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L’Essor N° 17588 du 29/11/2013

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Route Kati-Samé : Le diktat des poids lourds
Publié le lundi 2 decembre 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par as
Accident d`un gros porteur sur la route de Kati.
14/08/2012. Kati.


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Stationnements anarchiques, accidents à répétition, non respect du Code de la route, ces mastodontes constituent un véritable danger sur ce trajet long de moins de 10 kilomètres

La circulation sur la route Kati-Samé-Bamako est de plus en plus dangereuse. A cause du mauvais comportement des gros camions qui écrasent presque tout sur leur passage. Moto, taxi, Sotrama, tous sont menacés par ces poids lourds qui constituent un véritable danger sur ce trajet long d’à peine 10 kilomètres. Il n’est pas rare de voir un camion remorque, couché sur le bord de la route, les roues en l’air, parce que tout simplement il n’a pas supporté la surcharge. Les accidents du genre sont monnaie courante sur ce trajet causant parfois mort d’homme.

Depuis l’éclatement de la crise ivoirienne en 2002, le trafic sur la route Kati-Samé s’est intensifié avec un ballet incessant de gros porteurs reliant Bamako au port de Dakar et vice versa. Fréquemment, en raison de sections en pente très inclinée, ces mastodontes tombent en panne. Carrément à terre, sur calle au beau milieu de la route ou sur le bas-côté, ils s’immobilisent dans toutes les positions. La circulation peut ainsi se retrouver bloquée pendant des heures parce qu’un camion barre totalement la chaussée.

Les familiers de cette voie que nous avons interrogés incriminent aussi bien le mauvais état (relatif) de la route que le mauvais comportement (réel) de certains conducteurs. Nombre de camions surchargés éprouvent du mal dans les descentes raides, les tournants en épingle, les escaliers ou les bosses qui jalonnent le trajet. Première cause d’accident ou de chute : les freins qui lâchent.

L’on se souvient encore de l’accident dont a été victime l’école fondamentale de Sirakoro Dunfing l’an dernier. Longeant le bord de la route, le mur de l’établissement a été éventré par un mastodonte qui avait dérapé sur la descente en escaliers. Heureusement que le pire a été évité car l’accident s’est produit de nuit. Au matin, les élèves et leurs enseignants ont pu mesurer les dégâts causés par le camion bélier. Depuis, les responsables de l’école ont demandé le renforcement de la clôture et la construction d’un passage piéton pour faciliter la traversée de la chaussée par les enfants. Mais rien n’a été fait dans ce sens.

Les riverains de Samé sont les plus exposés aux dangers que constituent les camions. Avec la pente, et malgré de nombreux ralentisseurs, les gros porteurs, entrainés par leur poids, peuvent facilement s’emballer. Des accidents spectaculaires survenus à Samé sont gravés dans la mémoire des habitants du quartier. Des camions ont ainsi plongé sur des maisons riveraines, blessant ou tuant parfois leurs occupants. Selon un habitant de Samé, il faut compter au moins une dizaine de chutes de camions par an dans son quartier. Il n’y pas longtemps, raconte-t-il, un camion-remorque en provenance du Sénégal a rasé le mur d’une concession riveraine avant de se renverser. C’est par miracle, au vu des dégâts causés par l’accident, que les membres de cette famille s’en soient sortis indemnes. Aujourd’hui, les riverains de Samé se montrent fatalistes. « On ne peut rien faire. Nous nous sommes plaints à maintes reprises, mais rien n’a changé. Alors chacun prie Dieu pour que le drame n’arrive pas chez lui », dit un ancien du quartier.

Pas plus tard que le dimanche 24 novembre, jour du premier tour des élections législatives, un autobus de Gana Transport en provenance de Bamako et se dirigeant vers Kati, a heurté de plein fouet un motocycliste au niveau du marché de Sananfara. C’était après la fermeture des bureaux de vote. Le pauvre qui allait livrer des boissons à un bar du coin, a été tué sur le coup. Quant au chauffeur du car, il a failli être lynché par les riverains à cause de sa mauvaise conduite. Selon des témoins, l’autobus qui grimpait la côte à toute allure s’est déporté de sa voie pour happer le motocycliste. Les gens se rappellent aussi ce dimanche qui a vu un Sotrama rempli de femmes invitées à un mariage à Bamako, être violemment percuté par un gros porteur près du poste de contrôle de Samé. Un témoin rapporte que les véhicules des sapeurs pompiers ont été contraints de faire plusieurs tours pour emmener les blessés à l’hôpital.

Le dernier accident grave sur le trajet a aussi été spectaculaire. En pleine nuit, un gros lourd a littéralement écrasé un taxi jaune avant d’aller échouer sur le chantier d’une petite station d’essence. Le chauffeur du taxi aurait perdu la vie et les occupants du gros porteur ont été grièvement blessés.

Un autre phénomène qui irrite et inquiète les usagers de la route Kati-Samé, est le stationnement anarchique des gros porteurs. Ils occupent parfois les deux côtés de la chaussée, à l’entrée de Bamako, ne libérant qu’un étroit couloir à la circulation pourtant dense à cet endroit. L’endroit sert de parking improvisé aux camions qui attendent l’heure autorisée de pouvoir circuler dans les rues de la capitale.

En attendant qu’une solution soit trouvée au phénomène des accidents à répétition, les camions remorques vont continuer à dicter leur loi sur la route Kati-Samé. La construction d’un port sec à l’entrée de Kati pourrait être une solution durable. Les poids lourds s’y arrêteraient et leur chargement serait reparti entre des véhicules de dimensions moins imposantes. Envisagé depuis plusieurs années, le projet est toujours dans les cartons tout comme le projet de route contournant Kati pour entrer à Bamako par Banconi.

M. KEITA

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