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Mme Sidibé Dédéou Ousmane, Ministre de l’éducation : l’ambition dévorante
Publié le vendredi 19 mai 2023  |  La Nouvelle République
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de lancement des reformes majeures sur la question enseignante au Mali.
Bamako, le 10 novembre 2022. À la faveur d`un atelier qui s`est déroulé à l`Azalaï hôtel, le ministère de l`Education Nationale a, en partenariat avec le Bureau de l`UNESCO au Mali, procédé au lancement officiel des reformes majeures sur la question enseignante au Mali. (Photo Ministre de l`Education Nationale du Mali, Madame Sidibé Dédéou Ousmane)
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Il y a des réclames qui pourraient parfaitement illustrer ou symboliser la vie et le parcours de Mme Sidibé. « N’abandonnez jamais vos rêves » ou encore « ne fixez aucune limite à vos ambitions », au choix, ces deux phrases pourraient parfaitement lui aller comme un gant. De l’INPS où elle a creusé son sillon au ministère de l’Éducation nationale qu’elle a obtenu à la force de ses talons, Mme Sidibé Dédéou Ousmane ne se refuse rien surtout quand il s’agit de gravir les échelons. Il y a cette histoire qui la concerne directement et demeure encore vivace dans l’esprit de tous ses collègues de l’INPS ou disons ses anciens collègues (elle a pris sa retraite anticipée en palpant quelques dizaines de millions). Sous le règne de ATT, ATT dont on connaît la proximité et la complicité avec son époux en la personne de feu le général Souleymane Yacouba Sidibé dit Bébel. Mme Sidibé Dédéou Ousmane a été bombardée directrice générale adjointe de l’INPS. Cette décision ne fut pas du tout du goût d’ATT alors même que la bénéficiaire s’apprêtait à occuper ses nouvelles fonctions. ATT n’était pas content, un euphémisme, dans la mesure où c’est l’épouse de Dioncounda Traoré qui occupait le poste de DGA de l’INPS. Cela pouvait être perçu comme un cassis belli surtout que Dioncounda était le président de l’Adéma, parti politique dont ATT avait fortement besoin. ATT qui peut être sanguin à ses heures perdues a exigé illico presto que chacune réinvestisse son poste. C’est ainsi que l’épouse de Dioncounda a retrouvé son bureau de DGA alors Mme Sidibé Dédéou dévalait les escaliers pour ses anciens quartiers. Un record venait d’être établi en matière de nomination et d’abrogation de nomination (ce record a été pulvérisé par la nomination du gouvernement de Ouane 2 qui n’a survécu que 2 heures de temps). Selon certaines méchantes langues, son rêve le plus fou venait de s’évanouir. Dans son entourage on jure pourtant qu’elle n’en a jamais gardé rancune à ATT qui est plus qu’un ami de son époux. Cet épisode lui a permis de comprendre une chose: pour aller loin et gravir les échelons, il faut faire de la politique. Au lieu de prendre le raccourci de la création d’un parti politique, il y en avait déjà la tonne et le quintal, elle a investi le terrain moins embouteillé des centrales syndicales où il y’en avait que deux. Elle crée la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali (CTDM) en juin 2014. Et depuis lors, la petite boutique tourne avec des bénéfices souvent forts appréciables. En termes d’envergure, la CTDM arrive juste après l’UNTM et la CSTM. Elle assure surtout une sorte de promotion à sa créatrice. Quand la contestation a commencé contre IBK, elle a tôt fait de percevoir le sens du vent et de siéger autour de la table de ceux qui cherchaient la tête d’IBK. Et autour de la table, elle était très proche de Choguel Maïga, l’actuel Premier ministre.

Dans un gouvernement où on trouve des gens qui n’ont jamais travaillé ou presque (dans le sens d’une vraie arrière et de vraies compétences pour être ministre), c’est tout à fait naturellement qu’elle a été bombardée ministre, ministre à un poste régalien, celui de l’Éducation nationale. Fidèle parmi les fidèles du Premier ministre, elle fait office de garde rapprochée. Tout ce qui peut contrarier son chef, elle sait éviter. C’est ainsi qu’on ne la surprendra presque jamais en train de parler, même en des termes absolument anodins, des nombreuses écoles fermées dans le Nord et le Centre du pays à cause de l’insécurité. Quand l’armée monte en puissance, le moment est mal choisi pour parler de sujets qui fâchent. Quand les résultats des examens ne sont pas bons, elle trouve la pirouette pour évoquer les mesures qu’elle a prises pour lutter contre la fraude. Il n’en demeure pas moins vrai que les résultats sont tout simplement catastrophiques : 20,38% de taux de réussite en 2022 au bac contre 39,23% en 2021 ; 47,86% en 2022 pour le DEF soit 20,81% de moins qu’en 2021. Cette contre-performance a été mise par Mme Sidibé au compte de sa rigueur, du dispositif mis en place spécialement contre la fraude. Bien entendu cette affirmation lui fait la part belle. Même si la vérité semble se trouver ailleurs. Elle n’est pas parvenue à améliorer le temps d’apprentissage des élèves maliens. Elle n’y est pas parvenue et elle n’en parle même pas. Tout comme elle n’est pas parvenue à améliorer la situation des dépenses. C’est vrai qu’elle a trouvé qu’une bonne partie du budget de l’éducation est consacrée au fonctionnement et une petite partie seulement aux constructions d’écoles, de salles de classe ou de matériels didactiques ou d’intrants pédagogiques. Elle n’en parle pas parce que c’est à ce niveau qu’il y a à boire et à manger. Or, certaines pratiques ont la vie dure et le changement de comportement ne s’opère pas toujours avec promptitude.

Mme Sidibé Dédéou est dépeinte comme une dame très volontaire, très combative, soucieuse de l’atteinte des objectifs qu’on lui fixe mais également très proche de ses intérêts. En effet, quand elle a atterri à l’Éducation sa priorité a semble-t-il été de trouver des marchés pour les opérateurs qui ont soutenu le M5 au moment où il battait le pavé contre IBK. Qu’ils ne soient pas compétents ou expérimentés importait peu, la coloration politique suffisait. Elle avait eu quelques difficultés avec ses services financiers qui cherchaient à lui faire comprendre que les finances obéissaient à un autre mode de fonctionnement et d’exécution. Quand il y a eu la fameuse campagne de réhabilitation de 2000 classes sur l’initiative du Président de la Transition, Madame s’est particulièrement intéressée à la sélection des opérateurs. Son intérêt était si pressant que les services financiers ont dû souvent s’en référer à leur hiérarchie (leur chance est qu’ils dépendent du ministère des Finances et non d’elle directement). Démarrée en fanfare et en grande pompe, l’opération de réhabilitation n’a pas connu la même publicité au moment de la réception des ouvrages. On en saura la raison. Très bientôt. Tout comme nous saurons s’il est vrai qu’elle a fait venir dans son cabinet un de ses rejetons pour l’aider à voir clair dans certaines affaires auprès de la DFM. Ce qui est par contre établi, c’est sa propension au voyage. Tout un programme aussi.

Aly Kéita

Source : La Nouvelle République
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