurs des violations, abus et autres crimes commis pendant la crise au Mali. Aussi, la Cour pénal internationale a déjà ouvert des enquêtes sur ces crimes commis au nord du Mali. Ces enquêtes de la Cpi pourront s’étendre au sud.
Cependant, Ibrahim Boubacar Keita s’est toujours gardé de se prononcer sur certaines violations graves des droits de l’homme perpétrées à Bamako lors du règne de la junte dont certains membres sont dans la mire de Human Rights Watch.

En gardant le silence, IBK (qui n’a jamais caché ses liens avec la junte) a-t-il l’intention de couvrir les auteurs de ces violations ?

Dans ce courrier adressé au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, Human Rights Watch (HRW) interpelle les nouvelles autorités du Mali sur la nécessité de prendre leur responsabilité en traduisant devant les tribunaux compétents tous les auteurs de crimes commis pendant la crise politique et sécuritaire. L’Organisation internationale de défense des droits humains encourage même le président de la République à prendre des mesures rapides, concrètes et significatives pour faire face aux défis très préoccupants en matière de gouvernance et de droits humains dont il a hérité.

« Comme vous le savez, les problèmes auxquels est confronté le Mali incluent une culture de l’impunité, une primauté du droit affaiblie, une corruption endémique, l’indiscipline dans les services de sécurité, des tensions ethniques et une pauvreté accablante… », explique HRW pour laquelle les années de dégradation des principales institutions chargées de veiller à la primauté du droit sont à l’origine de la crise récente du Mali. C’est une invitation au nouveau chef de l’Etat qui doit prendre ses responsabilités pour éviter toute impunité pendant son quinquennat. Et pour cela, l’Organisation internationale rappelle les erreurs commises les gouvernements précédents : « les dirigeants maliens et la communauté internationale ont largement fermé les yeux sur les signes de perturbation : scandales de corruption impliquant l’aide au développement, progrès insuffisants sur les principaux droits économiques comme l’éducation et la santé, criminalité latente dans les institutions étatiques et indicateurs de développement à la traine. Le système judiciaire du Mali, qui aurait pu atténuer certains des abus, a été particulièrement privé de ressources et, dans certains cas, manipulé, ce qui a compromis l’indépendance et l’impartialité de la justice… ».

S’adressant au président de la République, HRW cherche non seulement à soulager les victimes de tous les crimes commis au Mali, mais aussi à mettre la pression pour qu’aucun crime ne reste impuni au Mali. Car s’il y a des enquêtes ouvertes pour les crimes commis au nord du Mali, ceux (les crimes) du sud sont presque devenus une « affaire d’Etat ». Les auteurs de ces crimes seraient des membres des forces armées et de sécurité. Ils seraient pour la plupart proches de l’ex junte.

« Des membres des forces de sécurité maliennes ont été impliqués dans de nombreux abus graves pour lesquels ils ont bénéficié d’une impunité quasi-totale… Les abus que nous avons documentés ne semblent pas avoir été systématiques, cependant certains ont été commis en présence d’officiers de l’armée qui n’ont rien fait pour y mettre fin. D’autres personnes ont subi des abus, y compris des membres des forces de sécurité eux-mêmes, notamment en mai 2012 lorsque les forces fidèles au leader du coup d’État, le capitaine Sanogo, ont organisé la disparition forcée d’au moins 21 soldats prétendument liés à un contre-coup d’État mené le 30 avril et ont commis des actes de torture et d’autres abus contre des dizaines d’autres soldats. Des fidèles de Sanogo ont aussi été impliqués dans l’enlèvement, le passage à tabac et l’intimidation de plusieurs journalistes maliens. Le gouvernement malien et le haut commandement militaire ont montré des signaux mitigés concernant les abus, tantôt en les niant catégoriquement, tantôt en promettant de poursuivre en justice les auteurs présumés.

Cependant, quasiment aucun de ces abus n’a fait l’objet d’une enquête et de poursuites appropriées, malgré les nombreuses preuves …», déplore HRW qui dénonce même la récente promotion du capitaine Sanogo au rang de général de corps d’armée. Ceci est « un affront flagrant pour les victimes des abus et envoie le mauvais signal aux potentiels responsables d’abus », souligne l’organisation internationale de défense des droits humains. Qui ne se prive pas de conseiller les nouvelles autorités : « Pour que le Mali soit reconnu comme une démocratie respectueuse des droits, il est crucial que le gouvernement impose une discipline à ses militaires, traduise en justice les responsables des abus et fasse en sorte que les forces de sécurité remplissent leur mandat pour protéger tous les Maliens ».

Le nouveau président est-il capable de répondre aux attentes de HRW et des victimes des crimes au sud de notre pays ? Difficile d’y répondre car Ibrahim Boubacar Keïta a systématiquement ignoré le sujet depuis le début de la campagne jusqu’à ce jour. Il n’a jamais fait de déclaration se référant aux exactions commises à Bamako. D’ailleurs, si l’on s’en tient aux évènements récents, les victimes de ces exactions et leurs parents ne peuvent pas espérer grand-chose du nouveau chef de l’Etat. IBK ne fait plus mystère de ses accointances avec les anciens putschistes, soupçonnés par HRW d’être les auteurs de violations graves de droits humains lors du coup d’Etat de mars et du contre coup d’Etat de mars-avril 2012. Et pour preuve.

Pendant que la classe politique s’insurge contre Moussa Sinko Coulibaly, le président de République le reconduit au ministère de l’administration territoriale. Mieux, les deux membres de l’ex junte (Sinko et Koumaré) qui sont rentrés dans le gouvernement Tatam Ly ont gardé leur département respectif. Et rien n’indique que ce n’est pas pour longtemps. Ironie du sort, ils sont tous sont tous contestés pour leur gestion.

Aussi, des indiscrétions annoncent déjà Amadou Haya Sanogo dans le staff d’IBK. C’est dire que les membres de l’ex junte sont de plus en plus rassurés d’une bonne couverture pendant le règne d’Ibrahim Boubacar Keïta.

C’est à la communauté internationale de se joindre à Human Rights Watch pour maintenir la pression sur les nouvelles autorités maliennes afin qu’elles engagent des poursuites contre les auteurs des crimes commis à Bamako. Car pour des raisons de « complicité », le nouveau chef de l’Etat devrait avoir de la peine à engager des poursuites contre les auteurs de ces crimes. Lui qui aurait apparemment choisi un camp. Dès lors, il sera difficile pour IBK de se prononcer, voire engager des poursuites contre des personnes avec lesquelles, il aurait eu un deal : protection contre la justice internationale.
Idrissa Maïga

 Commentaires