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Babou Yara : ‘’Un prédateur’’ foncier dans l’âme !
Publié le vendredi 12 novembre 2021  |  Le Point
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Voilà un homme dont la seule évocation de son nom suscite colère et indignation. Lui, c’est Dionkè Yaranangoré dit Babou Yara. Un individu qui a fait fortune dans les affaires, principalement dans l’acquisition des biens immobiliers (sous le régime d’Alpha Oumar Konaré), notamment des terres. Mais, dont la plupart ont été acquises dans des conditions douteuses.

C’est le moins qu’on puisse dire au sujet d’un homme qui ne jure que par l’acquisition des terres (parcelles et autres terrains) peu importe la manière. Il aura été et demeure un champion dans la spéculation foncière prêt – à ‘’affronter’’ tout un quartier, une ville, un village – pour garder la propriété sur des terres qu’il revendique à tort ou à raison. Une chose est néanmoins sûre, pour ceux qui le connaissent ou en savent un peu sur son histoire, Babou Yara a passé toute sa vie à se ‘’battre’’ avec les populations dans presque tout le Mali soi- disant qu’il est propriétaire de tel ou tel terrain tout en brandissant à chaque fois des titres fonciers délivrés en bonne et due forme, ou encore des décisions de justice le donnant ‘’vainqueur de tel ou tel procès pour tel litige foncier.

Cela n’empêche pourtant pas la ‘’guerre’’ entre lui et les populations. Des exemples sont là pour élucider nos propos. En effet, de Sikasso à Bamako (la liste n’est pas exhaustive). Babou Yara a fait parler de lui dans toutes ses localités et continue de le faire. Comme si la terre au Mali était une propriété de la famille Yara, l’homme se dit propriétaire de tout : cimetières, mosquées, terrains de foot, rien n’est épargné.

Pour cela, il a toujours compté sur les forces de l’ordre qu’il réquisitionne à coût de millions de FCFA dans ses tentatives ‘’d’expropriation de terre’’ aux pauvres populations.

Selon plusieurs témoignages, il aurait fait çela en 2015 à Sikasso où il est parti revendiquer un droit de propriété sur un espace. Cela s’est terminé par un affrontement entre les populations et les forces de l’ordre. Il aurait lui-même eu la vie sauve en fuyant pour rentrer dans une mosquée. Tellement en colère, la population aurait mis le feu dans sa Mercedes 190 qu’il a abandonnée sous la menace de la foule qui le poursuivait. Il est sorti de la ville tenez-vous bien dans un corbillard pour échapper à un lynchage, rapportent des témoins. Depuis ce jour, il n’a plus mis pied là-bas, lui qui brandissait un titre foncier pour cet endroit.



A Bamako, c’est encore grave que nulle pas ailleurs. A commencer par Badalabougou (en commune V du district de Bamako), son quartier de résidence. Là-bas, l’on se souvient encore que sous le régime de feu Amadou Toumani Touré, il a voulu ‘’s’accaparer’’ d’un terrain de foot sur lequel il voulait construire sous prétexte de détenir-comme à son habitude- un titre foncier sur ledit terrain. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des jeunes de Badalabougou qui se sont soulevés contre lui en le menaçant de mort. L’affaire a fait tellement de bruit que le président ATT en son temps, a demandé de foutre la paix aux jeunes. Il a intimé à ceux qui ont vendu (autorités communales et domaniales) l’espace en question à Babou Yara de lui trouver un autre terrain. Il a fini par abandonner le projet. Mais, il ne s’arrêtera pas là. Peu de temps après, il va tenter un autre ‘’coup’’ toujours dans le même quartier de Badalabougou. Cette fois-ci, il va encore revendiquer un autre espace situé entre la grande mosquée de Badalabougou et l’ancienne maternité. Là-bas encore, même scénario. Babou Yara sera encore dégagé de force par la population.

Et comme si cela ne suffisait pas, il revient encore à la charge à Badalabougou toujours. Cette fois-ci, c’est le grand espace en face du glacier Amendine qu’il va revendiquer. Il s’agit en effet de l’espace avec beaucoup d’arbres occupé par les vendeurs de chaussures à Badala en face de l’Amendine. Les habitants de la localité ont été surpris de le voir déverser un matin du sable et du gravier à cet endroit. Il disait avoir un droit de propriété sur cet endroit et donc qu’il allait entamer ses travaux de construction. C’était mal connaître les habitants du quartier qui lui ont déclaré la guerre. Sa maison a été encerclée à Badalabougou par la population qui a menacé de le tuer y compris avec toute sa famille. Ici encore, il a fallu cette menace de la population pour qu’il renonce à son projet.

Cap sur la Cité du Niger et Sokonafing

Ce n’est pas tout. Après Badalabougou, Dionkè Yaranangoré dit Babou Yara va mettre le cap sur la cité du Niger et Sokonafing respectivement en commune II et III du district de Bamako.

En effet, à la cité du Niger, fort de son amitié en son temps avec le président déchu IBK, il va aussi engager des travaux de construction sur le titre foncier n°11247 appartenant à un certain Bazoumana Fofana. C’était avant la chute d’IBK. Malgré les injonctions et autres tentatives du sieur Bazoumana Fofana lui demandant d’arrêter les travaux. Dionkè Yaranangoré n’a voulu entendre de cela. Il a fallu que Bazoumana Fofana sorte ses muscles pour qu’il prenne là encore la poudre d’escampette. Depuis lors, il a disparu de la circulation. D’aucuns le disent malade et très fatigué. Vrai ou faux ! Dans tous les cas, il a repris de plus bel avec ce qu’il sait mieux faire : exproprier les pauvres de leurs terres. Sa nouvelle trouvaille cette fois-ci, c’est Sokonafing. Un quartier de la commune III du district de Bamako. Dans cette localité, c’est son fils Mamadou Yara qui, avec des titres fonciers de Kati Sananfara, pilote les travaux de construction de clôture et de stations qu’il a entamés dans ce quartier de la commune III du district de Bamako. Il est aidé dans cette tâche par les forces de l’ordre qu’il a réquisitionnées pour la ‘’sale besogne’’ que nous avons d’ailleurs suffisamment dénoncée dans nos précédentes parutions (cf Le Point n°230 ; 231 ; 232). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la tension est vive depuis maintenant un mois à Sokonafing. Pas plus tard que récemment, le vendredi 29 octobre précisément, il y a eu un affrontement entre la population et les forces de l’ordre. Hommes, femmes, enfants et vieux, sont sortis massivement pour bloquer la route menant à Kati en passant par la nouvelle ENA, lieu de passage du président pour rejoindre le palais de Koulouba et son domicile de Kati. L’objectif, selon les manifestants, était d’exprimer leur colère contre la tentative d’expropriation en cours de leur terre par Dionkè Yaranangoré dit Babou Yara et de demander l’arrêt des travaux. Une sortie qui a mal tournée et qui s’est terminée par un affrontement avec les forces de l’ordre qui ont tiré à bout portant le gaz lacrymogène sur les manifestants. ‘’ Ils peuvent nous tuer et faire ce qu’ils veulent. Mais nous ne cèderons pas un cm2 de notre terre à ce voleur de Babou Yara’’, lance un manifestant.

Selon nos informations, la population de Sokonafing est sur pied de guerre. Ils se disent prêt à mourir pour leurs terres. Et cela par tous les moyens, préviennent-ils.

Aux dernières nouvelles, l’Association des propriétaires fonciers et de concessions rurales de Sokonafing (APFCRS), à travers le cabinet de Me Diarra and Co, ont saisi le tribunal de la commune III pour demander l’arrêt des travaux engagés par la famille Yara , puisque le litige qui les oppose reste encore pendant devant la Cour suprême (cf Pourvoi en cassation en date du 31 Août 2021 formulé par Aka et autres dans cette affaire) Le jugement qui a eu lieu le lundi dernier devant le tribunal de la commune III, a finalement été reporté pour la deuxième fois suite à la demande de report formulée par l’avocat de Dionkè Yaranangoré dit Babou Yara. Une malice pour certainement gagner du temps. Mais jusqu’à quand cela va durer ? L’on ne saurait le dire. Mais, voilà un peu donc en grosso modo ce qu’est l’homme, Babou Yara.

En effet, comment comprendre d’ailleurs qu’il soit quasiment le seul à détenir toujours des titres fonciers sur des terres déjà attribuées. Les autorités domaniales sont certainement pour beaucoup dans cette histoire. Le ministre des Domaines est donc interpellé afin de diligenter une enquête minutieuse au sujet des titres fonciers de Dionkè Yaranangoré.

Nous reviendrons dans nos prochaines parutions sur les manœuvres initiées par Mamadou Yara pour gagner le procès en cours devant le tribunal de Grande instance de la commune III.

A.N’Djim
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