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L’Essor N° 17588 du 29/11/2013

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Affaire des exécutions et des disparitions de « bérets rouges » : le général Sanogo interpelé et inculpé
Publié le jeudi 28 novembre 2013  |  L’Essor




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Le juge Karembé l’a auditionné hier avant de lui annoncer son inculpation pour coups et blessures, meurtres, assassinats et séquestrations. Le général de corps d’armée Amadou Aya Sanogo a été inculpé hier par le juge d’instruction Yaya Karembé pour coups et blessures, meurtres, assassinats et séquestrations dans l’affaire dite des « bérets rouges ». Rappelons qu’après le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, la tension s’était accrue entre les « bérets verts » de l’armée de terre à la base du putsch et les « bérets rouges » du régiment des commandos parachutistes assurant la garde présidentielle et donnés comme fidèles au président renversé Amadou Toumani Touré. Le 30 avril 2012, une partie du régiment des « bérets rouges » attaque l’ORTM, l’aéroport de Bamako-Sénou et le camp militaire de Kati, quartier général des putschistes. L’attaque échoue après avoir fait des morts dans les deux camps. Mais après les affrontements, des « bérets rouges » faits prisonniers et montrés à la télévision disparaissent, de nombreux autres sont torturés (des films tournés par des militaires en font foi).

C’est ce dossier qui a été confié au juge Yaya Karembé. Des interpellations ont déjà eu lieu dans ce cadre. Le général Sanogo que le juge a estimé nécessaire d’entendre sur ces événements, a alors fait l’objet d’une demande de mise à disposition faite par le ministère de la Justice au ministère de la Défense. Ce Département qui avait annoncé que nul ne serait au dessus de la loi dans ce dossier, a donné son accord à l’audition de l’officier supérieur. Audition pour laquelle une date fut fixée.

Avertis par la rumeur, les journalistes se précipitèrent le 18, puis le 19 novembre au bureau du juge Karembé au Pôle économique situé dans la zone d’affaires de l’ACI 2000. Mais point de Amadou Aya Sanogo. Celui-ci n’avait pas répondu à la convocation. Un mandat d’amener fut donc émis pour le contraindre, le cas échéant, à se présenter et une nouvelle date fixée pour l’audition. Celle-ci fut délocalisée dans un lieu discret et facile à sécuriser : l’école de gendarmerie de Faladié.

L’audition fut programmée pour hier, le 27 novembre. Le général Sanogo en fut averti. Le ministère de la Défense dépêcha des émissaires pour le convaincre de se présenter au juge, puis lui envoya une lettre officielle pour lui confirmer sa mise à la disposition de la justice. Parallèlement, un dispositif fut monté pour faire exécuter le mandat d’amener si l’officier n’obtempérait pas à la convocation.

L’heure de la convocation passée, le plan B fut déclenché et Amadou Aya Sanogo fut interpelé entre 10 et 11 heures à son domicile à la Base B par un groupe de militaires armés jusqu’aux dents et conduit à l’Ecole de gendarmerie de Faladié. Selon des témoins, des hommes armés, à bord de plusieurs véhicules, ont débarqué au domicile du général Sanogo après avoir bouclé toutes les issues du secteur. La circulation été momentanément perturbée au moment où l’opération était en cours, une opération qui a été aussi rapide que spectaculaire au vu des moyens importants déployés.

Le général Sanogo tenta bien de convaincre les arrivants de ne pas l’emmener, mais ceux-ci lui opposèrent les ordres reçus. Finalement, l’officier les persuada de le laisser emprunter son propre véhicule pour effectuer le trajet jusqu’à Faladié. Il obtint gain de cause pour le véhicule, mais pas pour son chauffeur et sa garde habituels. Il embarqua donc dans son véhicule conduit par un chauffeur fourni par le groupe chargé de s’assurer de sa personne. Chemin faisant, les militaires de l’escorte jugèrent la voiture peu sûre et Amadou Aya Sanogo fit le reste du trajet jusqu’à Faladié dans un véhicule militaire.

Au passage de notre équipe de reportage à l’Ecole de gendarmerie où la sécurité avait été renforcée, l’audition d’Amadou Aya Sanogo était en cours. Selon un officier de la police proche du dossier, elle pouvait prendre toute la journée. Ce ne fut pas le cas, car en début d’après-midi, le juge estima posséder assez d’éléments pour inculper le chef des putschistes pour coups et blessures, meurtres, assassinats et séquestrations dans l’affaire dite des « bérets rouges ».

Et seulement dans cette affaire, car le dossier de la mutinerie du camp de Kati, le 30 septembre passé, n’a pas été abordé. Cette mutinerie a fait des morts et des disparus dans les rangs des mutins opposés aux hommes du général Sanogo. Les premiers interrogatoires des protagonistes révèlent des séquestrations, des tortures au domicile (plutôt dans le camp retranché) du général Sanogo et une implication directe d’un de ses proches dans au moins deux morts et une disparition. Ce proche, un capitaine, assure avoir rendu compte d’au moins un mort au général.

Des informations font état de la présence hier, au domicile du chef des putschistes, de certains hommes recherchés dans le cadre du dossier de la mutinerie. La force importante déployée pour exécuter le mandat d’amener serait tombée à la Base B sur plus de 30 hommes, et aussi, semble-t-il, sur des armes et des munitions. Les hommes interpellés ont été mis à la disposition de la sécurité militaire qui fera le tri et le domicile de Sanogo a été sécurisé (sa famille n’y habite pas).

Autre information connexe : hier des informations annonçaient que le fils du juge Karembé avait été agressé à l’arme blanche et dépouillé de sa moto. Dans le contexte actuel, il était tentant de lier le dossier Sanogo à cette agression du fils du juge en charge de l’affaire, lequel magistrat bénéficie d’une importante protection. Mais de source digne de foi, la mésaventure du jeune homme serait de caractère purement crapuleux.

Une autre source nous indique aussi que le général Sanogo devrait être gardé à l’école de gendarmerie de Faladié où la sécurité sera fortement renforcée. Une information que nous n’avons pu recouper, mais qui ne devrait pas être trop difficile à confirmer : il suffit de passer devant l’école à Faladié et de jauger le dispositif de surveillance.


M. KÉITA

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