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Gestion des deniers publics : Les indices d’une justice à double vitesse
Publié le mardi 22 octobre 2013  |  L’aube




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Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a promis la transparence dans la gestion des affaires publiques. Mieux, il s’était engagé à offrir l’égalité de tous devant la justice.

Mais le début de son mandat semble conduire notre pays vers une justice sélective voire à double vitesse.

Après une transition chaotique, les pouvoirs publics ont vraiment de la matière pour mettre en œuvre leur politique pour une justice pour tous. La transition n’a pas laissé que des promotions et nominations controversées, elle serait aussi responsable d’une gestion calamiteuse des biens de l’Etat. Dans un entretien, le ministre de la Justice affirmait n’avoir trouvé que 45 000 FCFA dans sa régie. Comment cela est-il possible pour un département censé lutter contre l’impunité ? En tout cas, cette version plus ou moins officielle montre le degré de dilapidation des deniers publics sous la transition.

Aussi, une alerte a été donnée sous la transition, lors du dernier réaménagement du gouvernement de transition avant l’organisation de l’élection présidentielle. Dans un document interne, le Fonds Monétaire International (FMI) a fait part de ses préoccupations sur la gestion de certains marchés publics. On évoque même des « transactions douteuses dont le gouvernement semble déterminé à conclure avant la fin de la période de transition – à tout le moins les amener à un stade où ils sont irréversibles ». Il s’agit, en fait, de l’accord de prêt de 26 milliards de F CFA que le gouvernement voulait signer avec la banque chinoise Exim, pour financer un projet du Réseau national de sécurité, qui sera exécuté par l’entreprise chinoise ZTE ; de l’accord de prêt de 40 milliards de francs CFA qui doit être signé avec la banque chinoise Exim, pour la livraison de 600 camions fabriqués en Chine pour profiter à l’économie malienne.

Toujours selon le FMI, le gouvernement de transition voudrait vendre rapidement l’immobilier d’Etat dans le centre de Bamako. Ce sont des bâtiments qui ont été libérés après que le gouvernement a déménagé à la cité administrative. L’achat de quelque 60 véhicules à la présidence et au bureau du Premier ministre pour un coût de 2,2 milliards de francs CFA à la société CFAO. Et un contrat d’une valeur de 4,4 milliards de francs CFA avec la société chinoise CHECHEC pour réhabiliter le palais présidentiel de Koulouba.

A en croire le FMI, toutes ces transactions ont été bloquées grâce à la persévérance de l’ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Tiénan Coulibaly. Et son refus de céder sur ces dossiers lui ont peut être coûté sa place à quelques semaines de la fin de la transition. D’où la nécessité pour les nouvelles autorités de chercher à savoir pourquoi Tiénan Coulibaly a été démis de ses fonctions de ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, après avoir imposé « rigueur et transparence » dans la gestion des ressources publiques. Jugez-en à partir des observations du FMI : « le ministère de l’Economie, des Finances et du Budget [Tiénan Coulibaly, ndlr] a réussi jusqu’ici à faire respecter la discipline stricte des dépenses de manière à maintenir le budget dans le budget correctif 2013, ce qui constitue également la base pour le programme de Facilité de crédit rapide convenu avec le FMI. Cela a empêché le détournement de fonds publics pour le financement de la campagne… ».

Alors, il est presque obligatoire pour IBK de faire la lumière sur les transactions du gouvernement de la transition dans la mesure où certains faits avérés méritent qu’on rende compte au peuple. Qu’est-ce qui explique le remplacement de Tiénan qui a fait ses preuves par Abdel Karim Konaté ? Le FMI a sa réponse : « le nouveau ministre des Finances [Abdel Karim Konaté, ndlr] est un militant du parti politique du président par intérim. Il est probable qu’il soit plus sensible à la pression politique que le ministre sortant… [Tiénan Coulibaly, ndlr]». Ne doit-on pas revisiter la gestion de Konaté aux Finances afin de lever toute équivoque ?

Nonobstant le départ de Tiénan Coulibaly du ministère de l’Economie, des Finances et du Budget, la gestion d’autres dossiers sous la transition suscite des questionnements au sein de l’opinion nationale et internationale.

Le gouvernement de transition a précipité l’attribution de licences pétrolières sur le bassin de Taoudéni. Les blocs 21 et 28 sont revenus à la compagnie irlandaise Circule Oil and Gas Ltd et le bloc 4 a été attribué à la société tchèque New Catalyst Capital Investments. Des sommes importantes étaient en jeu. On évoque des investissements de 6,5 millions de dollars sur le bloc 21 et 3,9 millions de dollars sur le bloc 28.

Quant au bloc 4 du bassin de Taoudéni, son acquéreur promet d’investir au minimum 69 millions de dollars. Dès lors, il y a lieu de se demander comment ces blocs ont été attribués juste avant l’arrivée d’un gouvernement élu. Car il paraît étonnant que des engagements d’une telle ampleur puissent être souscrits à la veille d’une élection présidentielle, retirant ainsi au nouveau président de la République cette prérogative essentielle.

De ce point de vue, il semble que le président de la République par intérim serait coupable de trop de légèreté dans la gestion de la transition. Le peuple malien n’a-t-il pas le droit de s’attendre à une enquête pour situer les responsabilités de cette gestion chaotique de Dioncounda Traoré ? On peut sans doute répondre par l’affirmatif car le peuple a déjà exigé un véritable changement dans la gestion des deniers publics. Mais les inquiétudes vont grandissantes et on se demande si nous ne filons pas droit vers une justice à deux vitesses. Si ce ne sont pas des criminels qui sont libérés en grande pompe, ce sont des putschistes qui se la coulent douce. Les délinquants financiers et fonciers, eux, ont alors de beaux jours devant eux. Aucun signe n’annonce pour le moment une quelconque initiative en direction des mauvais gestionnaires. Et pourtant, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avait promis d’agir contre toute impunité.

Idrissa Maïga

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