Bandiougou Danté au Président de la transition : « nous avons été mis au pain sec et à l’eau »

News

Société

Article

Société

Publié le lundi 4 mars 2024 | Le Pays

© aBamako.com par FS
URTEL: la formation aux médias sociaux
L`URTEL a organisé du 4 au 6 Août 2015, la formation des acteurs de la société civile aux médias sociaux à la Maison de la presse.

En compagnie d’une forte délégation, le président de la Maison de la presse, Bandiougara Danté était à Koulouba, palais présidentiel du Mali, le 29 février dernier, pour la présentation de vœux du nouvel an au colonel Assimi Goïta, président de la transition.

« Je reçois avec insigne honneur et plaisir, le privilège de prendre la parole ce jour, à la faveur de cette présentation des vœux du Nouvel An. Une tradition que vous avez bien voulu perpétuer. Nous apprécions le traitement privilégié que vous réservez aux médias ». « Je voudrais, en mon nom propre et en celui de tous les professionnels de l’information et de la communication vous adresser nos sincères remerciements pour cette invitation. Je formule pour vous-même, pour votre famille, pour vos collaborateurs et pour l’ensemble des Maliens, nos vœux de santé, de réussite, de prospérité et de bonheur pour l’année 2024 », déclarait Bandiougou Danté au Président de la transition. Depuis quelques années, a estimé Danté, le pays est engagé dans un processus de transition visant à remettre en selle un Mali démocratique, de paix, de cohésion et d’entente. A cet effet, dit-il, la page 2023 que nous venons de tourner a été celle de grands défis politiques, sécuritaires, économiques, sociaux, sanitaires… Cela, tels qu’approuvent les reportages, les interviews, les dossiers et autres comptes rendus très abondants dans les colonnes des médias, sur les antennes et sur le petit écran. Dans ce domaine, les médias maliens ont reflété l’histoire présente de notre pays.

Recul de la liberté de la presse, cas d’assassinat et des journalistes portés disparus.

Face à l’homme fort de Koulouba, le porteur du message des médias maliens a déploré le recul de la liberté de la presse. C’est du moins ce que Danté a voulu faire entendre au colonel Goïta. « La liberté de la presse dans notre pays a quelque peu reculé. Ce constat est aussi celui des Organismes internationaux de soutien et de défense de la liberté des médias comme Reporter Sans Frontière (RSF) dont le classement annuel fait passer notre pays du 111e en 2022 au 113e rang en 2023 dans un contexte où la tendance n’est plus aux emprisonnements, mais aux assassinats et enlèvements ». Il met l’accent sur le cas des journalistes portés disparus ou même assassinés. « Nous pensons à Birama Touré, porté disparu depuis 8 ans, à Hamadoun Nialibouly, Moussa Bana DICKO de Douentza enlevés dans le centre du pays depuis 2020. Sory Koné de Souba dans la région de Ségou. Leurs familles et nous même attendons toujours de leurs nouvelles, les bonnes ». Sur ce registre peu reluisant, dit-il, s’ajoutent les assassinats de Dada Bah, animateur à la Radio Dagné FM dans la nuit du 26 au vendredi 27 octobre 2023 à Nara par des individus non identifiés, celui de Abdoul Aziz Djibrilla, animateur à la radio Naata de Labbezanga sur l’axe routier Ansongo-Gao le 7 novembre 2023, voire le rapt de Saleck Ag Jiddou dit Zeidane et Moustaph Koné respectivement directeur et animateur de la radio Coton d’Ansongo. Au même moment, Harouna Attini de la radio Alafia d’Ansongo s’en est tiré avec quelques blessures et un traumatisme psychologique profond. Plus récemment, le 11 décembre 2023, Almahady Barazy, directeur de la radio Bonferey de Taboye, dans le cercle de Bourem, a été lui aussi enlevé par des individus armés non identifiés. « Comment ne pas évoquer le cas de toutes ces consœurs, tous ces confrères qui ont dû abandonner leur rédaction parce que ne se sentant plus en sécurité », confiera le président de la MP.

La presse mise au pain sec et à l’eau !

Malgré les efforts communs de trouver des solutions, l’atmosphère en 2023 était viciée. Dans son discours, M. Danté a voulu être précis au sujet de la fameuse question de l’aide à la presse tant attendue. « Oui, nous avons été mis au pain sec et à l’eau. L’aide à la presse malienne qui a fait couler beaucoup de salives et d’encre semble s’éloigner de plus en plus ». Pourtant, elle permettait à bien des égards aux bénéficiaires, un tant soit peu, d’assurer la formation continue de leurs agents ; l’achat d’intrants, des frais de déplacement pour la collecte des informations, les frais de tirage et d’électricité et occasionnellement le salaire minimum aux employés, notamment les journalistes. « Nous ne sommes pas contre le pouvoir, mais nous sommes un contre-pouvoir. La démocratie ne saurait être sans une Presse forte, une Presse à la vitalité établie ». « Nous sommes contre-pouvoir et médiateurs de par notre rôle ». Le paysage médiatique malien est, va-t-il arguer, resté dynamique avec plus de 450 radios, plus de 40 télévisions, plus de 150 tabloïdes et 60 journaux en ligne en contact direct avec les populations en offrant une information de proximité en 2023. Nouvellement réélu à la tête de la MP, Danté annonce que son objectif est de susciter l’émergence d’une presse plus professionnelle et responsable. Respecter la vérité, servir en priorité les intérêts du citoyen, conserver notre indépendance à l’égard de ceux dont nous relatons l’action, fournir une information complète et équilibrée semble être, entre autres préoccupations de l’ex-président de l’URTEL. Les médias, par-delà de leur mission d’information, constituent une activité économique et emploient des milliers de travailleurs. Ils s’acquittent de leurs obligations sociales et de leurs charges fiscales. Mais les médias ont besoin d’être vigoureusement soutenus, selon lui.

Le président de la MP rassure le président de la transition

Le Mali nouveau se traduit et se fait savoir par des comportements et des actes forts. « Nous nourrissons l’espoir que, grâce à votre écoute active et à votre engagement, nous parviendrons à relever ces défis ». « Vous pouvez compter sur nous, Excellence Monsieur le Président pour éclairer nos concitoyens et porter de manière responsable l’information concernant les réformes dans les ménages, dans les foyers, sur la place publique… » Puis d’ajouter : « Nous sommes optimistes quant à l’avenir des médias au Mali, car, nous travaillons à être plus créatifs, à faire preuve de volonté de mieux faire profiter nos compatriotes d’information de grande qualité. Nous attendons de l’État qu’il continue de contribuer à la lutte contre la désinformation, la mal information et la sous-information ».

Mamadou Diarra

Source : LE PAYS

Commentaires

Dans le sous-dossier