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Attentat, Gouvernement, MNLA, justice, Moussa Traoré, inondation, absentéisme, usage des véhicules de l’Etat, embourgeoisement, couacs…Sa popularité en chute libre
Publié le mardi 1 octobre 2013  |  Maliba Info


© Autre presse par DR
Mali: Le général Moussa Traoré


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Que disait déjà le président de la République française à son tout nouvel homologue malien ? « En Octobre, on verra bien si tu seras autant populaire». C’est Octobre et les choses ne s’annoncent pas bien pour l’interlocuteur de Monsieur François Hollande.

Le doute s’installe d’ores et déjà dans les esprits à seulement un mois de la prise de fonction officielle du président élu, Ibrahim Boubacar Keïta. Quand bien même prévisible, l’on n’imaginait cependant pas que le phénomène serait autant précipité. Mais qui qu’il eut été (IBK ou un autre), ce président malien, dans le contexte actuel aurait une côte de popularité très éphémère. Et pour cause. Les défis restent trop nombreux pour beaucoup trop d’espoirs et surtout des moyens conséquents. Aussi, il s’agit d’un phénomène nouveau et la capacité d’adaptation des maliens n’est pas chose acquise d’avance. Tenez : la côte de popularité de feu Modibo Keïta n’est pas restée statique seulement une année après l’euphorie de l’indépendance en 1960; Le pic a entamé sa courbe en 1962 suite aux affaires dites « Franc malien », «opération taxi», des opposants politiques du PSP, etc. Alpha Oumar Konaré lui, a entamé sa chute seulement deux ans après son élection suite à la crise scolaire, la création du Collectif des Partis politiques de l’opposition (COPPO), etc. ATT lui, a été certainement le plus chanceux, peut-être à cause de son fameux « consensus » qui sera malheureusement à l’origine de sa perte. Bref, la côte de popularité du gouvernant africain reste très fragile certainement à cause de la versatilité des gouvernés.

Bien entendu, aucun sondage d’opinion ne confirme, pour l’instant, ce début de désaveu de l’actuel homme fort du pays, mais des réactions plutôt amères consécutives à des décisions politiques, postures et actes de gouvernance, témoignent d’ores et déjà du sentiment désobligeant de nombre de ses compatriotes à son égard. Le mouvement «Sabati 2012» ayant vertement soutenu le candidat n’a-t-il publiquement désavoué la composition du nouveau gouvernement ? D’autres, même s’ils ne jugent pas nécessaire, pour l’instant, de lever autant la voix, n’en pensent pas moins. Pendant que certains reprochent la présence d’anciens cadres qu’ils jugent responsables du chaos actuel, d’autres et non des moindres, s’estiment tout simplement lésés… Par ailleurs, au sein du Haut Conseil Islamique, le nouveau ministre du culte ne fait pas l’unanimité. Loin s’en faut. La quasi-totalité des membres de l’institution voient en effet, d’un très mauvais œil le nouveau ministre pour des raisons liées à la personnalité même de l’intéressé. Ils préfèrent de loin le sortant, un des leurs. Aussi, n’ayant pas été consultés pour s’être battus pour lui, certains s’estiment frustrés voire trahis par le nouveau président…

En clair, tout se passe comme si tous les acteurs maliens n’avaient pas la même lecture du «changement». Mais quoi que l’on dise ou pense, le bénéfice du temps profite là au président… Ses compatriotes lui ont accordé leur confiance et lui, à son tour, a donné sa confiance à des hommes et femmes … Le reste est une question de temps et de résultats. «L’on ne saurait aimer un cheval et détester sa queue», dit l’adage.

Voilà certainement le dossier le plus sensible à l’origine immédiate de la baisse de popularité du nouveau président malien. Et l’attentat survenu le samedi dernier à Tombouctou n’arrange absolument rien dans la désormais chute vertigineuse puisque survenant après la libération de présumés criminels accusés de sédition et de rébellion et contre l’avis de la justice.

Pour rappel, le nouvel élu doit, en grande partie son sacre à son attitude va-t-en-guerre contre les séparatistes touaregs. Mais un mois après son élection, ses compatriotes sont désormais moins nombreux à croire en sa capacité de juguler le mal. Avouons-le : certains reproches à lui faits, s’avèrent bien fondés : Il a accueilli et parlementé avec des criminels recherchés par la justice de son pays. Il aurait été d’abord séant et politiquement correct de lever au préalable le mandat d’arrêt contre eux, par respect pour la justice et pour le premier magistrat qu’il incarne désormais.

Les conséquences de cette légèreté sont énormes. Et pour cause. Quel pays se plierait-il éventuellement aux injonctions de la justice malienne dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt international si le président de la République lui-même ne respecte ce principe élémentaire du droit international ? Qu’a-t-on reproché ATT ? Son laxisme, voire sa complicité passive avec des présumés séparatistes au mépris de la justice et de la sécurité des populations!

Bien entendu, les marges de manœuvres de l’homme restent très étroites dans le traitement de ce dossier (les accords contraignants pour son pays ont été signés avant lui) ; il a cependant la possibilité de choisir de bons interlocuteurs et de respecter les règles par lui-même édictées : «on ne négocie pas avec des terroristes» !

C’est un constat : la majorité des maliens n’ont pas confiance en la justice de leur pays. Elle serait, selon eux, corrompue et …, «Indépendante de tout sauf de l’argent sale» (dixit Me Fanta Sylla, ancienne ministre de la justice). Pour sa part, l’accusée se défend en dénonçant les actes d’ingérence des politiques dans les affaires judiciaires. Et bien entendu, le nouveau président s’est engagé à faire le ménage dans ce secteur. Mais un fait récent laisse désormais sceptiques ses compatriotes.

Il s’agit de l’affaire de l’actuel maire du District. Cet élu, rappelons-le, est toujours maintenu dans les liens d’une accusation, voire de plusieurs et a récemment bénéficié d’une liberté provisoire. L’affaire, ou du moins, les affaires le concernant sont toujours pendantes devant les juridictions compétentes. Après avoir été incarcéré pendant plusieurs semaines et bénéficié plus tard d’une liberté provisoire, le voilà qui reprend du service, au propre comme au figuré. En somme, il a repris les mêmes fonctions et selon certains, les mêmes pratiques qui lui ont valu son placement sous mandat de dépôt par la justice de son pays. Et mieux ou pis ! Il joui encore des privilèges de son titre de maire du district qui lui vaut d’accueillir les officiels. En somme, bien que mis en examen, il joui de toutes les prérogatives et considérations officielles dues à son rang de maire central. Tant pis pour les victimes !

Dans d’autres pays, la décence, voire la législation en vigueur aurait contraint le suspect à quitter tous postes de responsabilité le temps que les affaires le concernant soient définitivement tirées au clair. Et aucun officiel, en attendant la décision de la justice, n’aurait, de manière publique, avec lui, entretenu le moindre lien officiel.
La procédure en la matière, voudrait que les poursuites soient d’abord abandonnées contre lui ou qu’il soit lavé de tous soupçons avant de reprendre officiellement fonction.

Le cas du maire du district n’est, hélas pas isolé. Il existe bien d’autres inculpés occupant aujourd’hui leurs fonctions officielles comme si de rien n’était arrivé. Les victimes peuvent aller se faire voir. C’est tout simplement la désillusion pour elles.

La toute première bourde du nouvel élu a été sans doute la réhabilitation anticipée de l’ancien chef d’Etat, le Général Moussa Traoré par lui traité de «Grand Républicain» lors de la cérémonie de son investiture le 04 Septembre dernier. Certains expliquent les motivations de l’orateur, en partie, par son souci de contrarier son ancien employeur, Alpha Oumar Konaré lequel a brillé par son absence lors des assises en question. Un crime de lèse-majesté, certes, mais de là à traiter un ex-condamné de «Grand Républicain»…

Rappelons-le : le «Grand Républicain» reste, jusqu’à la preuve du contraire, juridiquement et moralement responsable de la mort de plusieurs de ses compatriotes ; Il a été, à deux foi, condamné par la justice de son pays, respectivement à la suite du procès « crime de sang » et «crime économique». Il ne saurait donc être un «grand Républicain» surtout de la part d’un président de la République et devant les membres de la cour suprême du pays.

Dans les faits, deux possibilités s’offraient au nouveau président de la République : la Réhabilitation pure et simple du « condamné » ou un nouvel examen des dossiers le concernant. Dans la première perspective, une commission devrait être préalablement mise sur pied comme ce fut le cas avec feu Modibo Keïta désormais réhabilité; et dans la seconde, la justice pouvait être saisie en vue de réexaminer les dossiers à l’origine de sa double condamnation. Et ce n’est qu’après ces démarches, si elles s’avéraient concluantes, que l’ancien président pouvait être considéré comme «Grand Républicain».

Mais en le déclarant, avant l’heure, « Grand Républicain », IBK aurait tout simplement réussi le pari de se rendre impopulaire avant l’heure pour une partie de ses inconditionnels.

La récente sortie d’Ibrahim Boubacar Keïta, à l’occasion de la célébration du 22 septembre 2013 a laissé pantois plus d’un compatriote. Lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique de son pays ; contre l’utilisation abusive des véhicules de service… Qu’on s’y arrête un instant !

L’absentéisme reste le moindre mal de l’administration publique malienne. En clair, ce phénomène, certes déplorable, est cependant loin d’être une priorité. Pis, la sortie du président risque même d’être contreproductive. Et pour cause. Le fonctionnaire malien reste parmi les moins compétitifs dans la sous-région : très bas salaires, effectif pléthorique dans des services et régions géographiques et déficit chronique dans d’autres; niveau très mitigé des agents et cadres; mauvaise traitements et répartition des ressources humaines et financières (primes et allocations), corruption… Bref, le fonctionnaire malien est très mal côté. Comparez le nombre de fonctionnaires internationaux sénégalais, ivoiriens et autres par rapport à nos ressortissants dans les instances internationales pour vous rendre compte! Les Maliens se comptent en effet sur le bout des doigts. La situation de l’Ecole n’est certainement étrangère à ce phénomène. Rendre le fonctionnaire malien compétitif est donc une priorité. Et l’absentéisme ne constitue qu’une infime partie du mal.

Par ailleurs, ce sont les rares meilleurs cadres et agents du pays qui sont abonnés à l’absentéisme pour des raisons évidentes. S’ils sont les derniers à se rendre au service, ils sont également les derniers à en sortir; travaillant largement au delà des heures officielles. Certains ont même aménagé une partie de leur maison en bureau et ne comptent nullement sur le paiement d’heures supplémentaires. Leur vie de famille est du coup affecté voire infectée par leur travail. En somme, si la mesure doit concerner ceux-ci, ce sera alors un énorme gâchis.

Aussi, la spécificité des services et des fonctions impose bien souvent l’absentéisme ou la présence effective et continue de certains cadres et agents dans leurs services respectifs. Tenez : un chirurgien appelé en urgence pour une opération dans un hôpital public est contraint de faire appel à ses assistants, infirmiers, pharmaciens, laborantins, anesthésistes, etc., (selon le cas); lesquels appelés, on s’en doute, doivent profiter d’un repos bien mérité après mission. Ils son pourtant nombreux à reprendre le travail dans les heures normales de service, par pure nécessité et au regard de la présence des patients. Ils restent à l’affut de quelques moments creux pour se reposer ou vaguer à d’autres occupations. Le phénomène est valable dans de nombreux compartiments de la fonction publique malienne et selon la spécificité des services.

Plus banal encore : la règle voudrait que tous les salaires de fonctionnaires atteignant 50.000 F CFA soit payés par virement bancaire. Et quand donc notre pauvre fonctionnaire doit-il aller se faire payer à Banque sans risquer d’être absent du service?

En annonçant une lutte sans merci contre l’absentéisme (on imagine que des contrôleurs zélés se sont déjà mis en branle), le président de la République accroit tout simplement le risque chez ces cadres et agents de s’abstenir de tout «sacrifice» au profit des usagers. Ils se limiteront certainement au strict minimum.

Aussi le saviez-vous ? Le fonctionnement des services diffère selon les régions et les saisons, de Kayes à Kidal, en rapport avec les rigueurs du climat. Impossible par exemple, dans certaines régions du Nord au mois d’Avril ou mai, d’être productif entre 12 heures et 15 heures de la journée. En somme, les heures de service sont assujetties aux intempéries. On fait avec !

La rentabilité, l’efficacité, la lutte contre le gaspillage ! Telles devraient constituer les maîtres-mots du Président IBK à l’endroit des fonctionnaires. Mais avec le radicalisme, il vient de donner des idées et s’attirer l’antipathie de nombreux cadres et agents de l’administration d’Etat.

L’on comprend aisément que le nouveau président fait allusion ici aux cadres lesquels ont seul droit à pareils avantages. La décision du chef est, là aussi, irréfléchie ! La loi prévoit, dans le cas de nombreux services, des allocations pour le transport des cadres dans leurs services respectifs. Des subsides qui, hélas, n’ont jamais été octroyés et presque jamais réclamés par les ayants-droits. En réclamant les droits de l’Etat, IBK incite tout simplement les bénéficiaires à exiger les leurs à ce même Etat lequel n’a, hélas pas les moyens de sa politique.

Pis ! La plupart des syndicats de l’administration d’Etat ont aujourd’hui des doléances en souffrance. Et les acquis n’ont jamais fait objet d’exécution. Et pendant que le nouveau président parlait, il manquait juste de l’encre dans des photocopieuses, du papier ou du trombone dans certains bureaux… Pour raison de crise, le crédit de fonctionnement de nombreux services et département a été coupé… En clair, IBK ne fait que préparer le terrain à des mouvements de revendications à travers ses propres exigences.

Aussi, la lutte contre l’absentéisme et l’usage dit abusif des moyens de l’Etat doit être mené à l’interne et ne nécessite point une sortie musclée du président de la République.

Des personnages très proches du président ont, au moment des faits, beaucoup fait parler d’eux, de la famille Traoré en passant par celles Konaré et Touré. Aujourd’hui, il est question des Keïta. De folles rumeurs circulent en ce moment sur un début d’embourgeoisement du cercle. Normal, le patron lui même ne s’est-il pas réclamé « bourgeois» de son Etat ? Une autre époque, bien sûr, mais des rumeurs, non sans fondements, qui affectent dangereusement aujourd’hui la côte de popularité de l’élu.

Hier, c’est un gendarme à l’aéroport qui faisait les frais de la colère présidentielle; aujourd’hui, ce sont les populations de Sébénicoro qui, pour le confort du prince, se voient priver de leurs remparts de protection contre les accidents mortels de la circulation routière; auparavant, il avait fièrement annoncé l’ouverture d’une enquête sur les inondations ayant fait plusieurs victimes… Ces différentes postures et couacs sont aujourd’hui diversement interprétés par les populations.

D’abord les promesses fermes relatives à l’enquête sur les inondations. Aujourd’hui, presqu’un mois après le drame (c’était le 04 septembre 2013), aucune autre annonce n’a été faite. Pas de résultats d’investigation, pas de communication. Et les spéculations vont désormais bon train.

Le silence gouvernemental serait-il du fait de la responsabilité présumée de certains maires RPM dont le concours est vivement attendu lors des prochaines législatives? Le changement serait-il vraiment une réalité au Mali ? Et l’on rappelle allègrement que le résultat d’aucune enquête officielle du temps d’ATT n’a fait objet de publication. Le drame survenu au Stade Omnisports Feu Modibo Keïta, lors de la fête de Maouloud 2010 est là pour nous le rappeler. Des centaines de victimes, une enquête ouverte et… plus rien.

Un silence du nouveau régime qui laisse perplexes beaucoup de victimes. Pour eux, les temps n’ont guère changé.

Par railleurs, c’est sur le petit écran national que l’on aperçut le président de la République invectiver un élément des forces de l’ordre à l’aéroport. De nombreux téléspectateurs se sont eux-mêmes sentis diminués. Et pour cause. Il existe tant d’échelons et de hiérarchies entre un président de République et un officier de gendarmerie ! L’incident a eu pour seul mérite dans la mémoire collective, de rappeler celui survenu entre l’ex-ministre des transports, Ahmed Diane Séméga et des policiers au même endroit. Hélas ! Ce qui ne grandit pas l’actuel patron.

Plus loin, à Sébénicoro, les populations se sentent désormais en danger depuis la démolition des ralentisseurs sur ordre du président de la République en personne. On signale d’ores et déjà des accidents mortels. Voici donc l’intérêt public sacrifié sur l’autel du confort présidentiel. Il faudra craindre des incidents à ce niveau. La décision de démolition suivie d’effet a eu là aussi, le mérite de frustrer et de mécontenter les populations pour le bien- être et la protection desquelles, le nouveau président s’est pourtant engagé.

En définitive, la côte de popularité du président IBK élu avec plus de 77% des suffrages s’étiole beaucoup trop vite… Fort heureusement, rien n’est encore perdu.

B.S. Diarra

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