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Souffrances des populations de Kayes : Arrêt du train, la face émergée de l’iceberg
Publié le vendredi 13 janvier 2023  |  Le Tjikan
Relance
© aBamako.com par AS
Relance du trafic ferroviaire Bamako -kayes
Bamako, le 13 juillet 2022. Le ministre des Transports et des Infrastructures a procédé au lancement à la gare ferroviaire de Bamako de l`essai du train voyageurs entre Bamako et Kayes
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Une délégation composée d’une vingtaine de journaliste, au sein de l’Union des Journalistes Reporters du Mali (Ujrm), a sillonné du 24 décembre 2022 au 1er janvier 2023 la région de Kayes, dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’actions. Cette tournée régionale avait pour objectif de faire un zoom sur la première région du pays, aller à la découverte des potentialités et des difficultés auxquelles Kayes et ses populations font face. Dans cette localité appelée la cité des rails, la reprise du chemin de fer n’est que la partie visible de l’iceberg dans leurs revendications. Les populations sont confrontées à d’autres réalités dont il urge de parer à cela pour l’avenir même de la région.

À Kayes, malgré les énormes potentialités notamment dans les domaines minier, touristique et autres ressources naturelles, le développement de la région demeure à la traîne. Les causes sont multiples et variées selon les habitants de ladite localité. Pour eux, la première région est non seulement gangrenée par la corruption, l’impunité, la mauvaise gouvernance dans les administrations, mais aussi oubliée par les plus hautes autorités.

Il y a aussi le manque de structures sanitaires adéquates, l’immigration, l’augmentation du taux de déperdition scolaire à cause de l’absence d’universités et de lycées de proximité, le mauvais état des routes. ‘’L’or de Kayes ne brille pas pour nous les Kayesiens, c’est Bamako et quelques gros bonnets qui en bénéficient’’, peste une ressortissante de la région.

Certes le train est le poumon de cette région, mais la mauvaise gouvernance est le tabac qui est en train de nuire à la survie même de Kayes, malgré l’arrêt du train. Heureusement qu’il existe des ressortissants, des immigrés qui font tout pour apporter leur soutien aux parents. Ce, à travers la construction des écoles, des centres de santé, des entreprises locales, entre autres. Toute chose qui contribue au développement de leur localité. Kayes tient grâce aux appuis de ses enfants qui sont hors de la ville. Quid de l’Etat dans tout ça ?

Un besoin crucial de lycées et d’université à Kayes

« L’or vient de Kayes, c’est encore Kayes qui fournit l’électricité, c’est encore ici que les camions rentrent du Sénégal, mais Kayes est la région la plus démunie, il n’y a qu’un seul lycée dans tout le cercle de Kayes, dans la même ville s’il faut que les enfants fassent plus de 7km pour aller au lycée, s’ils n’ont pas de motos, ils vont abandonner l’école. Ce qui fait que le taux de déperdition scolaire est très élevé ici. Les jeunes sont dans la délinquance, l’alcool, la drogue. Mais avec le conseil du cercle, Kayes N’di a eu 3 classes. Quand le gouverneur est allé expliquer au président de Transition, il a pris le projet à bras-le-corps et c’est devenu un programme présidentiel, les communes environnantes pourront venir étudier ici et retourner. Pourquoi nous soutenons la transition ? Un jour le président Chirac m’a dit étant ministre du tourisme, vous savez chaque Etat doit avoir une hiérarchie de priorité et cette hiérarchie de priorité est déterminée par les conditions du moment. Aujourd’hui, notre priorité ce n’est pas la démocratie. La démocratie c’est quoi si tu n’as pas la sécurité ? Aujourd’hui, on a la sécurité Dieu merci, l’armée est en train de monter en puissance, ce n’est pas un slogan creux. Les pays voisins sont en train de nous respecter aujourd’hui. Il faut vraiment encourager ces jeunes militaires à renforcer davantage la sécurité, elle n’a pas de prix!», a expliqué N’diaye Bah, ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme, actuel chef de quartier de Kayes N’di. C’était chez le coordinateur des chefs de quartier de Kayes, Moussa Diarra, chef du quartier de Légal Ségou, où les autres chefs de quartier s’étaient réunis pour rencontrer la délégation de l’Ujrm.

Salif Diarra, chef de quartier de Kayes Liberté, pour sa part, dira que leurs enfants n’ont pas de travail et que c’est ce qui les amène à organiser des « grins » et devenir des alcooliques. Pourquoi les enfants n’ont pas de travail ? Pourtant ce n’est pas les potentialités qui manquent ! D’après les chefs de quartier, c’est parce qu’il n’y a pas d’université dans la région. «Les enfants, après le baccalauréat, sont envoyés à Bamako et ont du mal à étudier à cause de leurs conditions. Beaucoup abandonnent ainsi et commencent à fréquenter les grins de thé. C’est comme ça que la plupart a trouvé refuge dans l’alcool et dans la drogue. On ne veut pas une université classique, mais là où les jeunes pourront entreprendre après leur sortie. À l’en croire, le train a un grand impact à Kayes, depuis Bamako jusqu’à Kédira, chaque localité riveraine y trouve son compte. L’arrêt du train a causé une désolation totale, de Kayes à Bamako. Les enfants ont été contraints à l’immigration clandestine, tout le monde veut avoir de l’argent, ceux qui sont restés ont du mal à joindre les deux bouts à cause de leurs conditions très difficiles.

Le retour de Dr. Timbo à la tête du conseil de cercle, ‘’une bombe à retardement’’

Le problème au niveau du conseil de cercle de Kayes risque de tout sauter. Le retour de Timbo est considéré comme le germe d’une 2ème révolution populaire au Mali. « La justice est pourrie. Notre grande difficulté c’est quoi ? Le président du conseil de cercle de Kayes veut encore revenir travailler alors qu’il a été mis sous mandat de dépôt pour atteinte aux biens publics. Il parait que la Cour suprême lui a notifié de retourner à son poste. Certes, il est jusqu’à preuve du contraire un présumé innocent, mais nous voulons qu’il reste à la disposition de la justice jusqu’à ce qu’il soit blanchi comme l’a fait un autre enfant de Kayes, Hamane Niang, président de la FIBA monde », ont souhaité les chefs de quartier de Kayes. « Quelqu’un qui a bouffé nos sous devant tout le monde. C’est connu de tous. Dans sa gestion mafieuse ici, il y a eu beaucoup de malversations et de détournement du dénier public. Ce n’est pas normal et nous n’allons pas l’accepter. Qu’il attende son jugement. S’il insiste, la deuxième révolution après celle de 1991 commencera à Kayes. C’est la justice qui veut pourrir la transition. Assimi Goïta doit y veiller », a ajouté Salif Diarra, chef de quartier de Kayes Liberté.

Comment la mauvaise gouvernance freine le développement à Kayes

D’après les chefs de quartier présents chez leur coordinateur, les prix des produits de première nécessité sont très élevés à Kayes. Ils estiment que le directeur régional du commerce et son équipe vivent sur le dos des populations. Selon eux, ils prennent des pots-de-vin et ne font pas correctement leur travail. Kayes est la plus enclavée malgré ses énormes potentialités.

« Il n’y a pas de route et l’avion coute cher »

« Il faut des mesures fortes et vigoureuses pour que cette transition puisse atteindre ses objectifs. Nous n’avons pas de route, nous n’avons pas d’université, nous n’avons pas d’hôpital digne de ce nom et le chemin de fer que nous avions est à l’arrêt depuis longtemps et tarde à redémarrer. Pourtant nous avons 5 sites miniers. Nous n’avons même pas de feu de signalisation à Kayes. Si le train était en marche, ça allait être une catastrophe. Car le train peut faire des heures à circuler », a regretté le porte-parole des chefs de quartier.

Ils ont insisté sur le cas de la justice qui, selon eux, n’est pas indépendante. Pour eux, la réussite de la transition est impossible sans la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, comme le disait le Col Assimi Goïta. « La justice doit veiller à ce que les corrompus et les délinquants financiers croupissent en prison. Qu’ils soient une leçon pour les autres. Notre système judiciaire fait la promotion de la corruption et des délinquants financiers puisqu’après leurs arrestations, ils payent leurs cautions et retrouvent la liberté provisoire et après, plus rien n’est fait, ils retournent à leurs anciens postes pour récidiver. Ceux qui pillent le bien public doivent payer chèrement et ce rôle revient à la justice. Et nous allons continuer à dénoncer cela », a-t-il renchérit. Avant d’ajouter que l’argent du Covid-19 s’est volatilisé. « À Kayes les gens attendent toujours le fonds Covid-19. Le développement social nous avait promis que d’ici le 31 décembre 2022, chacun aura sa part. Ce n’est que du vent. Il parait que cet argent a été détourné aussi. On nous parle de 2023 encore. Pourtant ils sont en train de vacciner les gens contre le Covid-19. Nous sommes là pour la population et nous sommes la voie autorisée pour parler de leurs difficultés. Les Kayesiens souhaitent vivement le déplacement du président Assimi Goïta à Kayes. Qu’ils viennent constater de visu ce qui se passe ici. Il ne doit pas se contenter de ce que ses conseillers alimentaires lui disent dans le bureau. Il ne peut pas limiter ses déplacements dans son seul village à Koutiala, le Mali est vaste et profond, Kayes l’attend », a-t-il laissé entendre.

À suivre !!!

Moussa Sékou Diaby
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