Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Les Echos N° 4161 du 11/11/2013

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

KIDAL : La France, parapluie du MNLA
Publié le mardi 12 novembre 2013  |  Les Echos


© AFP par BERTRAND LANGLOIS
Cinquantenaire de l`union Africaine: Hollande invite les dirigeants africains à Paris en décembre 2013


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

De plus en plus on a l’impression que la région de Kidal coule entre les mains du pouvoir comme de la fine poussière ou de l’eau. La France sert de parapluie aux groupes rebelles, surtout le MNLA, à Kidal.

A Kidal, deux journalistes de RFI ont été assassinés dans le pire style mafieux. Kidal… est aujourd’hui la source de toutes les déceptions et inquiétudes. C’est une zone malfamée, livrée à la merci de bandits de tout crin et terroristes qu’il est vraiment difficile de distinguer des rebelles touareg, armés aussi.

En regardant ce qui se passe dans cette ville, l’on est pénétré du sentiment que le Mali est un pays compartimenté, « coupé en deux » : de Kayes à Gao, la voix du gouvernement est audible, surtout par le truchement du gouverneur, du maire, du préfet…

A Kidal, c’est l’opposé qui se produit. Ce qui se passe dans cette région, tout comme les derniers évènements, sert aujourd’hui de baromètre pour mesurer la vertigineuse « anémie » d’un pouvoir en place depuis deux mois et qui, dans les discours, passe son temps à agiter une main menaçante, à mettre en garde.

Et s’il faisait en sorte que l’accord du 18 juin signé à Ouagadougou entre le gouvernement de transition et les différents groupes rebelles soit appliqué, les choses allaient tournés autrement. (toutes choses qui pouvaient mettre un peu d’ordre à Kidal). C’est un pouvoir qui sait et dit, avec une gêne masquée mais réelle, qu’à Kidal il ne contrôle rien : ses ministres ne « peuvent y mettre le pied », le gouverneur ne « vaut pas cher ».

Chaque jour, les Maliens ont de plus en plus l’impression que la région de Kidal coule entre les mains du pouvoir comme de la fine poussière ou de l’eau, et se disent que la France, en intervenant dans le cadre de l’opération Serval, semble leur avoir fait la farce de vouloir vider le Mali de tous les groupes armés, mais, grand paradoxe, sert de parapluie aux groupes rebelles, surtout le MNLA, à Kidal.

C’est un fait : la position de la France à Kidal alimente des réactions parfois anxiogènes. Mais il y a pis. Des analyses d’ordre géopolitique concernant la France commencent à trouver une loge dans les esprits. Pour ces analyses, qu’on jette à l’opinion publique comme des os aux chiens, la France comme tous les pays du monde, est guidée par une raison utilitaire et n’est pas intervenue au Mali pour faire de l’humanitaire.



Pétrole, phosphate…

Dernièrement, un chercheur et écrivain français, André Bourgeot, disait à qui veut l’entendre, au cours d’une conférence-débats sur le thème « Les rebellions touareg : enjeux et perspectives » que si « le Mali veut voir le dénouement de la situation qui prévaut à Kidal, il faudrait accorder à la France la primauté de l’exploitation des gisements de l’ensemble des régions du Nord (le pétrole à Taoudéni, le phosphate à Tilemsi et le manganèse à Kidal)…«

C’est là une analyse que certains commentateurs de l’actualité n’ont pas résisté à livrer depuis les premières heures de la crise, mais que d’autres continuent de botter en touche en objectant que c’est aux Maliens et à leurs dirigeants de régler cette question.

Pour qui observe depuis un certain temps la vie politique au Mali, il n’est pas besoin de dire que la politique de démission qu’ont menée les deux premiers présidents démocratiquement élus – AOK et ATT – a fait du peuple malien ce que l’écrivain togolais Sami Tchak appelle dans son roman « la Fête des masques » : « cette masse dont la vie, telle celle des bêtes, se résumait à chercher à bouffer, à chier, à copuler, à enfanter, à crever, cette masse dégoutante ».

C’est un peuple démissionnaire, simplissime, qui hurle sa colère contre la mauvaise gouvernance, la corruption dans son salon et dans les « grin » (groupes de discussions informelles), mais n’ose pas descendre dans la rue. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’absence d’une société civile forte au Mali : tous veulent être des obligés et des obligeants du pouvoir en place.

Pourtant, on n’a pas besoin d’être Stéphane Hessel pour dire qu’il existe pour ce peuple « des raisons de s’indigner », et de s’étonner en le voyant s’installer dans la pire des attitudes qu’est l’indifférence. Le pouvoir lève des mandats d’arrêt lancé contre des criminels, accepte que les mêmes criminels participent à la course pour la députation ; un général est pointé du doigt dans la mort de certains soldats au cours de la mutinerie survenue à Kati, et demeure « plus royaliste que le roi ».

De tout cela, le peuple malien n’en a cure, n’ose même pas lever le petit doigt pour se prononcer. Et c’est là que réside la raison des craintes pour l’avenir de ce pays, parce que sans une société civile forte et organisée, la corruption, le népotisme, le favoritisme, la même kleptocratie vont reprendre.

Mais d’ici là, le pouvoir au Mali reste-t-il faible ? Ce qui est sûr le peuple continue de montrer qu’il demeure couché.

Boubacar Sangaré

 Commentaires