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Rétrospection : Une honte nationale
Publié le lundi 28 octobre 2013  |  Le Prétoire




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C’est à la suite de deux sommets tenus à Dakar (Uemoa et Cedeao) que le président nouvellement élu du Mali a eu enfin le courage d’avouer à ses concitoyens que son pays, leur pays, n’a ni souveraineté nationale ni intégrité territoriale.

« La situation à Kidal est insoutenable, intolérable, … », a dit Ibrahim Boubacar Kéita dans la capitale sénégalaise, devant les ressortissants maliens vivant dans ce pays. Non, monsieur le président ! la situation de Kidal est surtout honteuse, une honte nationale pour les Maliens. Mais surtout une honte nationale pour les vingt-sept candidats qui ont pris part à la dernière élection, qui avaient tous promis ou laisser entendre, la main sur le cœur, la voix empreinte d’émotion, les larmes aux yeux, qu’ils ne se présenteront pas à ce scrutin tant qu’un seul millimètre carré du territoire national sera sous le contrôle de forces non étatiques. Une honte nationale singulièrement pour vous, monsieur le président, vous qui avez été le grand vainqueur de cette élection.

Vous avez été élu parce que vous avez su faire vibrer chez les Maliens la fibre patriotique, « le Mali d’abord », disiez-vous, sous-entendant que vous feriez tout pour restaurer et préserver la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale, développer l’Etat de droit et le processus démocratique, vous qui, selon vos propres mots, connaissez le Mali en profondeur. Et c’est sans doute vrai : vous connaissez le Mali plus que la quasi-totalité de vos concurrents, pour avoir toujours été là, très souvent au sommet où dans l’antichambre du pouvoir. Votre ambition, depuis l’année 2000 quand s’est posée la question de la succession à votre désormais ex-mentor Alpha Oumar Konaré, a toujours été de conquérir la magistrature suprême.


Treize ans plus tard, vous avez réussi à avoir la confiance des Maliens, qui ont cru en votre réputation d’homme de parole (« Kankélentigui »), rigoureux, intransigeant, à cheval sur les principes de l’honneur et de la dignité, imbu d’un profond attachement à la nation, désireux de faire retrouver aux citoyens leur honneur et leur dignité égarés sur les chemins tortueux de groupes armés rebelles, terroristes et criminels.


N’ayant pas besoin d’état de grâce ni de délai d’observation, vous avez pourtant entrepris, depuis votre élection, avant même et après votre investiture en grandes pompes, de beaucoup voyager. Il est vrai qu’ayant toujours été présent au pays, notamment depuis votre déconfiture de 2007, quand vous avez été déchu du perchoir, vous avez maintenant les moyens de voyager. Mais il se trouve que les Maliens ne vous ont pas élu pour ça. Ce qu’ils vous demandent, c’est d’honorer votre engagement à mettre en œuvre votre programme de gouvernement sur la base duquel vous avez été élu, notamment en apportant le changement.


Le premier changement attendu des Maliens, c’est la restauration de leur honneur et de leur dignité.


Puis, le retour à l’ordre constitutionnel par l’élection et la mise en place de véritables institutions républicaines, et, surtout, le recouvrement de l’intégrité territoriale.


Aujourd’hui, c’est vous qui l’avouez à Dakar, les représentants de l’Etat à Kidal travaillent sous des hangars, vivent dans des étables où ils n’ont même pas droit à un matelas mousse. Pendant ce temps, le palais du gouvernorat est occupé par la nomenklatura locale du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla, un groupe indépendantiste, esclavagiste, rebelle, terroriste, criminel, narcotrafiquant, etc.) et affidés. L’armée malienne se trouve cantonnée dans un camp désaffecté, ses éléments subissent à longueur de journée les quolibets et sarcasmes de la population, notamment les enfants et les femmes. La station régionale de l’Ortm (la chaine publique d’Etat) n’aurait rien à envier, selon vous, monsieur le président, à la tristement célèbre Radio des mille collines qui, au Rwanda, a alimenté, nourri, distillé et propagé les discours haineux qui ont conduit à l’un des plus grands génocides de l’histoire de l’humanité.

L’Ortm, aujourd’hui à Kidal, est contrôlé par les groupes armés rebelles et terroristes qui l’utilisent eux-aussi pour des discours belliqueux, haineux et racistes. Des députés fortement impliqués (tout comme d’autres personnes) dans des cas de crimes contre l’humanité, crimes de guerre, et d’autres violations des droits de l’homme voient levées les poursuites judiciaires contre eux (avec l’annulation des mandats d’arrêt internationaux) tandis que de présumés terroristes tueurs sont relâchés dans la nature. Tous paradent en ce moment même, en toute impunité et quiétude, sur le territoire national ; certains s’apprêtant même à se présenter aux prochaines élections législatives.


Monsieur le président, peut-on dans ces conditions parler de retour à l’ordre constitutionnel et de recouvrement de l’intégrité territoriale ? Sûrement pas, même si vous, votre prédécesseur de la transition, Dioncounda Traoré, et votre homologue français, François Hollande, lors de plusieurs assises, ne manquez aucune occasion de vous enorgueillir et de vous féliciter de l’opération Serval qui aurait contribué à « libérer toutes les régions du nord et du centre ». Au moins, aujourd’hui, vous avez le courage d’avouer que tout cela est faux, et qu’on raconter des mensonges au peuple.
Alors, après avoir pleurniché à Dakar, que comptez-vous faire pour que Kidal soit malienne ?

Cheick TANDINA

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