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Afrique-Union Européenne et Otan : Réminiscence de la conférence de Berlin et mensonges
Publié le lundi 22 novembre 2021  |  L’aube
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15 novembre 1884, début de la fameuse Conférence de Berlin pour le partage et l’occupation de l’Afrique par les puissances européennes.
15 novembre 2021, conférence de l’Union Européenne pour organiser des sanctions contre le groupe militaire privé russe appelé “Wagner” et les militaires de la Transition au Mali. A priori, en dehors des dates communes, oser établir un lien ou une similitude entre ces deux conférences relève d’un exercice intellectuel bien singulier.



La première, initiée par le Baron Otto Von Bismarck, chancelier allemand du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 avait pour but de s’entendre sur le partage et la colonisation de l’Afrique. Toutes les puissances européennes étaient là: Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire Ottoman, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie, Suède-Norvège et les États-Unis.

La deuxième, curieusement organisée par l’Union Européenne ce 15 novembre 2021, jour anniversaire du 15 novembre 1884, relève peut-être d’un hasard du calendrier, mais son symbolisme ne peut laisser indifférents les peuples d’Afrique. Les sanctions qu’elle se propose illusoirement de prendre contre les dirigeants du groupe “Wagner” et concrètement contre les Maliens afin de les dresser contre les dirigeants actuels du pays cheminent dans cette voie d’annihilation de toute tentative d’émancipation des peuples d’Afrique de cette infantilisation, voire de cet abrutissement multiséculaire qu’on leur impose.

De fait, les pays pompeusement appelés communauté internationale, en réalité l’OTAN et ses satellites, se savent incapables d’opérer à leur guise lorsqu’une puissance de poids militaire équivalent se dresse en travers de leurs entreprises. En l’occurrence la Fédération de Russie dont l’intervention a sauvé Maduro au Venezuela, Bachar El Assad en Syrie, Touadera en Centrafrique…

Soudainement, la grosse Bertha, cette immense machinerie occidentale est grippée par les interventions russes sous différents cieux. Cela explique les déclarations hystériques et insultantes des Macron, Le Drian, Parly, le déplacement du patron de l’Africom étasunien à Bamako, l’appel téléphonique d’Angela Merkel à Assimi Goïta, les déclarations ulcérées de Josep Borrel, les sanctions des derviches tourneurs de la CEDEAO. Ces vieux nègres satrapes engoncés dans leur servilité pitoyable dans leurs gesticulations et oukases font encore des Africains la risée du monde. Ces messieurs de la CEDEAO n’ont ni peur, ni honte parce qu’ils sont adoubés à Paris, Londres, Bruxelles, Washington… Ils excellent dans la soumission rampante. Ils défilent à Bamako avec les bréviaires de leurs maîtres, bien propres sur eux, bien engoncés dans leur plastron idéologique édicté de capitales occidentales. Quitte à être ridicule, il faut le faire avec les atours, l’apparat qui sied à la chose ; de façon solennelle et tonitruante il faut donner les gages de sa soumission aux maîtres contre ses propres frères.

Et ensuite, ces maîtres diront comme ils ont toujours procédé dans le passé : Nous ne sommes pas responsables de l’esclavage puisque ce sont les nègres qui se vendaient entre eux. La colonisation ?

Elle a apporté les routes, les médicaments, l’école, Dieu, c’est à dire la civilisation à ces simili humains que nous avons introduits dans l’humanité. Ils diront que le malheur des Maliens a été mis en scène par d’autres Africains de la CEDEAO ; Ils diront tant et tant de choses pour diluer leur responsabilité : ils citeront les vieux supplétifs, Houphouët à l’ouest, Bongo au centre, utilisés contre le Nigeria par De Gaule durant la guerre du Biafra de 1967 à 1970 et qui, selon le Canadien Ian Smillie, consultant en matière de développement, a fait plus de 180 000 morts supplémentaires de civils à cause de ce soutien aux sécessionnistes. D’autres sales besognes seront confiées par la suite à des satrapes locaux: Blaise à l’ouest pour l’assassinat de Sankara, l’accueil des terroristes du MNLA, la vente des diamants du sang de Sierra Leone et Liberia et d’autres “grenouillages”, Sassou au centre, Alassane Dramane Ouattara, Mohamed Bazoum et Nana Akufo Addo à l’ouest, Biya au centre…

Maintenant on fait dans la subtilité, pas comme durant la conférence de Berlin de 1884-1885, on prend la précaution d’impliquer des locaux à la manœuvre pour la oindre de cette onction sacramentale.

Certaines autorités, dans des chancelleries occidentales ou palais, veulent le maintien indéfini de ce réflexe de soumission. Alors elles passent leur temps à rechercher et à essayer d’imposer des supplétifs de la prédation planifiée dans les salons feutrés entre personnes de bons commerces. Bien “civilisés”, “biens sous tous rapports”. Dans une contribution du 24 octobre 2019, j’écrivais ceci : ” Dans la très grave et sulfureuse crise imposée au peuple malien depuis 2012, le silence des autorités maliennes, tant à l’échelle du Mali que porté à la conscience de l’universel, pose problème. Elles connaissent les tenants et les aboutissants de la crise, elles sont au fait de tous les stratagèmes ourdis déci delà pour fragiliser et dépecer le territoire. Mais aucun ne pipe mot. Toutes s’imposent un silence dont l’explication, au premier abord, est assimilable à de la simple pleutrerie mais dont les origines sont profondes, d’une mise en place séculaire, voire multiséculaire sur laquelle certaines expériences récentes apportent des éléments de lecture assez pertinents”.

Une mutation semblerait se produire favorisant le passage de l’acquis à l’inné. La peur, en raison de siècles de massacres, d’assassinats d’hommes politiques, est devenue une seconde nature chez beaucoup d’Africains, notamment la classe dirigeante régulièrement expurgée des hommes qui veulent réellement le bonheur des peuples d’Afrique.



La nouvelle donne

Les peuples donnent désormais de la voix à Bamako, à Ouagadougou, à Dakar… Ils ne veulent plus laisser les hommes politiques d’Afrique seuls face aux bourreaux; ils ne veulent plus garder les larbins à la tête des pays… Les Africains ont compris que le terrorisme a bon dos. Il est une fabrication, devenue grossière et grotesque, pour semer le chaos dans les pays ciblés par les maîtres du monde. Ces maîtres du monde qui viennent ensuite en rédempteurs dans ces pays pour sauver le monde du terrorisme qu’ils ont mis en place et qu’ils nourrissent. Les peuples d’Afrique ont compris ce jeu macabre, tellement ignoble que les peuples du nord, en occident, refusent d’ouvrir les yeux sur la chose.

Sur le sujet, une interview récente de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires Étrangères, sur la duplicité de Laurent Fabius dans l’utilisation déstabilisatrice de la minorité Touareg de Kidal au Mali est édifiante. Il faut juste se donner la peine de l’écouter. Cette minorité Touareg faisait partie de la “Légion Islamique” une unité de mercenaires à la solde de Mouammar Kadhafi. Ces Touareg de Kidal, minoritaires parmi les autres Touareg, ont bénéficié des armes déversées en Libye par l’OTAN, la France et le Royaume-Uni en 1991. Ils ont été encouragés à trahir Kadhafi et à déferler sur le Mali où on a promis de les aider à créer un État, donc à imposer la partition du Mali. Quand ils ont voulu fondre sur Bamako, Sarkozy n’était plus aux commandes à Paris, mais Hollande a brillamment pris la relève. Alors que le Président intérimaire du Mali, Dionkounda Traoré, demandait un simple appui aérien à la France pour stopper les terroristes, Hollande, Le Drian et Fabius lui ont “imposé” la rédaction d’une demande d’aide assortie d’une autorisation d’intervention terrestre des troupes françaises. Depuis le problème a empiré, l’armée malienne a été exclue, des pans entiers du nord Mali ont été “confiés” à ces terroristes par l’État français.

Les pancartes hostiles à la France dans les rues de Bamako, Ouagadougou et ailleurs ne manifestent pas un sentiment anti-français, mais le ras le bol de la duplicité des autorités françaises. Duplicité qui entraine des centaines de morts dans les trois pays du Sahel que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Je dis haut et fort qu’il y a volonté délibérée de créer une peur panique par les massacres afin de vider des régions entières de leurs populations. Ainsi elles laissent le champ libre aux prédateurs qui viendront piller les richesses. Huit années de SERVAL, MINUSMA, BARKHANE et le problème d’insécurité progresse dans tout le pays et la région du Sahel. Maintenant TAKUBA. Demain on va nous pondre l’opération EXCALIBUR. Au XIXème siècle, on est venu pour nous ” civiliser” et nous avons récolté un siècle de colonisation; là on vient pour nous débarrasser du “terrorisme” et il se répand. Nous sommes toujours assez stupides pour ne pas comprendre. Le jeudi 18 novembre 2021, les jeunes burkinabè ont bloqué un convoi militaire de l’armée française parti de Côte d’Ivoire pour rallier le Niger en passant par le Burkina Faso. Les propos des jeunes étaient clairs, ils soupçonnaient le convoi d’apporter des armes aux mercenaires qui massacrent les populations civiles. Les choses sont claires maintenant, les peuples d’Afrique refusent de s’aplatir comme les dirigeants de la CEDEAO devant ces marchands de mort autoproclamés “communauté internationale”. Les médias occidentaux n’en disent rien, ils sont complices. De la même façon, ces médias participent à l’obscurantisme ambiant quand ils parlent de “mercenaires” russes de Wagner et leurs exactions supposés en Centrafrique. Alors je vous invite à relire les exactions avérées et documentées des mercenaires étasuniens de “BLACKWATER”, devenu “ACADEMI”, dans un passé récent en Irak: tortures, assassinats, humiliations filmées et postées sur les réseaux, sodomie de prisonniers… J’oubliais les exactions des mercenaires français de la “LÉGION ÉTRANGÈRE” à propos de laquelle on pouvait lire ceci dans le “Figaro” des 23 et 24 octobre 2021: ” Un réseau national de prostitution a été démantelé en fin de semaine dernière entre le Gard et les Bouches-du-Rhône. Six militaires ou anciens militaires, notamment basés à Nîmes (Gard) où est installé le 2e régiment d’infanterie de la Légion étrangère (1300 hommes), ont été interpellés par les policiers du Raid et de l’Office central de lutte contre la traite des êtres humains (OCRTEH) après un an d’enquête.” Ce sont ces troupes de la Légion Étrangères que l’État français utilise dans le monde. Avec des acrobaties sémantiques, on essaie de les écarter du camp des mercenaires, mais ils le sont depuis la création du corps en 1831. Leurs crimes rentreront dans les légendes de pirateries d’État. Les crimes en Algérie, les coups d’État aux Comores par Bob Denard le 13 mai 1978 suivit par l’assassinat du président Ali Soilih quelques jours plus tard; sa tentative de coup d’État au Benin un an avant, en 1977… Les Britanniques ont utilisés les Gurkhas, leurs mercenaires issus du sous-continent indien (Inde et Népal) dans les guerres récentes des Malouines contre l’Argentine, durant la guerre du golfe, en Irak, en Sierra Leone… L’occident a cette habitude de dénoncer chez les autres les crimes qu’eux-mêmes commettent régulièrement dans le monde. Vous me dites crimes de l’ex URSS dans les pays satellites d’Europe de l’est de 1929 à 1984? Je vous réponds crimes des USA avec United Fruit en Amérique Latine depuis les années 1950 aux années 1980. Je vous dis extermination des amérindiens. Je vous réponds crimes contre l’humanité au Japon avec la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki. Je vous réponds soustraction de criminels nazis à la justice et leur utilisation par les services étasuniens. Et DAESH, et AL QAIDA… Bref je vous fais un texte de plusieurs milliers de pages y compris sur les autorités françaises.

Et voilà l’Union Européenne montre ses muscles le 15 novembre 2021, lors d’une table ronde du Conseil de l’Europe à Bruxelles, pour prendre des sanctions contre des dirigeants du groupe russe “WAGNER” parce qu’il fait du mercenariat à travers le monde, surtout en Afrique récemment.

Cette hypocrisie assumée permettant aux occidentaux de taire leurs actes de pirateries d’État pour pointer le mercenariat russe laisse songeur.

Ainsi va le monde et ainsi va l’homme. Quand l’autre se rend responsable d’actes qui peuvent heurter, on hurle à la mort, mais quand les nôtres sont générateurs de la même action, on applique la maxime des “trois petits singes”: « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal ».

Les peuples d’Afrique ont, plus que jamais, intérêt à se saisir de leurs destins et à mutualiser leurs efforts sans compter sur des dirigeants issus de la bourgeoisie compradore, cette bourgeoisie qui compose avec l’étranger pour piller les ressources de son propre pays.

Yamadou Traoré

Analyste politique
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