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Afrique de l’Ouest: mal gouvernance, terrorisme, trafic d’armes et de drogue, principaux facteurs d’insécurité (INTERVIEW)
Publié le lundi 2 decembre 2013  |  Xinhua




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DAKAR - L'insécurité notée en Afrique de l'Ouest résulte entre autres du tracé des frontières, de la mal gouvernance, mais aussi du terrorisme, combiné au trafic illicite d'armes, de drogue et d'enfants, a estimé le sociologue sénégalais, Djiby Diakhaté, directeur de l'école doctorale et de la recherche de l'Institut Africain de Management, dans un entretien avec Xinhua.
M. Diakhaté a relevé que l'insécurité en Afrique est perceptible aussi bien à l'intérieur des pays qu'au niveau inter-états.

"Il y a des problèmes de sécurité interne. C'est des cas de rebellions que l'on note dans beaucoup de pays de l'Afrique de l'Ouest", a-t-il indiqué.

Il a cité, à cet égard, le Sénégal confronté à une rébellion dans sa partie sud avec les combattants du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui réclame depuis 1982, l'indépendance de cette zone.

La Guinée-Bissau, elle aussi est souvent confrontée à des mutineries au niveau des casernes militaires là où la République de Guinée fait face à une insécurité liée aux élections, a-t-il ajouté.

Et pour sa part, a-t-il poursuivi, le Mali vit une crise profonde avec la présence du mouvement jihadiste, alors que la Côte d'Ivoire retrouve peu à peu le chemin de la paix, après près de dix ans de troubles.

Selon le sociologue sénégalais, les facteurs de cette insécurité au niveau interne des Etats renvoient essentiellement à un besoin d'émancipation de certaines parties des pays qui se sont plus ou moins senties oubliées par l'administration centrale.

"Dans ces zones qui vivent dans la précarité, la misère, la pauvreté ainsi que le chômage des jeunes, avec les cataclysmes naturels, les problèmes climatiques, les populations s'enfoncent davantage dans des difficultés", a expliqué M. Diakhaté.

En plus, la mal gouvernance est venue compliquer la situation, en créant ainsi un certain nombre de problèmes en termes de respect des principes de la démocratie.

"Certains évidemment ne se retrouvent pas dans ce type de gouvernance et réclament une certaine autonomie", a dit M. Diakhaté.

Il a soutenu d'autre part que cette insécurité au niveau inter-état est héritée du tracé des frontières.

"Si vous prenez le cas du Sénégal et de la Gambie, il n'y a pas encore de conflit ouvert entre ces deux Etats, mais tout le monde sait que la coexistence n'est pas aussi pacifique que cela", a-t-il fait remarquer.

Il a rappelé que la Gambie est souvent accusée d'être la zone de repli des rebelles de la Casamance, alors que cette question casamançaise oppose assez souvent la Guinée-Bissau au Sénégal, qui avaient connu aussi en 1989 un conflit avec la Mauritanie.

Le sociologue sénégalais a relevé par ailleurs que l'Afrique de l'Ouest connaît de plus en plus le banditisme transfrontalier avec notamment les trafiquants de drogue, d'enfants et d'armes légères qui profitent du manque notoire de sécurité dans les frontières.

"Des bandes armées se déplacent et sèment la terreur, quelque part de manière à extorquer aux populations des fonds. Il y a une sorte de banditisme transfrontalier de trafic d'armes, de drogue et d'enfants qui se développe de plus en plus", a fait remarquer le sociologue.

Le terrorisme, autre source d'insécurité, est noté en Mauritanie et au Mali. Cette présence, a dit M. Diakhaté, s'explique par le fait que les terroristes ne pouvant opérer en Occident où ils "sont surveillés et combattus", traquent les intérêts américains et européens en Afrique.

"Mais puisque l'appétit vient en mangeant, au Mali tout au moins, ils (les terroristes) ne se sont pas seulement contentés de combattre les intérêts occidentaux. Ils ont maintenant dit, nous voulons le pouvoir", a souligné le sociologue rappelant qu'avant, les revendications terroristes étaient de type idéologique ou religieux. Aujourd'hui elles portent sur le contrôle du pouvoir.

Cependant, sur ce fait, le sociologue a invité à la prudence, car a-t-il fait remarquer que "des islamistes ont pris le pouvoir par les urnes en Afrique du Nord, avant d'être combattus par la suite".

C'est le cas en Egypte avec l'ex-président, Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir par les urnes et déchu quelques mois après, par des militaires suite à des manifestations populaires contre son régime. Il a été, emprisonné et soumis à la justice égyptienne.

"Dès fois, il y a un amalgame qui est entretenu. Autant, il y a un terrorisme armé qui veut accéder au pouvoir par la force, autant, il y a des islamistes bien organisés et qui passent par le mouvement politique, le mouvement démocratique pour accéder au pouvoir et qui sont quand même combattus", fait observer l' universitaire sénégalais.

Il a ajouté dans cette liste de facteurs d'insécurité en Afrique de l'Ouest, la présence des multinationales étrangères dans l'exploitation des ressources naturelles africaines, entraînant souvent la frustration des autochtones qui se révoltent à la longue.

"Si on cherche les causes lointaines de cette insécurité, ce n' est pas seulement ces terroristes, mais ce sont ces multinationales qui viennent exploiter les ressources de ces populations et qui les enfoncent dans la misère. Ce sont ces gens là qui poussent les populations à se regrouper pour défendre leurs intérêts", a commenté Djiby Diakhaté.

Selon lui, ces multinationales ont intérêt à procéder à une exploitation "beaucoup plus humaine, moins arrogante" et à permettre aux populations locales de pouvoir bénéficier de ces richesse, pour espérer une baisse d'intensité des actions des mouvements de contestation.

"Il faut qu'il y ait un mouvement citoyen, une société civile forte en Afrique pour imprimer une orientation aux options de l'Etat, pour renforcer l'Etat et permettre à l'Etat de signer des contrats profitables aux populations. De surcroît, les Etats doivent travailler à promouvoir la responsabilité sociale des entreprises", a-t-il conseillé.

Il a surtout invité les Africains à d'abord compter sur eux- mêmes, à constituer des blocs forts pour négocier ensemble face aux puissances étrangères, mais surtout à se mettre au travail pour essayer de sortir leur continent de la pauvreté et de la misère.

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