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Trois questions à Lamine Camara, PDT de la CEFOM: La France lève la suspension des visas pour les étudiants
Publié le jeudi 18 avril 2024  |  La lettre du Peuple
Emmanuel
© AFP par FRANCOIS MORI
Emmanuel Macron lors d`une dernier sommet du G5 Sahel par visioconférence le 16 février 2021
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C’est une excellente nouvelle qui nous vient du président de la Coordination des élus français d’origine malienne (Cefom), Lamine Camara. La France a décidé de lever la suspension des visas concernant les étudiants souhaitant poursuivre leurs études dans l’Hexagone. Cette levée fait suite à un plaidoyer de la Cefom qui n’a ménagé aucun effort pour que les autorités françaises accèdent à sa demande. C’est une bonne nouvelle pour les étudiants maliens qui étaient bloqués à cause de la suspension de la délivrance des visas entre le Mali et la France.

1-Votre organisation, la Cefom, est très active pour la pacification des relations franco-maliennes. Quel est votre intérêt ?
Lamine Camara : Vous savez, nous sommes avant tout des élus locaux de terrain. Et comme tout élu local de terrain, nous faisons face aux interpellations des populations sur tout type de sujets. Et nous prenons chaque fois le savon par la population quand les choses ne vont pas bien, à portée des engueulades ! Dirait-on.

Or, il se trouve que nous dirigeons des communes fortement métissées, riches de plusieurs nationalités, plusieurs cultures alors nous sommes les premiers interpellés quand il y a tension entre la France avec tel ou tel pays de nos compatriotes. Nous avons le devoir de leur répondre.
Et pour répondre à leurs revendications et à leurs interpellations, nous devenons de fait leur porte-parole vis-à-vis des institutions. Qui plus est, nous sommes dans une coordination qui se donne comme mission ce rôle d’interpeller, de transmettre, les revendications, les colères, les inquiétudes, les espérances, les rêves des populations de nos deux pays, le Mali et la France et de se battre pour leur prise en compte au nom de l’intérêt des populations.
Il faut comprendre que nous sommes autant interpellés par la diaspora malienne autant nous en sommes par la population française de ces relations. Ces deux peuples vivent ensemble, partagent leurs quotidiens, leurs joies, leurs colères, les galères de la vie, l’avenir de leurs enfants, donc solidaires et concernés par les relations qui peuvent exister entre les pays.

2- On vient d’apprendre que grâce à votre plaidoyer, la France a levé la suspension de la délivrance des visas pour les étudiants maliens. Comment avez-vous fait ?
Lamine Camara : À chaque fois qu’une décision est prise par les institutions de nos deux États et qui touchent les populations, comme je disais, nous sommes les premiers interpellés et à notre tour, nous montons au créneau pour attirer l’attention de nos dirigeants sur les conséquences de leurs décisions sur les populations.
Et c’est cela depuis le début de la création de la Cefom en 2012 et cela continue. Pour se faire entendre, nous organisons des rassemblements, des conférences, des rencontres avec les députés, les sénateurs, les ministères et saisissons le Président de la République et de la France et celui du Mali…
Si nous n’avons pas d’influence sur les choix et les décisions qu’ils prennent, nous sommes en droit en tant que citoyens, élus locaux, d’attirer leur attention, de dénoncer et de se battre pour que ces décisions n’aient pas de conséquences dommageables sur les populations. C’est notre rôle et nous n’allons pas y déroger en tant que Cefom.
S’agissant de cette question, dès que nous avions pris connaissance, nous avons dénoncé la décision et chercher à rencontrer le ministre des Affaires étrangères. Et je rappelle que nous avons tout de suite été interpellés par les associations des étudiants avec qui nous avons fait un communiqué.
Ensuite, nous avons rencontré plusieurs fois le ministère français des Affaires étrangères. Et aujourd’hui, la levée de suspension des visas pour les étudiants est acquise, les étudiants pourront commencer leur démarche habituelle pour venir étudier ici en France et nous allons veiller à son application, notre rôle est aussi la sentinelle citoyenne.
Mais, je dois avouer, nous apprécions l’esprit d’ouverture, d’écoute de la nouvelle équipe de la Direction Afrique et de l’Océan indien au ministère des Affaires étrangères. Nous avons eu un dialogue franc, souvent sans concession, mais toujours courtois, sincère et constructif à chaque fois que nous l’avons saisie sur un sujet.

3- Bien évidemment, vous êtes encore sur d’autres chantiers pour la normalisation des relations entre les deux Etats. Quelles sont vos perspectives ?
Lamine Camara : Oui, nous allons continuer la bataille contre les conséquences terribles des décisions de nos deux États sur les populations locales.

Nous allons continuer la mobilisation pour une levée totale de suspension des visas pour toute personne, la levée de suspension de l’aide publique au développement…Vous savez, aujourd’hui, les associations sont à l’asphyxie pour pouvoir mener leurs projets de développement. Si les associations de la diaspora sont les premiers acteurs de développement et les premiers bailleurs de fonds, c’est grâce à leurs cotisations propres et aussi les subventions acquises auprès des collectivités locales et les actions de coopération décentralisées. Si tout cela est en suspension, on met les associations en graves difficultés et par ricochet, les populations concernées.
Je dois aussi rappeler que l’aide publique au développement est aussi une partie de nos impôts et taxes, dont des ressortissants maliens vivant en France. Quoi de plus normal qu’une part soit mobilisée pour le développement de leur territoire d’origine, si nous sommes d’accord. D’ailleurs, on porte cette revendication que les orientations de l’aide publique au développement soient revues pour correspondre aux réalités et aux aspirations des peuples. Nous voulons que l’Agence française de développement soit réformée, nous nous opposons fermement à la suspension de l’APD et nous n’allons rien lâcher jusqu’à satisfaction.

Car, il y va de l’intérêt supérieur des associations vivant dans nos communes qui font des projets de développement quand on sait leur contribution pour la réalisation des infrastructures de base au Mali. Des territoires entiers de la région de Kayes et de Nara par exemple dépendent largement de cette intervention de la diaspora. Ainsi, vous comprenez que cette question se trouve au centre de nos préoccupations.
Interview réalisée par Youssouf Diallo


Youssouf Diallo
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