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Entretien avec Mme Sy Kadiatou Sow : « IBK devrait davantage écouter la classe politique malienne »
Publié le mardi 12 novembre 2013  |  Le Procès Verbal


© aBamako.com par Dia
Conférence-débat : " Rôle de la CEDEAO dans la gestion de la crise politique et sécuritaire au Mali"
Bamako, le 09 Novembre 2013. A l`occasion de la célébration de son 23 ème anniversaire, l’Association "Alliance pour la démocratie au Mali" (A.DE.MA) a tenu ce jour, une conférence-débat sur le thème: " Rôle de la CEDEAO dans la gestion de la crise politique et sécuritaire au Mali". c`était à la maison de la presse, et a été animée par Monsieur Toure Cheaka Aboudou, Représentant résident de la CEDEAO au Mali . photo: Mme sy Kadiatou SOW, Président de l`Association ADEMA


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Sy Kadiatou Sow est membre fondatrice de l’Adema. Titulaire d’une licence en lettres et d’une maîtrise en droit public de l’université Paris X (Nanterre), elle a, après son passage à la CMDT (1982-1990), occupé plusieurs hautes fonctions: gouverneur du district de Bamako (avril 1993 – février 1994), ministre des Affaires étrangères (de février à octobre 1994), ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat (octobre 1994 – février 2000). Elle dirige actuellement l’association Adema. Sur le plan professionnel, elle tient les rênes du Projet d’Appui au Développement Communautaire dans les bureaux duquel nous l’avons interviewé.

Vous êtes connue pour être une battante; or on vous entend de moins n moins dans le débat politique…

Je ne suis pas d’accord avec cette appréciation.Je ne suis plus membre de la direction de mon parti, l’Adema, mais je reste une militante à la base.Je suis là, avec d’autres camarades, à l’ADEMA- association qui a pour objectifs la défense de la démocratie et des acquis du 26 mars 1991. Nous avons la chance de regrouper au sein de cette association des camarades de différentes formations politiques pour veiller à la bonne santé de notre démocratie. Il est vrai que je coordonne un Projet d’Appui au Développement Communautaire et que cela me prend énormément de temps. Cela ne m’a pas empêché de battre campagne au niveau de ma base de Nioro pour le candidat de l’Adema à la dernière présidentielle.


Quelle analyse faites-vous de la défaite de l’Adema à la présidentielle ?

C’est, encore une fois, les ambitions personnelles qui ont malheureusement pris le dessus sur les intérêts du parti. De plus en plus, les cadres voient plus le parti comme un tremplin pour réaliser leurs ambitions personnelles que comme un appareil qu’il faut renforcer pour le mettre au service du peuple malien. Chaque fois qu’on approche des élections, les divisions se produisent parce que chacun voit d’abord ses intérêts.A mon avis, la base du parti a laissé faire ou s’est laissé manipuler pour des intérêts individuels. Il y a un problème de leadership à l’Adema. Il y a eu des débats et ces débats n’y ont rien changé. Il faut une reprise en main du parti par les vrais militants; ceux qui tiennent à l’Adema, qui y croient, doivent se mobiliser et sauver ce qui peut l’être. Le parti, contrairement à ce que certains croient, existe encore: depuis une décennie, on a annonce sa mort subite ou son agonie mais il est toujours là.


Quelle est la place actuelle de l’Adema officielle : dans l’opposition ou la mouvance présidentielle ?

Franchement, je n’en sais rien. Je me demande même si la direction du parti sait où le parti se trouve. Ce que je perçois à travers les déclarations des uns et des autres, c’est que la plupart des dirigeants du parti ne veulent pas aller dans l’opposition. Je ne sais pas ce que ce refus de l’opposition apporte au débat démocratique. Quelle contribution attendre d’un parti qui s’est battu pour l’alternance et le multipartisme et qui refuse d’aller dans l’opposition ? Ce comportement interpelle tous les démocrates maliens. Peut-on construire une démocratie sans que l’on s’imagine un jour dans l’opposition ? Le drame de l’Adema se situe à ce niveau. La plupart des cadres et des militants se disent qu’il faut être avec le pouvoir et qu’à défaut, on risque de ne rien représenter. On ne se dit pas qu’on peut être en dehors du pouvoir tout en contribuant à la construction du pays. Lorsqu’on est habitué aux couloirs du pouvoir, il est difficile, il est vrai, d’aller dans l’opposition. Mais si tous les cadres veulent être dans le système, on se retrouvera à reconduire la gouvernance consensuelle à la ATT. L’image que donnent les partis politiques aujourd’hui est déplorable aux yeux de l’opinion nationale et internationale.J’interpelle les militants de ces partis qui ont tendance à se dire qu’il faut absolument être dans le cercle du pouvoir. Le terme qui revient le plus souvent sur leurs lèvres est « profiter ».La question qui revient le plus souvent dans le discours de ces partis est : « Quelle peut être notre part du pouvoir? » et non « Quelle contribution pouvons-nous apporter pour accompagner le pouvoir? ».


Quelle appréciation faites-vous des débuts d’IBK au pouvoir ?

Je me garderai de porter une appréciation sur deux petits mois de gestion. Je pense néanmoins qu’IBK gagnerait à consulter davantage les forces politiques maliennes. Beaucoup se sont précipités dans ses bras : il est normal qu’il les écoute mais il doit écouter également les autres. Les questions qu’il est appelé à gérer sont d’intérêt national; ce serait donc une bonne chose qu’il porte une attention particulière à la classe politique malienne et sorte de ce que j’appellerai un tête-à-tête avec l’extérieur. Il fait de son mieux pour l’intérêt national; il faut souhaiter qu’il réussisse son mandat. On n’a pas besoin aujourd’hui qu’une nouvelle crise vienne s’ajouter à celles existantes. Chaque fois que nous pouvons aider IBK,nous devons le faire tout en veillant à prévenir les dérapages.


Est-ce que l’Adema à les moyens de rebondir à la faveur des législatives ?

Les élections législatives sont très ouvertes. Ce n’est pas pour rien que certains partis, malgré une campagne présidentielle très dure contre l’Adema, ont décidé d’aller avec elle. L’Adema n’a pu présenter des listes uniques partout au Mali; elle n’aura peut-être pas le même nombre de députés qu’elle avait, mais j’ai espoir qu’elle restera très représentative au sortir du scrutin.


Croyez-vous à un accord de paix avec le MNLA ?

Non. Ce qui se passe aujourd’hui est bien dommage. Le MNLA, pour emprunter un terme cher au chef de l’Etat, trimbale les autorités maliennes, la communauté internationale, en particulier la France. Le MNLA se comporte comme s’il était le maître du nord alors qu’il ne contrôle rien. Il est important qu’au niveau national, nous réfléchissions sur la manière de gérer la situation de Kidal et qu’on ne se laisse pas imposer une solution. Après tout, un moment ou un autre, nos amis étrangers se retireront du Mali ou diront que la gestion de la situation incombe au Mali. Un accord avec le MNLA ne peut intervenir qu’avec le désarmement de ses combattants.Le MNLA, qui ne contrôle rien au nord, fait tout pour que la situation y soit incontrôlable. Ailleurs l’Etat Mali est présent; il faut ce soit aussi le cas à Kidal.Il faut aussi qu’on laisse les communautés du nord décider de ce qu’il leur faut. Ceux qui ne veulent pas prendre les armes contre leur pays sont très nombreux. Ceux-là doivent se mobiliser pour faire entendre leur voix. Certains l’ont fait mais ils n’ont pas été soutenus alors que chaque fois que le MNLA s’agite en faisant une déclaration, il est relayé par les médias du monde. Ainsi, la voix de ce mouvement qui ne représente que lui-même porte plus que celle de la majorité des populations du nord ! Il faut que le Mali dise: ça suffit; trop, c’est trop ! Ce qui se passe à Kidal va contre la sécurité et la liberté auxquelles nous aspirons. Le Mali ne peut pas continuer s’accomoder de cette situation qui lui est imposée. Pour me résumer, c’est au Mali de définir sa propre stratégie et d’amener les partenaires à l’accompagner.


Quelle pensez-vous de la situation du général Sanogo et de l’ex-junte ?

Au moment où, avec d’autres acteurs politiques, nous nous battions au sein du FDR pour dénoncer le coup d’Etat du 22 mars 2012, il s’est trouvé d’autres acteurs pour dire que ce coup d’Etat était salvateur. Certains n’ont pas hésité à qualifier Sanogo de sauveur de la nation. J’espère juste que toute la lumière sera faite sur les tenants et aboutissants du putsch car il subiste trop de zones d’ombre. Le gouvernement doit jouer la transparence totale dans cette affaire en communiquant sur l’état d’avancement des enquêtes ouvertes.Le président de la République et le ministre de la Défense ont dit à plusieurs reprises que nul n’était au-dessus de la loi. Nous attendons de voir. L’armée ne peut qu’être sous les ordres du pouvoir politique. Les premiers actes posés par le président IBK en ce sens sont à saluer; il devrait continuer dans cette voie.


Présentez-nous le PADEC que vous dirigez…

Le PADEC – Projet de Développement Communautaire- est financé par le gouvernement du Mali et la Banque Africaine de Développement. Il intervient dans 6 cercles et une quarantaine de communes. Nous accompagnons les communautés dans la mise en œuvre de leurs programmes de développement. Nous réalisons des infrastructures socio-économique de base (écoles, centres de santé, périmètres maraîchers, micro-barrages, puits, etc.). Nous renforçons les capacités à travers l’alphabétisation des populations et la formation des comités de gestion.Après la première phase du PADEC, qui a débuté en 2001 et est dénommé « Programme de lutte contre la Pauvreté », nous exécutons, depuis 2007, la seconde phase. Le projet doit normalement clôturer en fin 2013, mais il est question de le proroger jusqu’en fin 2014.

Réalisé par A.Guindo

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