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Entre Nous : La France victime d’elle-même au Sahel !
Publié le mercredi 1 decembre 2021  |  Le challenger
Serval
© AFP par Byline
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Un convoi logistique de l’Armée française qui a quitté Abidjan en direction de Gao via le Burkina et le Niger a fait l’objet d’un blocus de quelques jours à Kaya par les populations du pays des hommes intègres. Après quelques jours de statu quo, le convoi a finalement repris sa route vers Gao. Ce blocus a ravivé encore les récriminations populaires d’une partie de la population contre l’opération militaire française Barkhane, laquelle opération couvre cinq pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Le passage de ce convoi a tourné au drame à Téra, une ville nigérienne.
Du Mali au Burkina en passant par le Niger et le Tchad, la politique extérieure de l’ancienne puissance coloniale est de plus en plus contestée par une partie des opinions publiques. Au Mali comme au Burkina, la dégradation de la situation sécuritaire avec son corolaire de morts quotidiennes a poussé cette frange de la population à s’interroger sur l’efficacité de l’opération militaire française.



Les officines de fabrication de fausses informations ont largement contribué à carboniser l’image des opérations militaires françaises au Sahel. En réalité, les opinions publiques manipulées ont une perception parcellaire du travail de Barkhane. Cette perception quasi-négative des populations citadines en grande partie tire sa source de la communication qui entoure les opérations militaires françaises au Sahel. De Serval à Barkhane, les Français se sont substitués aux Armées nationales. Surtout au Mali, ils ont trop mis en avant leur hégémonie dans la conduite des opérations comme si l’Armée malienne n’existe pas ou ne vaut absolument rien. Ce qui fait que les opinions publiques se focalisent sur Barkhane oubliant du coup leurs Armées. La France est victime d’elle-même.

Les Français ont commis des erreurs mais certaines critiques sont excessives au regard de l’immensité du territoire où se déplacent ces groupes armés extrémistes et de la nature asymétrique de la guerre. Certes Barkhane dispose de plus de moyens mais ne peut aucunement assurer une couverture efficace de ce vaste territoire du Sahel. Quelques 5 000 soldats ne peuvent pas garantir la quiétude sur un espace vaste de plus de trois millions de kilomètres. Les opinions publiques surtout citadines ne perçoivent pas cette dimension, rarement abordée par les analystes dans leurs interventions. La non-prise en compte de cet aspect conduit généralement à une surévaluation des capacités opérationnelles des militaires de l’opération Barkhane, lesquels reçoivent d’appuis importants de la part des Américains en termes de renseignements provenant de l’exploitation des moyens de surveillance très sophistiqués. Sans cet appui précieux des Américains, les Français auraient eu du mal à réussir certains exploits notamment les éliminations des chefs de groupes terroristes. Les nombreuses erreurs commises par la France dans la conduite des opérations ne sont pas dénoncées seulement au Sahel. En France, ils sont nombreux y compris les diplomates ou les anciens diplomates à exprimer leur profond désaccord sur ce sujet. Pour être opposé à l’alliance avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) aux premières heures de Serval, Christian Rouyer, ambassadeur d’alors à Bamako, a été rappelé sans aménagement par Laurent Fabius. Laurent Bigot est connu pour être l’une des critiques virulentes de la politique de son pays au Sahel.

Si les tribunes publiées par des anciens diplomates, des chercheurs avaient été mieux analysées, la France ne se serait sûrement pas retrouvée dans cette situation embarrassante au Sahel sous les feux des opinions publiques. Récemment, l’ancien Premier ministre français Dominique De Villepin critiquait aussi la posture dans laquelle se trouve la France au Sahel. Des hommes politiques français comme Jean Luc Mélenchon ne portent pas de gangs pour tirer à boulets rouges sur la politique française au Sahel.

La France doit procéder à un changement radical au Sahel. Il faut non seulement confier le contrôle des opérations aux Forces armées nationales mais aussi donner une chance aux initiatives politiques locales visant à trouver une passerelle de dialogue avec les groupes extrémistes. La réorganisation du dispositif de Barkhane doit être perçue comme une opportunité par les pays du Sahel en général et le Mali en particulier.

Par Chiaka Doumbia
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