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L’Essor N° 17567 du 28/11/2013

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Programme Compétitivité et diversification agricoles : En quête d’argent frais
Publié le vendredi 29 novembre 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par A S
Recherche agricole: inauguration des installations du nouveau système d`irrigation à Soutra.
Soutra, le mai 2013. Le ministre de l`agriculture Baba Dembélé a procédé à l`inauguration des installations du nouveau système d`irrigation.


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Un accord de crédit pour un financement additionnel de 20 millions de dollars ou 9 milliards Fcfa, sera soumis à l’Assemblée nationale. En prélude, le PCDA organise une convaincante visite de terrain pour les députés



Plus d’une trentaine de députés de la commission interparlementaire de l’Assemblée nationale ont visité, mercredi, des projets agro-industriels financés par le Programme compétitivité et diversification agricoles (PCDA), à l’intérieur et à la périphérie de Bamako. La visite a été organisée par une équipe conduite par Sory Ibrahim Diarra, le coordinateur du PCDA. Elle fait suite à une séance d’écoute des parlementaires qui ont décidé de se rendre sur le terrain pour vérifier l’impact de la phase initiale du Programme.

La visite a débuté par un champ de papaye « solo » (une espèce à la chair fine et très sucrée) dans le village de Tlomadio, à une cinquantaine kilomètres de Bamako, sur la route de Koulikoro. Le projet de production intensive de papaye solo couvre un hectare. Le système d’irrigation appliqué est la technique du « goutte à goutte ». Le dispositif est composé d’un forage équipé d’une pompe immergée. Sa capacité est de 4m3 par heure avec une source d’énergie électrique. Cette technique d’arrosage innovante présente beaucoup d’avantages. Elle permet tout d’abord d’éviter le gaspillage de l’eau par une utilisation optimale de la quantité d’eau dont a besoin le champ. Avec le « goutte à goutte », le producteur est sûr de fournir au plant le volume exact d’eau qui permet une production de qualité.



UN MODELE DANS LE DOMAINE. Grâce à ce projet, ce promoteur est aujourd’hui un producteur modèle dans le domaine de la papaye solo. En quelques mois d’activités (mars 2012-novembre 2013), il a fait 11 récoltes totalisant 2,4 tonnes de fruits. A raison de 400 Fcfa le prix moyen du kilogramme, la valeur monétaire de la production de ce planteur modèle est de 9,7 millions Fcfa. Quand on compare l’investissement effectué par le promoteur (9,9 millions de Fcfa dont 75 % de subvention du PCDA, soit 7,4 millions de Fcfa), aux résultats intermédiaires de son projet, on peut aisément conclure qu’il a déjà amorti le coût. En moins d’un an, il amorce la phase de rentabilité exclusive de son entreprise.

A l’autre extrémité, dans le quartier de Katibougou sur la route nationale 6 Bamako/ Kangaba, est implanté la serre Sidibé Agro-techniques. A la différence du premier promoteur, Amadou Sidibé exerce une activité agricole inédite au Mali : la culture maraichère sous serre Greenhouse. Cette technologie importée d’Israël a impressionné les parlementaires par son efficacité. Elle consiste à contenir l’espace cultivée dans un dispositif clos où sont aménagées des planches. Bâti sur une surface de 3 ha, le projet maraîcher de Sidibé Agro-techniques a coûté plus de 150 millions dont 75% de subvention du PCDA. L’infrastructure est alimentée par 2 forages fonctionnant à l’énergie solaire.

La plateforme est composée de deux serres de 5562 m2 (dispositif en enclos où la production est assurée à l’abri du soleil et des autres éléments extérieurs) qui concourent à la production des produits maraîchers. Ici, on produit des tomates, concombres, aubergines, poivrons, piments, et autres légumes issus du maraîchage, pendant toute l’année. Selon Amadou Sidibé, cette technique présente bon nombre d’avantages. Elle permet d’économiser la surface cultivable, d’augmenter les rendements (150 tonnes à l’hectare contre 30 tonnes dans les conditions naturelles de production). En plus de la main d’oeuvre qu’elle emploie, la serre permet d’étaler la période de disponibilité des produits frais sur le marché sur les 12 mois de l’année. Ce qui augmente considérablement les revenus du producteur. A travers la création de nouvelles compétences dans le domaine de l’installation et de l’exploitation de la serre, c’est la création d’emplois qui trouve son compte.

Le promoteur a expliqué aux visiteurs qu’il envisage à présent de capitaliser les résultats en vue d’une maîtrise des éléments constitutifs du projet (type de serre, spéculations phares, coût de production, marchés, quantités, calendrier de production, outils de gestion, temps de conversion, etc.). Les parlementaires ont évoqué la nécessité d’une assistance/appui aux initiatives similaires et l’élaboration d’une stratégie nationale pour une large diffusion de la technologie. « Au lieu d’investir des milliards de francs dans les subventions et autres appuis à l’importation, l’Etat doit appuyer de telles actions pour améliorer la production et la productivité agricole », a estimé Amadou Sidibé.

Le caractère peu compétitif de nos produits agricoles lié à la saisonnalité et aux aléas climatiques, recommande la facilitation de l’accès aux forages là où il n’ y a pas de cours d’eau pour asseoir les bases d’une agriculture durable, indépendante du régime de la pluviométrie, selon le patron de Sidibé Agro-techniques. Pour lui, l’accès aux équipements d’irrigation doit être facilité par l’exonération et l’augmentation de la subvention, quand le montant du projet dépasse 50 millions de Fcfa. Il prône la prise en charge totale de l’assistance technique pour la formation et l’émergence d’une expertise locale dans le domaine des serres au Mali.



DES ACQUIS APPRECIABLES. Des lieux de production, les députés se sont transportés sur les unités de transformation des produits agricoles. La première étape de cette visite a concerné l’entreprise « Dado » production tenue par Mme Coulibaly Nantenin Coulibaly. Installée au cœur du quartier de Yirimadio, elle procède à la transformation et à l’ensachage des céréales (fonio, mil, maïs, etc.). Depuis 1985, l’unité artisanale a démarré avec des activités de stockage des céréales locales. Elle a évolué en Groupement d’intérêt économique et a été enregistrée au registre de commerce du Mali en juillet 2009.

La collaboration avec le PCDA a permis de concrétiser l’idée d’entreprise. Aujourd’hui, Dado production s’est spécialisée dans la transformation et la valorisation des produits agricoles locaux, la commercialisation des denrées alimentaires répondant aux normes de qualité sur le marché national, sous régional et international. Avec une vingtaine d’employés composée à 98% de femmes, l’entreprise participe à la promotion de l’emploi des jeunes filles et à l’amélioration de leurs conditions de vie. Pour ce faire, elle a bénéficié d’un appui technique et financier du PCDA de 7,4 millions de Fcfa et de 4,3 millions d’apport personnel.

Cette subvention a permis à l’unité d’accroitre sa production mensuelle de 3 500 à 5000 kg. La commercialisation des produits s’est améliorée par la création d’antennes ou de relais à Koutiala, Fana, Ségou. Le respect des bonnes pratiques d’hygiène et de production, la mise en place d’outils simplifiés de gestion comptable et financière pour assurer le suivi de la production et de la commercialisation, font partie du label de Dado production. Elle prend en compte la formation du personnel en gestion, marketing et en techniques de production. La formation à la démarche qualité et la participation à deux salons de l’agriculture (au Mali et en France) sur initiative du PCDA, font partie des acquis de l’entreprise.

Nantie de cette expérience, l’entreprise a nourri et réalisé l’ambition de passer du statut de très petite entreprise (TPE) à celui de petite et moyenne (PME).

Ainsi, une nouvelle demande d’appui au PCDA a abouti à la formulation d’un nouveau projet. Pour un coût de 32 millions de Fcfa (21 millions de subvention du PCDA, 5 millions de crédit bancaire et 5 millions d’apport personnel), la PME s’est dotée de nouveaux équipements plus performants. Ceci a permis d’établir un partenariat d’affaire avec la Banque nationale de développement agricole (BNDA), de réaliser un point d’eau pour ses activités de transformation et un ouvrage de gestion des eaux usées. Aujourd’hui, la production est passée de 5 000 à 8 000 kg/mois.

Les députés se sont ensuite rendus au GIE Naproduction à Magnambougou. C’est en 2008 que cette unité artisanale a été détectée, lors d’une réunion d’information et de mobilisation de la coordination régionale du PCDA de Koulikoro et Bamako. A l’issue de cette rencontre, la promotrice a obtenu l’implantation d’un centre de démonstration et de diffusion en matière de transformation des fruits et légumes. Après des résultats probants, l’entreprise a été admise au régime C du code des investissements avec une exonération fiscale de 9 ans. A la fin de la démonstration, les équipements ont été cédés à Naproduction à la valeur résiduelle.

Pour renforcer sa capacité de production et améliorer la qualité de ses produits, l’unité a fait l’objet d’une nouvelle formulation de projet. D’un coût total de 16,3 millions de Fcfa (9,9 millions de subvention, 3 millions de crédit bancaire et 3,3 millions d’apport personnel), le projet a permis de booster les capacités de Naproduction. De 12 000 litres de jus produits par an, elle est passée à 20 000 litres. Un partenariat d’affaire a été établi avec la BNDA et 8 emplois nouveaux emplois (essentiellement de la main d’œuvre féminine) ont été crées.

A l’issue de cette visite, le président de la commission interparlementaire, Kalifa Doumbia, a salué les progrès accomplis grâce à l’intervention du PCDA. « Ce sont des exemples qu’il faut multiplier dans le pays », a-t-il estimé. Il a souhaité que de telles journées soient organisées pour tous les autres domaines d’activités qui concernent le développement de notre pays « car, un député bien informé, est celui qui peut voter objectivement les lois ». En s’appuyant sur le présent exemple du PCDA, il a promis que les députés donneront désormais du crédit aux Programmes et projets dans notre pays.

A défaut d’atteindre le grand public, ce sont ses représentants à l’hémicycle qui ont été ciblés par la démarche du PCDA pour communiquer sur les résultats du programme et le rôle de celui-ci dans le développement du secteur primaire de notre pays, a indiqué Sory Ibrahim Diarra. « Pourquoi ne pas ériger un jour le PCDA en Agence d’exécution et de vulgarisation des techniques et technologies innovantes pour l’essor de l’agriculture ? », a interrogé le chef de la délégation de parlementaires. Le PCDA est un projet de promotion des filières agricoles initié en 2006 par notre pays avec le soutien de la Banque mondiale.

Il entend contribuer à l’accroissement et à la diversification des revenus et des opportunités économiques en milieu rural, à travers des améliorations de performances des chaînes de valeur (de la production à la mise en marché). Elles concernent les produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche à vocation commerciale pour lesquelles le Mali jouit d’un avantage comparatif et d’opportunités de marché confirmées.

C. A. DIA




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