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Mali : La chasse aux coupables est ouverte
Publié le mercredi 6 novembre 2013  |  courrierinternational.com


© Autre presse par DR
Ghislaine Dupont et Claude Verlon : Accueil des dépouilles a paris


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Les dépouilles de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon sont arrivées ce matin, le 5 novembre, à Paris. Au Mali, la colère et l'indignation n'ont pas cessé. Tous les regards sont désormais tournés vers le Nord, cette région revendiquée par les Touaregs.
"Avant le rapatriement de leurs dépouilles, les deux journalistes assassinés ont eu droit à une cérémonie d'adieu au cours de laquelle ils ont été élevés au rang de chevalier de l'ordre national", souligne L'Essor, quotidien d'Etat. Deux cercueils sur un tarmac d'aéroport – en page de une – et des visages abattus qui montrent toute la solidarité et l'incompréhension du pays, quatre jours après cet assassinat tragique.
Mais si l'image inspire le calme et la sérénité, dans les autres journaux les articles sont beaucoup plus virulents. La colère ne s'estompe pas avec le temps pour pleurer ces "voix devenues si familières pour beaucoup [en Afrique francophone] au point qu'aux yeux de certains des auditeurs de RFI, c'est presque des proches qui viennent d'être fauchés", explique le quotidien burkinabé L'Observateur Paalga. Cela explique sans doute ce déferlement de passion. Mais aussi parce que la tragédie dévoile enfin cette question que personne n'osait poser ouvertement : qui contrôle Kidal aujourd'hui ?

Le Républicain, quotidien malien, est affirmatif : "Ce n'est pas l'Etat malien, dont ni l'administration ni l'armée ne se sont effectivement redéployées à Kidal, tel que le veut l'accord de Ouagadougou du 18 juin [accords de paix préliminaires entre l'Etat malien et les groupes armés touaregs qui revendiquent la région]. Kidal échapperait-il aussi à la surveillance des casques bleus [de la Minusma, force onusienne] ?" s'interroge l'éditorialiste.

Mais les récriminations portent aussi sur la France, pourtant célébrée pour son engagement dans l'opération Serval. Aujourd'hui, les journalistes maliens dénoncent pour beaucoup sa complaisance avec les rebelles touaregs. "Les Maliens se demandent ce qu'est devenu "papa Hollande" qui a redonné son indépendance au Mali en chassant les djihadistes et le pouvoir touareg. Ils s'interrogent : "Veut-il la reprendre à Kidal ?" Les reproches sont encore plus virulents dans L'Indicateur du Renouveau qui n'hésite pas à titrer : "La France coupable". "La vérité de la question de Kidal, c'est que la France de François Hollande empêche les forces armées maliennes de se déployer comme il le faut, tout en donnant quitus aux rebelles du Mouvement national de Libération de l'Azawad (Mnla)".

Depuis les heures de la colonisation, les populations noires de la région ont toujours reproché à la France d'avoir un "chouchou", comme le nomme L'Indicateur du Renouveau : "Cet homme bleu au turban". Avec cet assassinat odieux, il serait temps pour l'ancien colon de voir les choses en face, selon ce journal très engagé contre les Touaregs : "La France a finalement compris [avec ce drame] que son complice du Mnla est aussi complice des djihadistes". On ne connaît pas actuellement les circonstances de cet assassinat odieux, ni même les motivations réelles. Le crime n'a pas été revendiqué, ni par le Mnla, ni par d'autres mouvements dissidents touaregs, ni même par les islamistes d'Al-Qaida qui gangrènent la région.

Mais toute la presse malienne semble reprocher aux Touaregs de créer un contexte d'insécurité propice à la guerre et aux violences. Une voix pourtant tente d'apaiser la colère, celle d'Adam Thiam, ancien éditorialiste du Républicain, qui a rédigé une tribune dans Arawane Express, un site d'information local : "Avec le sens de l'amalgame propre aux moments de passion et de tension, le lâche assassinat sera imputé à n'importe quel porteur de turban. Pourtant on ne peut pas incriminer n'importe quel visage touareg." Dans cette confusion générale, il appelle les Maliens à ne pas faire l'amalgame entre les Touaregs du Mnla et les terroristes d'Ansar Dine ["les défenseurs de la religion", salafistes]. Ni même entre Ansar Dine et Al-Qaida, même si certains éléments dans chaque groupe peuvent être liés. "C'est la nuance qui fait la différence", conclut Adam Thiam.
Une chose est sûre, c'est que la politique de réconciliation du président Keita est encore plus compliquée à mettre en œuvre. Citant une source sécuritaire anonyme, la journaliste d'El-Watan à Alger annonce que "la France a ouvert la boîte de Pandore. Le terrorisme sera de plus en plus fort et les populations locales de plus en plus exclues et sous-développées faute de sécurité et de stabilité." Les armées françaises et maliennes n'ont pas hésité à utiliser les groupes touaregs comme informateurs des avancées islamistes. Une approche de paix et de réconciliation que ne comprend pas le peuple malien. D'autant que le Mnla a annoncé le 5 novembre sa fusion avec d'autres groupes proches d'Al-Qaida. La guerre n'est décidément pas terminée dans le nord du Mali.

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