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Pour les groupes armés, un journaliste est un espion ou une rançon
Publié le mardi 5 novembre 2013  |  Le Nouvel Observateur




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Pour les groupes armés, jihadistes ou autres, un journaliste occidental est de "l'argent sur pattes" ou un espion, encore plus si son pays prend part au conflit, racontent de grands reporters français.

Le risque d'enlèvement voire d'assassinat, comme celui de Ghislaine Dupont et Claude Verlon samedi au Mali, devient tel qu'il empêche le plus souvent de couvrir les deux côtés du conflit.
Julien Sauvaget, de France 24, est l'un des journalistes occidentaux qui a le plus séjourné au Mali cette année: plus de cinq mois, dont deux séjours à Kidal, là où ont été abattus les deux reporters de RFI. Il les y a croisés cet été.

"Le grand problème aujourd’hui est de couvrir les deux côtés, surtout quand le pays d'où on vient est impliqué dans la guerre. Sur les cinq mois que j'ai passés au Mali, j'en ai passé 90% côté français, car il est très difficile d'atteindre les groupes armés. Nous avons du mal à faire comprendre que nous sommes neutres. Nous ne sommes plus des témoins mais des cibles. Cela a tendance à se généraliser pour les jihadistes, et pas seulement pour eux. En revanche comme depuis février le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad, qui a condamné l'assassinat des deux journalistes de RFI) veut retrouver une respectabilité, on peut travailler avec eux", juge-t-il.

"Kidal reste la zone la plus dangereuse du Mali, on le sait, rares sont les journalistes européens à s'y rendre. Cet été j'ai pris des sentiers de contrebandiers pour ne pas être bloqué par l'armée française qui nous empêchait d'aller dans certaines zones, par sécurité. Nous étions escortés par des gens du MNLA qui avaient intérêt à montrer que les élections se passaient bien. Mais sur la route nous restions planqués au fond de la voiture, chèche sur la tête. Une fois dans Kidal on s'affiche comme journaliste, et en une heure toute la ville est au courant que des journalistes blancs sont présents".

"Quand on tue un journaliste, on tue l'info. Il ne faut pas céder. Il est hors de question de ne plus y aller et de laisser les terroristes gagner", dit Julien Sauvaget, qui pense retourner au Mali dès la semaine prochaine.

"zone de non-droit"

"C'est plus dangereux quand on est associé à une armée", confirme Luc Mathieu, reporter à Libération, correspondant pendant trois ans en Afghanistan. "Dans les zones où l'armée française était engagée, il fallait faire très attention. Les Talibans ne font pas la différence entre un journaliste et un espion. Si on est +embedded+ (NDLR: pris en charge) avec l'armée française, pour eux nous sommes des militaires comme les autres. Je n'ai jamais réussi à aller voir les Talibans, parce que j'étais français".

"En Syrie, c'est devenu trop risqué, surtout dans les zones où s'est installé un Etat islamiste. Là le risque d'être enlevé est monumental. Si dans un checkpoint ils tombent sur un Occidental, ils l'arrêtent, même les humanitaires ne passent plus. Quelle information avons-nous sur ce qui s'y passe? On a énormement de vidéos tournées par les activistes... "raconte-t-il.

"Dans ces zones de non-droit, il y a partout des groupes armés qui font régner leur loi sur un morceau de territoire. Et dans ces moments de crise, les journalistes occidentaux sont de l'argent sur pattes", résume Bernard Aparis, reporter à l'AITV (Agence internationale d'images, filiale de France Télévisions). "Quand on est français en Côte d'Ivoire, on apparaît de plus en plus comme le relais d'un gouvernement et pas comme des gens qui veulent comprendre et relater les faits. On s'annonce toujours comme journaliste, on ne se cache pas. J'ai fait des sorties avec l'armée française car parfois c'était le seul moyen de sortir, sinon il faut payer des gardes du corps. A Abidjan, si on sortait seul, on était dépouillé dans les cinq minutes dans le meilleur des cas. Mais nous essayons d'aller au contact de la population dès que nous pouvons", ajoute-t-il.

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