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Les Echos N° 4173 du 2/12/2013

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Mahamadou ISSOUFOU, President du Niger « Il n’y a eu à aucun moment le paiement de rançons »
Publié le lundi 2 decembre 2013  |  Les Echos


© Autre presse par DR
Le président nigérien Mahamadou Issoufou


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Le président du Niger, Mahamadou Issoufou persiste et signe, démentant une nouvelle fois les rumeurs persistantes faisant état de versements de l’ordre de 20 millions d’euros aux ravisseurs des otages français libérés au Niger en octobre après deux ans de séquestration. Dans cet entretien accordé à Afronline.org et des médias du Sahel lors de sa visite à Bruxelles pour participer aux Journées européennes du développement, le président Issoufou a rappelé la nécessité « de mutualiser les moyens sécuritaires« au niveau régional pour « faire face à des menaces communes« . Mais les jihadistes et les organisations criminelles ne peuvent être combattus efficacement sans un engagement fort dans le domaine du développement « car la pauvreté est le principal allié des jihadistes et des organisations criminelles« .

Le Niger est en effet l’un des pays les plus pauvres au monde. Il figure en dernière position des 186 Etats de l’indicateur de développement humain de l’ONU pour 2012. Pour aider le pays à sortir de la pauvreté, le commissaire européen pour le développement, Andris Piebalgs, avait récemment annoncé à Niamey la décision d’octroyer 542 millions d’euros au Niger dans le cadre du 11e Fed (2014-2020), contre les 508 millions d’euros prévus dans le 10e Fed. « L’UE va intervenir dans quatre secteurs prioritaires« , a déclaré Mahamadou Issoufou ; à savoir : la sécurité alimentaire, les secteurs sociaux, les infrastructures routières ainsi que la sécurité et la stabilité intérieure.

Les Echos : M. le président, vous avez été le grand artisan de la libération récente des otages français enlevés en 2010 au Niger. Cependant, une polémique s’est installée sur les contours de cette libération. Vous et les autorités françaises affirmez qu’il n’y a pas eu de rançons pour obtenir cette libération. Mais cela n’a pas suffi pour convaincre beaucoup l’opinion publique, au Niger et en France en particulier. Est-ce que le président du Niger persiste et signe ?

S. E. Mahamadou Issoufou : Oui, je persiste et signe. Il n’y a eu à aucun moment le paiement de rançons. Nous avons utilisé d’autres arguments qui nous ont permis d’obtenir ce résultat. Je voudrais rappeler que ces otages ont été retenus pendant plus de trois ans, et pendant ces trois années le Niger a mis un point d’honneur à créer toutes les conditions pour qu’ils soient libérés, car ils ont été enlevés sur le territoire nigérien. Nous y sommes parvenus, et ce sans payer de rançons. J’insiste beaucoup là-dessus.

Les Echos : Quels sont aujourd’hui les meilleurs moyens pour éradiquer le terrorisme dans le Sahel, ou tout du moins lutter efficacement contre ce fléau ?

S. E. M. I. : Il y a deux types de réponses possibles : celle qui est à court terme et celle qui est à long terme. Sur le court terme, il est nécessaire de renforcer les mesures sécuritaires. Chaque pays doit prendre des dispositions pour défendre ses frontières et défendre à l’intérieur de son territoire la sécurité des personnes et des biens, mais il faut aussi que les pays mutualisent leurs moyens sécuritaires pour faire face à des menaces communes. A long terme, la solution passe par le développement économique et social de nos populations. Le lien entre sécurité et développement est primordial, car la pauvreté est le principal allié des jihadistes et des organisations criminelles. L’éliminer nous permet de faire un grand pas vers la sécurisation de l’ensemble de la région.

Les Echos : Est-ce que selon vous le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali et le Sénégal fournissent des efforts adéquats pour faire face aux terroristes ?

S. E. M. I. : Oui. Tous les pays sont conscients de la nécessité de se me mobiliser contre le terrorisme et de mutualiser nos efforts pour faire face à ces menaces qui, je le rappelle, sont communes.

Les Echos : Vous avez participé pour la première fois aux Journées européennes du développement organisées par la Commission européenne. Quel bilan tirez-vous de cette manifestation ?

S. E. M. I. : Ces journées étaient principalement centrées sur le bilan à tirer de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire et l’agenda post-2015. Je suis particulièrement satisfait de voir que les acteurs principaux présents à Bruxelles pour ces journées se sont tous accordés à dire qu’il fallait mettre au cœur de l’agenda politique la sécurité et le développement, car il ne peut y avoir de sécurité sans développement, et vice-versa. Il s’agit là d’une prise de conscience importante qui a fait dans le passé.

Les Echos : L’Union européenne est parmi les donateurs les plus importants du Niger. Or, la faiblesse de la consommation des crédits mis à la disposition du pays par ses partenaires est un grand handicap aux efforts de développement. Comment vous comptez vous y prendre pour inverser la tendance et éviter ainsi que cela ne décourage lesdits partenaires?

S. E. M. I. : En ce qui concerne l’Union européenne, la tendance s’est déjà inversée. Dans le cadre du 10e Fed, l’UE a mis à la disposition du Niger un certain nombre de ressources, nous venons par ailleurs de signer les dernières conventions et avec ces conventions signées nous allons consommer 100 % des fonds alloués par Bruxelles, et ce en dépit du retard qui s’est vérifié avec la suspension de la coopération entre l’Union européenne et le Niger suite à la crise politique survenue en 2009 et 2010. Aujourd’hui, je peux assurer que ce retard a été rattrapé. Concernant le 11eFed, l’UE va intervenir dans quatre secteurs prioritaires pour notre pays avec une enveloppe plus importante que celle du Fed précédent.

Propos recueillis à Bruxelles par Joshua Massarenti (Afronline.org)

Cette interview a été réalisée dans le cadre d’une initiative éditoriale sur le Sahel qui associe Les Echos et le réseau radiophonique Jamana (Mali), Sud FM (Sénégal), Le Calame (Mauritanie), Radio Anfani et Le Républicain (Niger), Radio Horizon FM (Burkina Faso), L’Autre Quotidien (Bénin) et Afronline.org (Italie).


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