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L’Indépendant N° 3393 du 2/12/2013

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… le Secrétaire Général, Salil Shetty d’Amnesty International à l’Indépendant » Amnesty International a suffisamment de preuves impliquant le Général Sanogo et sa junte dans les crimes commis au Mali «
Publié le lundi 2 decembre 2013  |  L’Indépendant


© Autre presse par DR
Capitaine Amadou Sanogo


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Le Secrétaire Général d’Amnesty International, Salil Shetty, était dans nos murs depuis le mercredi 27 novembre dernier. Sa venue au Mali a coïncidé avec l’arrestation puis l’inculpation du Général Amadou Haya Sanogo. Dans cet entretien exclusif, le patron de cette organisation internationale de défense des droits de l’Homme, nous livre les différents aspects de la mission qu’il a effectuée dans le pays. Il déplore aussi la fin de non-recevoir qui a été opposée à ses nombreuses demandes d’audience adressées au président de la République.

L‘Indépendant: Votre venue au Mali a coïncidé avec l’arrestation puis l’inculpation du Général Amadou Haya Sanogo. Quel commentaire faites-vous de cette affaire qui défraie la chronique dans le pays et à l’extérieur?

C’est une étape très importante et nous sommes très encouragés par l’arrestation du Général Sanogo. Amnesty International détient beaucoup de documents qui prouvent que le Général Sanogo et sa junte ont perpétré de nombreux crimes. Mais quels que soient les crimes qu’il a commis, il mérite un procès juste et équitable. Nous appelons aussi les personnes qui ont été éprouvées à se présenter et poser leur problème afin que justice leur soit rendue. C’est très important qu’il soit accusé avec une charge internationalement reconnue et conforme aux normes. Cette arrestation envoie un signal fort aux autres officiers qui lui sont inférieurs en terme de rang, c’est que personne n’est au-dessus de la loi. C’est un message fort et encourageant.

N’avez-vous pas été un peu surpris par cette arrestation qui intervient au moment de votre visite dans le pays ? Est-ce à dire que c’est votre venue qui a servi de déclic à cette affaire ?
Surpris parce que nous étions contents que cela ait eu lieu. Si notre venue a pu servir de déclic, nous en sommes très fiers. Je veux quand même vous rappeler une chose, Amnesty International ne s’occupe pas des affaires » politiquement politiciennes » du gouvernement. Notre préoccupation majeure, c’est que quand quelqu’un est auteur des violations des droits de l’homme, de sévices ou d’atrocités, il doit être traduit devant la justice.
Quel est l’objet principal de votre séjour au Mali ?

Comme je le disais, nous ne sommes pas en mesure de dire que c’est notre visite dans le pays qui a causé l’arrestation du Général Sanogo. Mais si c’était le cas, nous en serions très heureux. Dans notre rapport paru récemment sur la situation des droits de l’homme au Mali, il y a trois messages que nous véhiculons.

Le premier, c’est que le gouvernement du Mali doit arrêter l’impunité et agir rapidement. Nous voulons aussi la libération des enfants soupçonnés d’avoir aidé les groupes armés. Les enfants sont différents des adultes, donc leur détention est le dernier recours. Et même si c’était le cas, ils ne doivent pas être détenus dans le même lieu que les adultes. Le Mali a signé un protocole avec les Nations Unies qui stipule que s’il soupçonne qu’un enfant est impliqué dans des sévices, celui-ci doit être remis à l’UNICEF.
Le deuxième cas mis en exergue dans ce rapport, c’est la disparition de certains civils et soldats. Nous avons la preuve qu’il y a environ une trentaine de disparus.

21 parmi eux sont des bérets rouges qui ont été enlevés puis amenés à Kati. Les familles des victimes sont là et détiennent toutes les preuves impliquant Sanogo et sa junte. Il est de ce fait grand temps que les nouvelles autorités posent des actes forts. Certains proches de disparus continuent à percevoir les salaires de leurs époux et de leurs fils, comment le gouvernement peut-il expliquer qu’ils n’ont pas été retrouvés à ce jour?

Le troisième cas auquel nous nous sommes intéressés dans ce rapport, ce sont les violences et les abus sexuels commis à l’encontre des enfants, des filles et des femmes. Il y a beaucoup de violences sexuelles et de viols qui ont été commis particulièrement au nord. La plupart de ces crimes ont été perpétrés par les groupes armés, mais pas seulement eux. Tous ces cas exigent une certaine investigation et une justice impartiale.

Comment jugez-vous la réaction de certaines personnalités du pouvoir notamment le Chef de l’Etat, qui n’ont pas jugé nécessaire de vous recevoir. N’avez-vous pas introduit une demande d’audience comme le veut la procédure?

Nous leur avons envoyé de nombreuses demandes d’audience qui sont restées sans suite. Une attitude qui nous surprend d’ailleurs beaucoup. Car, partout où nous allons, nous sommes reçus par les plus hautes autorités du pays. On s’étonne beaucoup de cette réaction. Nous avons pu néanmoins rencontrer le ministre de la Réconciliation et le secrétaire général du ministère de la Justice. Ceux-ci nous ont assuré de la volonté de l’Etat d’instaurer un véritable Etat de droit. Maintenant, nous attendons que les vrais actes soient posés dans ce sens.
Vous avez noté que certaines de ces violences que vous avez enregistrées relèvent des compétences de la CPI ?

Nous avons introduit le problème malien auprès de la Cour Pénale internationale (CPI) et c’est sur invitation du gouvernement malien. Il y a trois observations que je dois soulever. Je trouve que la CPI est très lente. Certes, elle est en train d’agir, mais très lentement. Les gens sont vraiment impatients, car on veut que justice soit rendue immédiatement. Il faut donc que la CPI agisse plus rapidement. Nous ne pouvons pas avoir un traitement sectoriel des violences. C’est-à-dire que la politique de cette organisation doit être globale et comprendre aussi bien les atrocités commises au nord par les groupes armés qu’au sud par les forces de sécurité si tel est le cas.

Pourtant, les représentants de ces groupes armés viennent d’être libérés et les présumés auteurs de la tuerie d’Aghelock ont vu leur mandat d’arrêt levé ?

Cela dénote de l’atmosphère d’impunité dans laquelle nous nous trouvons et cela doit s’arrêter. Le gouvernement du Mali, à travers la CPI, doit créer un programme de soutien pour protéger les témoins. Car la plupart des gens que nous avons rencontrés se sentent menacés. Ce qui constitue une obstruction à la justice. Les témoins doivent être protégés. Sinon, ils seront contraints d’extraire les aveux et les confessions sous la torture.
Votre dernier mot ?

Je crois que le peuple malien mérite mieux. Les populations maliennes ont trop souffert. Cette souffrance doit s’arrêter. Nous constatons que le nouveau gouvernement mis en place fait de belles déclarations. Il faudrait maintenant les traduire en acte.
Réalisé par Maciré Diop


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